François Roustang

Portrait de François Roustang

François Roustang (1923-2016) eut un parcours singulier. Après des études de philosophie et de théologie, il devint jésuite.

Il étudia ensuite la psychopathologie. Suite à une publication critique vis-à-vis de l'église catholique, il s'en affranchit et exerça la psychanalyse lacanienne.

Suite à une nouvelle publication critique vis-à-vis cette fois de l'institution psychanalytique, il prit ses distances et s'intéressa à l'hypnose, dans la lignée de Milton Erikson.

Le méditant qui lit les ouvrages de François Roustang inspirés par sa pratique d'hypnothérapeute ne peut qu'être frappé des résonances entre les deux disciplines.

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Le vide, condition de l’attention

Le vide est […] en quelque sorte un trop-plein d’attention. Il peut être considéré comme la condition de cette dernière : plus je suis libre de toute préoccupation autre que celle exigée par le présent et mieux je suis attentif à la totalité de ce qui se présente. Il peut être également exprimé comme sa conséquence : plus ce qui est présent m'accapare et plus je suis contraint de penser en fonction du présent. En ces différents sens le vide ne contredit pas l'assurance, il en est la condition nécessaire.

page(s) 209-210 (La fin de la plainte)
• L'indispensable disponibilité sans limites

Si quelque chose des intentions explicites était maintenu, la disponibilité sans limites indispensable à l'expérience serait entravée.

page(s) 347 (Il suffit d'un geste)
• L’expérience n’a lieu que dans la mesure où elle nous échappe

La mise en présence des corps ou l'absorption dans le corps propre est ce que tout humain possède déjà en partage. Tout ce que nous pouvons faire comme thérapeute, c'est prendre au sérieux ce fait universel et naturel et cesser de le recouvrir, car il est l'élémentaire qui tisse nos vies. Il nous porte, nous ne saurions le voir en face. Nous nous trouvons dans la position de Psyché qui ne pouvait rencontrer Éros que dans l'obscurité de la nuit.

En outre cette expérience n'est que dans l'instant et elle n’a lieu que dans la mesure où elle nous échappe. Elle est aussi fugitive qu'un acte, qu'un geste harmonieux, que la voix ou la musique qui ne restent pas suspendus dans les airs. Tout s'efface au moment qui suit et nous sommes reconduits à la banalité des jours.

page(s) 188-189 (La fin de la plainte)
• Pour se rendre présent

Pour se rendre présent, il faut se vider de tout ce qui nous rendait absents. Il est un autre vide plus angoissant provoqué par la mise en suspens de nos repères coutumiers, de nos préjugés, de nos habitudes de penser ou d'agir, bref de tout ce sur quoi nous prenions appui pour nous orienter dans le monde.

page(s) 209 (La fin de la plainte)
• Tout voir et tout entendre à la fois

Il s'agit d'affoler votre manière habituelle d'appréhender le monde, de vous empêcher de vous focaliser sur un objet, de ne pas vous donner le temps de l'analyser et de le décrire ou au contraire de vous y rendre attentif de telle sorte que le contexte soit exclu et que vous ne puissiez plus rien voir ni rien entendre, mais tout voir et tout entendre à la fois. Ou vous faire penser à tellement de choses sans projet et sans intention que vous ne puissiez plus penser à rien. Briser et faire voler en éclats la perception expérimentée tous les jours.

page(s) 332 (Il suffit d'un geste)
• Attentif à toute la réalité possible

[L]orsqu'un acte est accompli avec plénitude et qu'il manifeste une absorption de la personne dans ce qu'elle fait, qu'il s'agisse de l'attention intense d'un chercheur en quête d'une solution ou de celle d'un sportif qui sait allier la force et la grâce, comment pourrait-on oser dire qu'ils sont inconscients ? Ce serait mesurer la conscience à la distance prise par un observateur à l'égard d'une expérience en cours. L'absorption n'est que la face positive du retrait qui, en pleine conscience, se porte attentive à toute la réalité possible et va permettre d'y entrer avec souplesse sans en rien négliger : elle fait alors de l'esprit le corps même.

page(s) 140-141 (La fin de la plainte)