ciel & nuages

Extraits étiquetés avec : ciel & nuages

  • Les pieds sur la terre et la tête dans le ciel

    Être un géant, le zen appelle cela avoir les pieds sur la terre et la tête dans le ciel. C’est devenir soi-même une montagne et se libérer des limites du connu. C’est devenir un océan de sagesse silencieuse. Ce n’est pas chose facile. Ceux qui ont cherché à acquérir cette force intérieure se sont souvent mis à l’écart des hommes ; ils ont construit leur retraite troglodyte, leur cabane au fond des bois, comme une chenille fait son cocon sous une branche pour mourir et devenir un papillon.

    Couverture de Traité de la cabane solitaire
    page(s) 24
  • Comme le flux des nuages dans l’espace

    Il suffit de se tourner « vers l'Océan de notre propre essence et développer un accord pratique avec notre propre nature » dit Yangshan. Alors « l'action et le repos de ceux qui ont atteint le Chan est comme le flux des nuages dans l'espace, sans conscience de soi, comme la pleine lune qui illumine tout. » Tout est alors le Bouddha, tout est alors le Chan.

    Lorsque vous passez ce cap de compréhension, personne ne peut vous fixer dans une adhésion à quoi que ce soit. Le dogme et le concept balayés, vous êtes libres et spacieux, authentiques et simples, indépendants et créatifs. La pureté et l'impureté n'ont plus de sens. La pleine conscience ne s'oppose plus à la grâce de l'inconscience, les idées se consument comme des flocons de neige sur un fourneau brûlant.

    Couverture de Chan & zen
    page(s) 24
  • Notre corps ne nous appartient pas

    Dans la vie moderne, les gens pensent que leur corps leur appartient et qu'ils peuvent en faire tout ce qu'ils veulent. « Nous avons le droit de vivre comme nous l'entendons. » La loi vous soutient dans de telle déclarations. C'est l'une des manifestations de l'individualisme.

    Mais, selon l'enseignement du vide, votre corps n'est pas seulement à vous : il appartient également à vos ancêtres, à vos parents et aux générations futures. Et il appartient aussi à la société et à tous les êtres vivants, qui ont tous contribué à rendre possible la présence de ce corps : les arbres, les nuages, tout. Garder votre corps en bonne santé est la meilleure façon d'exprimer vote gratitude à l'univers tout entier et à vos ancêtres, et aussi de ne pas trahir les générations futures.

    Couverture de Changer l’avenir
    page(s) 88
  • Désobstruer l’éveil plutôt que l‘établir

    Selon la tradition bouddhiste, l'avance sur le sentier spirituel consiste à pourfendre notre confusion et à recouvrer l'état d'éveil, condition originelle de notre esprit. Lorsque l'esprit, dans sa condition éveillée, est encombré par l'ego et la paranoïa attenante, il prend les caractéristiques d'un instinct sous-jacent. Aussi n'est-il pas tant question d'édifier l'état d'éveil que de réduire en cendres les confusions qui l'obscurcissent. Et c'est dans le processus même de destruction de ces confusions que l'on accède à l'illumination.

    S'il en était autrement, la condition éveillée de l'esprit serait un produit dépendant des causes et des effets, et donc soumise à dissolution. Tout ce qui a été créé doit, tôt ou tard, périr. Si l'illumination était une création, l'ego pourrait toujours, se réaffirmant, causer un retour à l'état de confusion. L'illumination est permanente parce que nous ne l'avons pas produite, nous l'avons seulement découverte. Dans la tradition bouddhiste, on a souvent recours à l'image du soleil apparaissant derrière les nuages pour expliquer la découverte de l'illumination.

    Dans la pratique de la méditation, nous chassons la confusion de l'ego pour entrevoir la lumière de l'éveil. Si nous savons nous débarrasser de l'ignorance, de l'encombrement intérieur, de la paranoïa, nous nous ouvrons à une vision fabuleuse de la vie. On découvre une nouvelle façon d'être.

    Couverture de Pratique de la voie tibétaine
    page(s) 12-13
  • La seule force : la nudité la plus entière

    Même si nous nous sentons perdus devant ce qui nous apparaît comme une énigme, il nous faut y demeurer. C'est le seul sol possible pour entendre le tantra – c'est un sol qui ne dépend de rien pour être. […]

    Parce qu'il s'appuie sur cette dimension d'être qui se manifeste, à première vue, comme absence complète de sécurité, le tantra peut sembler fou.

    Pour lui, la seule vraie solidité est celle qui n'est ni solide, ni non solide : l'ouverture que rien ne peut menacer, comme le ciel qu'une flèche ne peut pas percer mais juste traverser. La seule force est celle qui n'est ni force ni faiblesse : la nudité la plus entière. La seule vraie paix est celle qui ne s'oppose pas à la guerre.

