La pureté n'est jamais si pure que lorsqu'elle fleurit au milieu de l'impur. La vie n'est jamais si forte que lorsqu'elle est contrariée par un côté, empêchée dans une de ses voies : elle file limpide, par l'issue qui lui reste.
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Extraits étiquetés avec : vie
La vie contrariée file limpide
page(s) 50Pendant quelques secondes j’ai réussi à être vivant
L'étang fleurissait sous le ciel et le ciel se coiffait devant l'étang. L'oiseau aux ailes prophétiques enflammait la forêt. Pendant quelques secondes j’ai réussi à être vivant. J'ai conscience que cette lettre peut vous sembler folle. Elle ne l'est pas. Ce sont plutôt nos volontés qui sont folles. Je veux ici parler simplement de ce qu'on appelle une « belle journée », un « ciel bleu ». Ces expressions désignent un mystère. Un couteau de lumière dont la lame fraîche nous ouvre le cœur.
page(s) 15-16Devenir plus conscients des messages reçus
Quelle que soit l'origine des messages reçus, il est possible d'en devenir plus conscient. On peut identifier ceux que nous avons intégrés et travailler pour nous en éloigner, voire, au fil du temps, les remplacer par un esprit curieux, un cœur grand ouvert et un sentiment de vitalité accru. Nous n'arriverons peut-être pas à les éliminer, mais rien ne nous empêche de les remettre en question. Plus nous le ferons, moins ils prendront de place et nous limiteront. Alors, nous nous sentirons plus libres d'avoir des relations plus authentiques avec les autres – et nos désirs les plus profonds.
page(s) 26Un espace d’immense liberté
J'ai touché le lieu où la priorité n'est plus ma vie mais LA vie. C'est un espace d’immense liberté.
page(s) 29Un haut lieu d’expérimentation du vivant
J'ai fait du lieu où je me tiens un haut lieu d’expérimentation du vivant.
C'est un choix sur lequel on ne revient pas, en se disant : ce morceau-là, je le prends ; celui-là, je ne le prends pas !
page(s) 28Entrer en vie
Oui, ma maladie ouvre des espaces inattendus pour beaucoup d'autres et tant pour mes plus proches que pour les amis d'âme et de cœur. C'est incroyable. Une force semble se réveiller qui leur dit : désormais il n'y a plus à tergiverser ni à faire antichambre : il faut entrer en VIE et sur l'instant !!!
page(s) 24Choisir consciemment la vie
On ne se remet pas de son enfance sans choisir une seconde fois, consciemment, la vie. Naître ne suffit pas. Les joies, les attentes, les ennuis de l'enfance sont des événements qui nous rassemblent dans une intensité qui va donner le « la » à toute une existence. En ce sens toute l'enfance est « traumatique » non dans un sens dramatique, mais du fait d'atteindre en nous des territoires psychiques d'abord par la perception et la sensibilité. Et qu'être entièrement là, sans reste, est rare et devient plus rare au cours de la vie, au fur et à mesure que notre moi dispersé, fragmenté, prend la relève, que l'absence à nous-même devient la règle.
page(s) 133Les quatre rappels
Dans la pratique des slogans et dans la vie quotidienne, il y a quatre choses qu'il ne faut jamais perdre de vue : (1) le caractère précieux de la vie humaine et surtout le bonheur de vivre dans un milieu où il est possible d'entendre les enseignements du bouddhadharma ; (2) la réalité de la mort, qui arrive brusquement, sans prévenir ; (3) la prison du karma, car tous nos actes, qu'ils soient vertueux ou non, contribuent à nous emprisonner dans l'enchaînement des causes et des effets ; et (4) l'intensité de la souffrance et le fait qu'elle est inévitable, aussi bien pour nous que pour tous les autres êtres. Cela s'appelle « adopter l'attitude des quatre rappels ».
page(s) 33Habiter pleinement la vie
En sanscrit, [la méditation] se nomme bhavana. Le terme est usité dans le langage de l'agriculture pour désigner le fait de « cultiver » la terre. Il désigne par extension la culture de l'esprit : c'est-à-dire libérer celui-ci de ses impuretés et de ce qui le trouble.
