nirvāna

Extraits étiquetés avec : nirvāna

  • Saṃsāra et nirvāna : opposés, puis identifiés

    Avec le Grand Véhicule, on observe […] un changement radical d'idéal : le but ultime n'est plus le nirvāna, jugé trop négatif et individualiste, mais l'éveil ou bodhi, qui permet au bodhisattva de « sortir du monde » tout en y restant, et d'œuvrer, par compassion, au salut de tous les êtres. […]

    [L]a pensée non dualiste du Grand Véhicule est conduite à nier toute dualité entre saṃsāra et nirvāna ou entre les passions et l'éveil. Alors que dans le Petit Véhicule, le nirvāna se définissait par opposition au saṃsāra, dans le Grand Véhicule il s'identifie à celui-ci.

    Couverture de Le bouddhisme
    page(s) 45-46
  • Le bouddhisme perçu comme nihilisme

    [L]e néant bouddhique selon Hegel n'est pas encore, comme il le deviendra par la suite, le contraire de l'être, mais l'absolu, libre de toute détermination. Ce qui s'anéantit dans le passage à l'absolu, c'est donc l'individualité relative, conditionnée ; mais le vide qui en résulte n'est pas rien, ce n'est qu'un autre nom pour la plénitude. […]

    [À la suite des héritiers de Hegel, Eugène Burnouf, Jules Barthélémy Saint-Hilaire], on en vient à parler du Bouddha comme du « grand Christ du vide » (Edgar Quinet), et du bouddhisme comme d'une « Église du nihilisme » (Ernest Renan). […]

    Deux erreurs accréditent la thèse nihiliste : erreur quant au but, le nirvāna proprement dit, dont on interprète la nature transcendantale, située au-delà de toutes les formulations possibles, comme une simple inexistence ou annihilation ; erreur quant à la méthode dialectique de l'école du Madhyamaka (« Voie du Milieu »), qui procède par négation sans s'arrêter à la négation, et évacue toutes les notions, même celle de la vacuité. Cela signifie simplement qu'on ne peut rien dire de la réalité qui ne soit déjà une idée reçue, non que la réalité n'existe pas, en deçà ou au-delà de tout ce qu'on peut en dire.

    Couverture de Le bouddhisme
    page(s) 30-31
  • Nirvāna : la lune est loin du doigt

    Un effort d'imagination est nécessaire pour se faire une idée du nirvāna. Et, quand on a fait cet effort, et qu'on a enfin trouvé l'idée,il faut s'en défaire et l'oublier aussitôt, car toute idée du nirvāna, aussi profonde et subtile soit-elle, tombe forcément à côté de la cible. Le nirvāna se tient loin, très loin, « au-delà » des idées, comme la lune est loin du doigt.

    Couverture de Les choses comme elles sont
    page(s) 34
  • Le nirvāna crée le bouddhisme

    Il me semble que le bouddhisme serait mieux défini comme l'expression, dans des cultures diverses, d'une expérience unique : le nirvāna.

    Il y a deux mille cinq cents ans, sous un arbre, au bord d'une rivière, dans le nord de l'Inde, une méditation « réussit ». Une brèche s'ouvre. Ce qui se passe alors – extinction, arrêt du monde, cessation du devenir – nous demeure incompréhensible. Celui qui vit l'expérience la nomme nirvāna. On le nomme, lui, le Bouddha. À partir de l'expérience du nirvāna, le Bouddha développe durant quarante-cinq ans un enseignement qui reçoit le nom de bouddhisme.

    Ce n'est pas le bouddhisme qui crée le nirvāna, c'est l'inverse.

    Couverture de Les choses comme elles sont
    page(s) 26
  • L’au-delà de la souffrance

    [L]'au-delà de la souffrance [est] un état de liberté complète obtenu lorsque l'on s'est affranchi des conditionnements du saṃsāra et de leurs causes. C'est la cessation définitive du saṃsāra, mais non un retrait passif hors du monde. C'est en effet le fruit d'une pratique énergique, qui consiste à adopter une conduite éthique irréprochable à l'égard de tous les êtres –  la discipline ; à dompter son esprit par la méditation qui consiste à apaiser pensées et passions pour accéder à la vision claire de la réalité ; et à développer la sagesse, laquelle dissout l'illusion du « soi » et la croyance à l'existence réelle des phénomènes qui nous entourent.

