vivre

Extraits étiquetés avec : vivre

  • Garder sa vie

    [G]arder sa vie, ce n'est pas fixer son attention sur sa vie ; encore moins serait-ce s'ingénier à bloquer en soi la vie et vouloir la sauver le plus longtemps de son contraire abhorré : la mort. Mais, au contraire, rejoindre au creux même de sa vie la logique du vital qui comporte aussi légitimement la disparition que l'avènement, ou l'expiration que l'inspiration, et « garder » ainsi sa vie ouverte au renouvellement par alternance du procès global de la vie.

    « Nourrir sa vie », ce n'est pas faire effort pour augmenter ou allonger sa vie et vouloir forcer la vie à se maintenir et durer. C'est même à cette seule condition – de dé-vouloir, dé-possesion – que peut se maintenir et durer la vie.

    Couverture de Nourrir sa vie
    page(s) 35-36
  • La voie du véritable nourrissement

    La voie du véritable nourrissement est […] à concevoir entre [retraite et vie sociale], mais ne nous méprenons pas sur ce juste milieu qui n'est pas une équidistance vis-à-vis des deux, car celle-ci conduirait aussi, fatalement, à s'immobiliser et ferait rater le renouvellement de la vie. […]

    [C]e n'est pas se retirer au-dedans ni non plus s'activer au-dehors qui est un tort, mais se retirer au-dedans « au point de se tenir caché » et sans plus de rapport avec autrui (si bien qu'on se découvre seul et démuni quand surgit un danger extérieur) ; ou s'activer au-dehors au point d'être continuellement exposé (aux pressions, aux intrigues, etc.), si bien que, faute de relâchement, on est rongé par les préoccupations et on dépérit prématurément.

    Le tort n'est pas dans l'une ou l'autre position mais dans le fait de s'attacher à une position, quelle qu'elle soit, et de s'enliser en elle ; plus précisément, il est de s'isoler dans une certaine position en se coupant de la position adverse et donc de se fermer à l'appel à se détacher de la position occupée (pour continuer d'avancer), que maintenait précisément l'autre possibilité. La vie alors ne se « nourrit » plus parce qu'elle perd de ce fait sa virtualité, s'enlise, se bloque et n'inaugure plus.

    Couverture de Nourrir sa vie
    page(s) 32-33
  • Une expérience du corps propre

    Le monde connu, en cette itinérance [l'auteur fait une virée à moto autour de chez lui], ciel, montagnes, vallées, est une expérience du corps propre, lequel inclut sa monture mécanique. Ce que l'on attendait des lumières de la philosophie, en vain, s'obtient tacitement dans le monde qui s'éprouve. La lumière de la pensée n'éclaire rien, ou si peu, quand il s'agit du vivre.

    Laissons Sartre et Merleau-Ponty dans leur salon bourgeois, à leurs cogitations sur la couleur rouge du tapis, sur l'en-soi d'un bibelot posé sur la console de marbre, assis dans leurs fauteuils profonds.Vos vases en porcelaine montés sur socle, messieurs, vos statuettes de bronze, ne sont que des cadavres.

    Les philosophes qui savaient monter à cheval et tirer à l'arc avaient une prise sur le vivant du réel, qui s'est perdue depuis Montaigne. Ils le savaient aussi, les maîtres d'Extrême-Orient, que le corps et l'esprit marchent ensemble. Que ce qui vient en situation d'idées pertinentes transite du corps vers la pensée comme une émergence.

    Couverture de Ma vie dans les monts
    page(s) 27-28
  • Découvrir la vérité, c'est la vivre

    Nul ne peut accumuler la vérité. Ce qu'on accumule est toujours détruit, et se fane. La vérité ne se fane jamais, car on ne la découvre que d'instant en instant, dans chaque pensée, chaque relation, chaque mot, chaque geste, le temps d'un sourire, d'une larme. Et si vous et moi pouvons la découvrir et la vivre – et la vivre, c'est en même temps la découvrir – alors, loin de devenir des propagandistes, nous serons des êtres humains créatifs – pas des êtres parfaits, mais des êtres créatifs, et la différence est immense.

    Couverture de Le livre de la méditation et de la vie
    page(s) 9
  • Se détacher de son personnage

    [E]n remettant en question l'attachement au personnage, nous pouvons trouver un sentiment de confiance dans le simple fait de vivre et de sentir la vie en soi. Au lieu de se sentir divisé et séparé de tout, on peut s'appuyer sur la sensation interne de faire partie du tout et d'évoluer avec lui.

    Couverture de Le meilleur de soi
    page(s) 100
  • Vivre comme si on ne tenait plus à la vie

    Je suis d'accord pour mourir n'importe quel jour. Aux urgences, j'ai emmené un livre assez petit pour tenir dans une poche, assez dense pour éclairer des heures d'attente. Je voudrais n'écrire que des livres qu'on puisse lire aux urgences, là où les questions qu'on nous pose et l'attention qu'on nous porte sont si froides qu'elles nous vident de notre âme. Il y a une manière de vivre – comme si on ne tenait plus à la vie – qui est le nom le plus secret de l'amour.

    Couverture de Une bibliothèque de nuages
    page(s) 62