    La conviction et la confiance qui en découlent expliquent le ton si singulier du tantra que nous pouvons nommer pour l'heure : son intrépidité. Le tantra ne vise rien, ne recherche pas l'Éveil ou la découverte de la vérité. Il est à l'écoute de la continuité qui coule à travers la sagesse comme à travers la confusion et cela lui donne une assurance magnifique.

    Couverture de Introduction au tantra bouddhique
    page(s) 25-26
  • Les yeux appartiennent au ciel

    Les yeux appartiennent au ciel, pas la chair.

    Couverture de Noireclaire
    page(s) 30
  • La lente passion des nuages

    Aux modernes qui ne savent que compter, j'oppose la lente passion des nuages[.]

    Couverture de Noireclaire
    page(s) 12
  • Trois qualités fondamentales : l’ouverture d’esprit naturelle

    La troisième qualité, la bonté fondamentale, est l’ouverture d’esprit naturelle, l'infini de notre esprit aussi vaste que le ciel. Fondamentalement notre esprit est expansif, souple et curieux. Il est vierge de préjugés, pour ainsi dire. Il s'agit de l'esprit avant que nous ne nous limitions à un point de vue étroit fondé sur la crainte, un point de vue où autrui est soit un ennemi, soit un ami, soit une menace, soit un allié, soit une personne que nous aimons soit une personne que nous détestons ou qui nous laisse indifférents.

    Couverture de Vivez sans entrave
    page(s) 15
  • Que tout le ciel fût vraiment un regard

    En fait, de toutes mes incertitudes, la moindre (la moins éloignée d'un commencement de foi) est celle que m'a donnée l'expérience poétique ; c'est la pensée qu'il y a de l'inconnu, de l'insaisissable, à la source, au foyer même de notre être. Mais je ne puis attribuer à cet inconnu, à cela, aucun des noms dont l'histoire l'a nommé tout à tour. Ne peut-il donc me donner aucune leçon, – hors de la poésie où il parle –, aucune directive, dans la conduite de ma vie ?

    Réfléchissant à cela, j'en arrive à constater que néanmoins, en tout cas, il m'oriente, du moins dans le sens de la hauteur ; puisque je suis tout naturellement conduit à l'entrevoir comme le Plus Haut, et d'une certaine manière, pourquoi pas ? comme on l'a fait depuis l'origine, à le considérer à l'image du ciel

    Alors, il me semble avoir fait un pas malgré tout. Quand même je ne pourrais partir d'aucun principe sûr et que mon hésitation se prolongeât indéfiniment, quand même je ne pourrais proposer à mon pas aucun but saisissable, énonçable, je pressens que dans n'importe quelles conditions, à tout moment, en tout domaine et en tout lieu, les actes éclairés par la lumière de ce « ciel » supérieur ne pourraient être « mauvais » ; qu'une vie sous ce ciel aurait plus de chances qu'une autre d'être « bonne ».

    Et pour être moins vague, il faudrait ajouter que la lumière qui nous parviendrait de ces hauteurs, par éclaircies, lueurs éparses et combattues, rares éclairs, et non continûment comme on le rêve, prendrait les formes les plus diverses, et non pas seulement celles que lui a imposées telle morale, tel système de pensées, telle croyance.

    Je l'apercevrais dans le plaisir (jugeant meurtrier celui qu'elle n'atteindrait pas), mais aussi, ailleurs, dans le renoncement au plaisir (en vue d'une clarté accrue) ; dans les œuvres les plus grandes où elle m'a été d'abord révélée et où je puis aller la retrouver sans cesse, mais aussi dans une simple chanson, pourvu qu'elle fût vraiment naïve ; dans l'excès pur, la violence, les refus de quelques-uns, mais non moins, et c'est là ce que m'auront appris surtout les années, dans la patience, le courage, le sourire d'hommes effacés qui s'oublient et ne s'en prévalent pas, qui endurent avec gaieté, qui rayonnent jusque dans le manque.

    Sans doute est-on sans cesse forcé d'affronter de nouveau, avec étonnement, avec horreur, la face mauvaise de l'homme ; mais sans cesse aussi, dans la vie la plus banale et le domaine le plus borné, on peut rassembler ces autres signes, qui tiennent dans un geste, dans une parole usée faite beaucoup moins pour énoncer quoi que ce soit que pour amorcer un échange, ajouter au strict nécessaire du « commerce » un peu de chaleur gratuite, un peu de grâce : autant de signes presque dérisoires, de gestes essayés à tâtons, comme pour rebâtir inlassablement la maison, refaire aveuglément le jour ; autant de sourires grâce auxquels mon ignorance me pèse moins.