Mais essayons d'aller plus loin. Bhava est un nom possible de l'être que l'on retrouve par exemple dans l'anglais to be (être) et dans l'allemand ich bin (je suis). Il désigne le sens de l'être lorsqu'il se déploie en existence. Bhava ne désigne pas un simple état mais cette activité tout à fait singulière qu'on appelle exister ou même vivre. Certains sanscritistes établissent un rapport étymologique possible entre le grec bios (vie) et le sanscrit bhava. Méditer, compris à partir de bhavana, signifie habiter pleinement sa vie, créer un lien de familiarisation avec son être, cultiver son existence.
Il existe enfin une autre acception de bhava, bhavam kri, qui veut dire éprouver, faire l'épreuve de quelque chose. Or tel est bien le cœur même de la méditation qui consiste à faire l'épreuve de la vérité de notre être.
page(s) 8Laisser faire la vie en nous
La vie n'est pas une entité mystérieuse qu'il faudrait conjurer et supplier. On la connaît, il n'y a qu'à regarder. Elle est au travail depuis des millions de millions d'années. Elle sait y faire. Elle combine à nouveau chaque jour la chaîne et la trame de milliards de destins. Elle est intelligente, même sa cruauté est intelligente. Il suffit de la laisser faire et c'est pourquoi quand nous nous réveillons du sentir partout à la fois, cela nous paraît si simple.
C'est le laisser faire la vie en nous et pour nous qui est difficile.
page(s) 338 (Il suffit d'un geste)La vie nous anime
[Dans la méditation, i]l ne s'agit pas de chercher à tout contrôler, ni d'apprendre à mieux « gérer » nos affects, mais de découvrir que la vie nous anime, qu'une intelligence et une confiance existent d'elles-mêmes.
page(s) 14Vie et mort fraternellement unies
Pour saisir le sens de la vie il ne faut plus la comprendre et la réaliser comme un objet mais l'accomplir dans l'unité avec la totalité de la Vie, qui abolit l'opposition entre sujet et objet et accepte le destin de telle sorte que vie et mort y sont fraternellement unies.
page(s) 18La folie de durer
Dans la perspective orientale, notre culture occidentale semble résulter de la peur de la mort. Celle-ci enferme l'homme dans sa folie de « durer », soit par la volonté d'assurer son existence spatio-temporelle, soit – et c'est encore plus dangereux – en cédant au désir de survivre dans un espace intemporel grâce à des réalisations intellectuelles qui lui masquent la véritable nature de la vie.
page(s) 18Vie et mort d'une feuille
La vision orientale de la vie inclut la mort. Peut-être l'image de la relation entre la feuille et l'arbre éclaire-t-elle ce point de vue. Si la petite feuille, attachée à l'arbre, avait une conscience individuelle limitant son sentiment de la vie au simple état de feuille, elle subirait une vie réduite au temps de sa propre existence. La mort automnale signifierait pour elle l'anéantissement et s'opposerait à sa perception de la vie. Rien d'étonnant alors si cette feuille s'efforce de jouir au maximum de sa brève existence de feuille, de se protéger contre l'automne et l'hiver et d'oublier sa peur de la mort dans le rêve chimérique d'un éternel état de feuille.
Mais la petite feuille ne pourrait-elle pas, par une conscience de soi plus profonde, percevoir son être de feuille comme une modalité de l'arbre et vivre son être d'arbre ? Ne serait-elle pas plus près de sa « réalité » si sa conscience de la vie devenait une avec celle de l'arbre, dont la grande vie produit sa petite existence, lui survit et contient aussi sa mort de feuille ?
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