illusion

Extraits étiquetés avec : illusion

  • Laisser le moi se défaire

    La consigne de base est d'être conscient de tout ce qui se présente, sans rien choisir ni éliminer. L'esprit est complètement ouvert. Toutefois la sensation du corps assis, immobile, qui respire, constitue la base à laquelle revient l'attention si rien ne se présente. Un deuxième travail de base consiste à rectifier la posture si celle-ci se détériore sous l'effet de la pesanteur et de la fatigue. À cela se borne l'ambition du méditant, qui n'attend rien, une ambition théoriquement facile à satisfaire ! Les résultats surviendront spontanément quand ils seront mûrs, on ne sait quand.

    Tout le travail consiste à contempler le viol constant des consignes par l'irruption des phénomènes mentaux les plus divers. Les discours intérieurs fascinent, les images captent et l'on se trouve vite sur une plage, en vacances. Le mental agité se comporte comme un bande de singes et il n'y a rien d'autre à faire que de contempler les mœurs simiesques avec sympathie et lucidité. Il convient de voir le phénomène, sans rien y ajouter, ni pour ni contre, et de le laisser disparaître, ce qui est son évolution naturelle dès lors qu'aucune énergie ne s'y investit plus. L'attention revient alors à la sensation corporelle.

    Cette séquence élémentaire : voir purement le phénomène, s'en détacher, le laisser disparaître, est le schéma microscopique du nirvāna. Répété des millions de fois, il assure la venue à la conscience claire de tous les attachements et de toutes les visions erronées, qui ont constitué au fil des ans et des vies, cette illusion monumentale et douloureuse que nous appelons notre moi. Il n'y a rien d'autre à faire qu'à laisser se défaire les nœuds du réseau enchevêtré de nos identifications et appropriations. Nous pouvons alors revenir à l'esprit dans son état fondamental et y demeurer sans distraction, toujours disponible pour contempler le moi, ce malfaiteur tourmenté. Sagesse et compassion feront disparaître ses souffrances et le libéreront de l'illusion de soi.

    Couverture de Le bouddhisme expliqué aux Occidentaux
    page(s) 33
  • L'illusion du moi

    Ce que nous éprouvons comme notre « moi » est un agrégat de pensées familières, d'émotions et de modes de comportement. L'esprit les rassemble, fabriquant ainsi l'histoire d'une entité individuelle qui se perpétuerait au fil du temps.

    Couverture de L'acceptation radicale
    page(s) 48
  • Jouer la sécurité

    Nous esquivons l'expérience du moment présent. Nous fuyons les sentiments de peur et de honte, trop brutaux, en nous racontant continuellement des histoires sur ce qui se passe dans notre vie. […] Parce que nous vivons dans un état d'angoisse indéterminée, nous n'avons même pas besoin d'attendre que survienne un problème pour élaborer en cascade des scénarios plus désastreux les uns que les autres. Vivre ainsi dans l'avenir forge l'illusion que nous avons le contrôle de notre vie et nous blinde contre l'échec personnel.

    Nous nous occupons. Être continuellement affairé représente un moyen socialement approuvé de rester à distance de notre douleur. […]

    Nous devenons nos critiques les plus virulents. Sans cesse notre voix off nous rappelle que nous échouons régulièrement, que les autres gèrent leur existence avec beaucoup plus d'efficacité et de succès que nous. Nous prenons là souvent le relais de nos parents, en insistant continuellement sur nos défauts.

    Nous nous focalisons sur les défaillances des autres. […]

    Plus nous nous racontons anxieusement des histoires sur notre échec à venir ou sur ce qui ne tourne pas rond chez nous ou chez les autres, plus nous enracinons les réflexes routiniers – les circuits cérébraux – qui génèrent le sentiment d'insuffisance. À chaque fois que nous dissimulons une défaite, nous renforçons notre peur d'être insuffisant. Quand nous luttons pour impressionner ou surpasser les autres, nous renforçons la croyance implicite qui veut que nous ne soyons pas assez bien tel que nous sommes.

    Couverture de L'acceptation radicale
    page(s) 44-46
  • La lutte crée l'illusion

    [L]orsque nous luttons pour arriver quelque part, pour être une meilleure personne, pour réussir, ou simplement pour éviter de faire des erreurs, le reste du monde n'est plus à nos yeux qu'un décor secondaire. Comme en un rêve, nous prenons nos fictions pour la réalité – une réalité puissante – et elles consument l'essentiel de notre attention.

    Couverture de L'acceptation radicale
    page(s) 30
  • Percevoir les mécanismes intérieurs de la réalité

    Le méditant Vipassanā utilise sa concentration comme un outil grâce auquel sa conscience peut effriter petit à petit le mur d'illusions qui le sépare de la lumière vivante de la réalité. C'est un processus progressif de constante croissance de la conscience et de la perception des mécanismes intérieurs de la réalité même.

    Couverture de Méditer au quotidien
    page(s) 19
  • Le bouddhisme, investigation de l'esprit

    Le bouddhisme dans son entier est très différent des religions théologiques auxquelles les Occidentaux sont le plus habitués. C'est une entrée directe dans un royaume spirituel ou divin, sans s'adresser à des divinités ou à d'autres « agents ».

    Son atmosphère est essentiellement « clinique », beaucoup plus proche de ce que nous appellerions normalement la psychologie que de ce que nous appelons d'habitude la religion. C'est une investigation constamment approfondie de la réalité, un examen au microscope du processus même de la perception. Son intention est de déchirer l'écran de mensonges et d'illusions à travers lequel nous voyons normalement le monde, et de révéler ainsi le visage de la réalité ultime.

    Couverture de Méditer au quotidien
    page(s) 16-17
  • Le corps de peur

    Notre peur crée en nous un « moi » crispé et fictif. Ce moi fictif ou « petit moi », s'appropriant notre corps, nos émotions et nos pensées limitées, essaie de les maintenir et de les protéger. Ce sens d'un moi limité est à la source du manque et du besoin, de la colère défensive et des barrières que nous érigeons pour nous protéger. Nous avons peur de nous ouvrir, de changer, de vivre pleinement, de ressentir la totalité de la vie ; une identification crispée à ce « corps de peur » devient notre manière d'être habituelle. La peur engendre la totalité de notre convoitise, de notre haine et de notre illusion.

    Pourtant, il est possible de trouver sous cette peur une ouverture et une complétude qu'on peut appeler notre véritable nature, notre état originel, notre nature de Bouddha. Mais, afin de revenir à cette véritable nature, il faudra d'abord examiner et élucider la mécanisme de ce « corps de peur » d'une façon tout à fait personnelle.

    Couverture de Périls et promesses de la vie spirituelle
    page(s) 39-140