    J'aimerais bien aller au-delà de ce peu ; tirer de ces signes épars une phrase entière qui serait un commandement. Je ne puis. Je me suis prétendu naguère « serviteur du visible ». Ce que je fais ressemblerait plutôt, décidément, au travail du jardinier qui nettoie un jardin, et trop souvent le néglige : la mauvaise herbe du temps…

    Où sont les dieux de ce jardin ? Quelquefois je me vois pareil, dans mon incertitude, à ces flocons de neige que le vent fait tournoyer, soulève, exalte, lâche, ou à ces oiseaux qui, moitié obéissant au vent, moitié jouant avec lui, offrent à la vue une aile tantôt noire comme la nuit, tantôt miroitante et renvoyant on ne sait quelle lumière.

    (On pourrait donc vivre sans espérance définie, mais non pas sans aide, avec la pensée – bien proche de la certitude celle-là – que s'il y a pour l'homme une seule chance, une seule ouverture, elle ne serait pas refusée à celui qui aurait vécu « sous ce ciel ».)

    (La plus haute espérance, ce serait que tout le ciel fût vraiment un regard.)

    Couverture de Paysages avec figures absentes
    page(s) 179-182
  • L’aérienne convenance

    C'était notre vie, avec ses cahots : peu de mérite, peu d'ardeur, partout des menaces. Un cœur peu généreux, un esprit incertain et prudent, rien que des vertus négatives, d'abstention ; et quant au monde : un visage tailladé. Le fer dans les yeux, l'os carié. Le siècle que l'on ne peut plus regarder en face. Et rien que d'avoir entendu ces voix auxquelles je ne m'attendais plus, ainsi liées aux arbres et au ciel en même temps, ainsi placées entre moi et le monde, à l'intérieur d'une journée, ces voix qui se trouvaient être sans doute l'expression la plus naturelle d'une joie d'être (comme quand on voit s'allumer des feux pour une fête de colline en colline) et qui la portaient, cette joie, à l'incandescence, faisant tout oublier des organes, des plumages, de la pesanteur (comme fondus dans sa sphère), rien que d'avoir entendu cela, mon attention s'était portée à nouveau, par surprise, par grâce, vers ce qui, plus pur, la purifie et, plus lumineux, l'illumine.

    Ciel. Miroir de la perfection. Sur ce miroir, tout au fond, c'est comme si je voyais une porte s'ouvrir. Il était clair, elle est encore plus claire.

    Pas de clochers. Mais dans toute l'étendue, l'heure de l'éternité qui bat dans des cages de buée.

    Suprême harmonie, justice de l'Illimité. On aurait dit que chacun recevait sa part, la lumière qui paraît infinie distribuée selon l’aérienne convenance.

    Couverture de Paysages avec figures absentes
    page(s) 78-79
  • « Le vaste ciel est sans limite et rien ne gêne les nuages blancs dans leur libre course »

    Shitou Xiqian, maître de chan sous la dynastie des grands Tang, à un disciple qui lui demandait s'il y avait encore quelque chose au-delà des enseignements conventionnels et même d'une parfaite compréhension du chan, répondit : « Le vaste ciel est sans limite et rien ne gêne les nuages blancs dans leur libre course ».

    Cette phrase aphoristique, dont la signification est bouddhiste, les images taoïstes, est typique de la pensée sensible chinoise, d'une culture lettrée dans laquelle philosophie et poésie s'entremêlent d'une façon indéfectible. Ce genre de formulation – parlant le langage de la nature – suscite chez le poète philosophe une résonance d'âme, elle constitue un fonds poétique inépuisable dont sont dépourvues les formulations rationnelles et abstraites. Plus qu'une réponse pensée, cette phrase, de quelque façon, est l'assertion d'une liberté spirituelle, celle de l'homme de tch'an accompli.

    Couverture de Le son du vent dans les pins
    page(s) 27
  • « Les pieds sur la terre, la tête dans le ciel »

    « Les pieds sur la terre, la tête dans le ciel » est une définition de l'homme de la voie, de celui qui pratique une sagesse sublime et incarnée. La spécificité de la condition humaine est de faire le lien entre Ciel et Terre, à savoir entre le divin et une vie triviale. La définition, par ailleurs, implique que seule cette posture existentielle, réaliste et divine, est accomplissement de l'humanité. C'est là une définition de ce que doit être la posture humaine accomplie que l'on rencontre souvent dans les textes chinois du bouddhisme de l'école chan – soit zen en japonais. On remarquera comme, dans cette assertion, la posture spirituelle est corporelle aussi.

    Couverture de Le son du vent dans les pins
    page(s) 17-18
  • Nos pensées obscurcissent le ciel

    Nos pensées montent au ciel comme des fumées. Elles l'obscurcissent. Je n'ai rien fait aujourd'hui et je n'ai rien pensé. Le ciel est venu manger dans ma main.

