Bouddhisme / Histoire / Les sources scripturaires : les Corbeilles

Une transmission d'abord orale

Dans le bouddhisme, il n'y a pas comme dans le judéo-christianisme de texte révélé. Le terme de « canon » n'est donc pas approprié.

Le Bouddha Śākyamuni enseignait au sein d'une culture de l'oralité. En -479, un an après sa mort, les moines se rassemblent en concile à Rajagriha pour que chacun récite ce qu'il a mémorisé des paroles du maître. Ainsi, jusqu'au Ier siècle de notre ère, conformément à la tradition indienne védique, les enseignements du Bouddha ont été restitués oralement aux jeunes disciples qui les apprenaient pour pouvoir à leur tour un jour les transmettre.

Retranscriptions écrites

 

Fragment de manuscrit en gāndhārī
Fragment de manuscrit en gāndhārī.

 

Un corpus de retranscriptions écrites en pāli – l'une des langues de l'Inde ancienne, avec le sanskrit – commence à se constituer au IIIème siècle avant notre ère. Il est stabilisé au Ier siècle de notre ère, au Sri Lanka. Ce corpus se nomme le Tripiṭaka ou Triple corbeille, les feuilles de palmier qui le constituent étant organisées en trois corbeilles distinctes.

Parallèlement, les Prajñāpāramitā sūtra sont rédigés en sanskrit entre le Ier siècle avant notre ère et le Ier siècle de notre ère. Ce corpus, dont il ne reste aujourd'hui que des fragments, a par la suite été traduit en tibétain, puis en chinois.

Enfin, c'est au VIIème siècle de notre ère que démarre la rédaction des Tantra.

Les textes bouddhiques classiques ont donc été écrits en quatre langues : le pāli, le sanskrit, le tibétain et le chinois.

La Triple corbeille

 

Des extraits du Tripiṭaka recopiés sur des jeux de feuilles de palmes
Des extraits du Tripiṭaka recopiés sur des jeux de feuilles de palmes.

 

Le découpage des textes qu'opère la Triple corbeille est le suivant :

  1. Vinaya Piṭaka : décrivant les règles de comportement éthique des moines, cette partie est en lien avec le corps.
  2. Sūtra Piṭaka : constituée des causeries et dialogues du Bouddha, cette partie est en lien avec la parole.
  3. Abhidharma Piṭaka : synthétisant de manière structurée le cœur de l'enseignement, cette partie est en lien avec l'esprit, dont elle fournit une description d'une très grande finesse.

Dans les versions tibétaine et chinoise du corpus des textes, les Tantra constituent un quatrième ensemble à propos duquel on pourrait parler de quatrième corbeille.

Pour donner une idée du volume de ce corpus de textes bouddhiques classiques, il est estimé à huit à dix fois celui de la Bible.

 

Une bibliothèque contenant une version coréenne du Tripiṭaka
Une bibliothèque contenant une version coréenne du Tripiṭaka.

 

Importance de l'Abhidharma

Avant de s'engager en haute montagne, le randonneur averti étudie la carte, de préférence au 25 000ème. Il se fait ainsi une première idée du paysage qu'il va découvrir, anticipe des difficultés, repère des dangers.

La troisième corbeille, l'Abhidharma, est une véritable carte au 25 000ème de l'esprit humain ! Pourquoi nous priver de cette finesse de description ?

Bien sûr, étudier la carte n'a de sens que si l'on randonne le corps-esprit. Au prime abord, la haute montagne paraîtra austère. Mais confiance, on y trouve la claire lumière :-)