    Quand une telle pratique porte ses fruits, le karma résiduel s'épuise, les « actes  ne sont plus créateurs de conditionnements à venir, et le rideau de l'illusion samsarique s'écroule pour laisser place à la vision du réel dénué de toute surimposition. Ainsi, le monde n'est ni bon ni mauvais, ni saṃsāra ni nirvāna. C'est le regard ignorant que nous portons sur lui ainsi que nos actes (karma) qui conditionnent la forme douloureuse que ce monde revêt pour nous. [Philippe Cornu]

    Couverture de Vingt clés pour comprendre le bouddhisme
    page(s) 34
  • La graine de l'éveil

    Le nirvāna signifie la stabilité, la liberté et la cessation du cycle de la souffrance (saṃsāra). L'Éveil ne vient pas de l'extérieur ; ce n'est pas quelque chose qui nous est donné, pas même par un bouddha. La graine de l'Éveil est déjà dans notre conscience. C'est notre nature de bouddha – la qualité inhérente de l'esprit éveillé que nous possédons tous et qui a seulement besoin d'être nourrie.

    Couverture de Pour une métamorphose de l’esprit
    page(s) 40
  • La méditation de vision pénétrante

    La famille [de méditation] de la vision pénétrante ([vipassanā]) est la mise en jeu de la dimension essentielle de l'esprit, cette vision lucide, transcendante, non duelle, de ce qui est comme c'est. Cette expression spontanée, non empêchée, de la sagesse ultime qui nous éclaire est à la fois le moyen de la libération et le témoignage de ce que la liberté est déjà là.

    La vision transcendante est l'agent de la dissolution de tous les liens et de la connaissance intégrante de tous les points de vue partiels. Seule véritable force de transformation et de libération, elle peut s'exercer même sans culture systématique de la concentration, bien que cette dernière en facilite et accélère les effets. […]

    [C]ette attention claire et ouverte réalise la connaissance juste et la transformation par la disparition des obstacles affectifs et cognitifs, que la construction historique du moi oppose à l'élargissement de la conscience. Elle effectue ce qu'on peut appeler la « désautomatisation », ou la déprogrammation des processus cognitifs figés. La désidentification d'avec ce moi – ultimement « illusoire » comme dit le bouddhisme, bien qu'il ait été temporairement nécessaire – constitue la tâche fondamentale, et redoutable, du pratiquant d'une voie spirituelle ; elle culmine dans la réintégration en Dieu, l'identité suprême, l'identification Atman-Brahman, le nirvāna, la cessation définitive de toute trace d'ignorance et d'attachement au désir et à la répulsion.

    Couverture de Méditation et psychothérapie
    page(s) 53-54
  • Libérer le moi

    [I]l ne s'agit pas d'assassiner le moi mais de le libérer. Cet organe psychique, indispensable au début de l'évolution de l'être, situé dans une perspective évolutive à mi-chemin du nirvāna, n'est pathogène que si l'on s'y identifie et s'y fixe, au lieu de le dépasser.

    Mais il faut s'individualiser avant de se dissoudre. Seul un moi fort peut accepter sans crainte de laisser place au non-moi du bouddhisme (anātman), qui le transcende.

    Couverture de Méditation et psychothérapie
    page(s) 50
  • Ne pas chercher à atteindre le nirvāna

    L'attitude requise dans cette pratique n'est pas de chercher à atteindre le nirvāna, mais plutôt de comprendre le mécanisme du saṃsāra, son fonctionnement et sa relation avec nous. Quand le tableau complet du saṃsāra a été vu et son mécanisme entièrement compris, le nirvāna devient superflu. Dans ce qu'on appelle l'état illuminé, saṃsāra et nirvāna sont tous deux libérés.

    Couverture de L’aube du tantra
    page(s) 44