    Couverture de L'homme-joie
    page(s) 13-14
  • La pratique de présence attentive (śamatha)

    S'exercer à faire śamatha, terme sanskrit bien traduit par « la pratique de méditation de présence attentive » (mindfulness ; en tibétain : zhi gnas), repose sur un examen de la nature de notre esprit (et, par conséquent, de l'origine des schémas habituels) qui consiste à prêter attention à ce qui apparaît moment après moment. En d'autres termes, il s'agit d'utiliser l'activité de l'esprit pour aller au-delà de l'esprit, en observant l'expérience telle qu'elle se donne avec un regard frais et interrogateur. […]

    La pratique est avant toute chose fondée sur une attitude de non-agir, qui s'incarne dans le fait de s'asseoir dans une attitude digne (sur le sol ou sur une chaise). […]

    Une fois installé dans cette posture de base, on suit l'injonction de suivre « simplement » ce qui se passe sans s'y engager. Étant donné que l'on ne cesse de respirer, la respiration devient un fil conducteur typique, à titre de fil attentionnel. […]

    Quoi qu'il ne soit pas dit par là que l'on arrête purement et simplement de sentir, de penser et d'avoir des émotions, ces activités sont considérées comme à distance, depuis la position d'un observateur détaché, à la manière de nuages sur le fond de premier plan qu'est la respiration qui se poursuit, inspiration dans les poumons, expiration dans les narines.

    Telle est la manifestation condensée de l'aptitude à laquelle s'exercer par la pratique : développer une présence attentive à ce qui survient dans l'instant présent, avec la respiration comme point de focalisation. Étant donné que toutes sortes d'expériences surgissent du sein de cet espace d'attention, nous retournons explicitement notre attention vers « l'intérieur », de l'objet de l'attention vers l'activité consciente (l'acte, le vécu) qui le vise ; nous ne nous mettons pas à examiner son contenu, son surgissement, son émergence complète, puis à nouveau son retrait à l'arrière-plan.

    Étant donné que des pensées qui nous distraient, des émotions ou des sensations corporelles apparaissent sur le fond de l'attention soutenue portée à la respiration, nous sommes à même de prendre conscience de l'importance des fluctuations par rapport au centre de la focalisation. Nous réalisons que nous n'avons pas simplement suivi notre respiration, mais que nous sommes partis, que nous étions ailleurs, suivant sans but une chaîne de pensées, d'imaginations, de rêves éveillés. Aussitôt que nous remarquons ce sursaut subit par où nous nous rendons compte que nous n'avons pas suivi l'instruction, nous abandonnons simplement la distraction à elle-même et revenons à la respiration, notre objet délibéré d'attention.

    Couverture de Le cercle créateur
    page(s) 390-391
  • La force intérieure : méditation de la montagne

    Des tempêtes peuvent souffler à votre esprit, des pensées, des émotions, des inquiétudes douloureuses peuvent balayer votre conscience. Mais vous aussi vous pouvez rester là posé, centré, à respirer quoiqu'il advienne. Les nuages passeront et le ciel bleu reviendra, sur la montagne comme dans votre esprit.

    Couverture de Trois minutes à méditer
    page(s) Chronique n°13
  • Les pensées comme oiseaux

    [L]'exercice de la méditation consiste à voir la vacuité, à se laisser totalement détendre dans la vacuité. À considérer les pensées comme des oiseaux. Et derrière les oiseaux, il y a un ciel toujours immensément bleu.

    Couverture du Petit traité de l’abandon
    page(s) 95
  • La conscience panoramique

    À mesure que le méditant interrompt de manière répétée le flux de la pensée discursive et redevient attentif à sa respiration ou à son activité quotidienne, l'agitation de l'esprit se dompte graduellement. On commence à pouvoir envisager cette agitation comme telle et à devenir patient envers elle, plutôt que de se perdre automatiquement en elle.

    Par la suite, les méditants font état d'une perspective plus panoramique. Cette dernière se nomme conscience. À ce stade, la respiration n'est plus nécessaire en tant que centre vers lequel diriger l'attention. Selon une analogie traditionnelle, l'attention se rapporte aux mots isolés d'une phrase, tandis que la conscience est la grammaire qui englobe la phrase tout entière.

    Les méditants rapportent également qu'ils font l'expérience de l'espace et des vastes dimensions de l'esprit. À ce propos, une métaphore traditionnelle compare l'esprit au ciel (arrière-plan non conceptuel) dans lequel les différents contenus mentaux, tels des nuages, se lèvent puis s'éloignent.

    Couverture de L'inscription corporelle de l'esprit
    page(s) 66-67