Belinda Cannone

Portrait de Cannone

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Laisser son regard se déployer dans l’ouvert

[D]ans la maison commune, tous ne sont pas égaux : seul l’homme a la puissance d’inventer de quoi détruire son environnement. Comme il a, aussi, celle de protéger le faible. Une lecture plus juste de Darwin nous a appris que la naturaliste ne croyait pas que notre prééminence provînt d’une loi naturelle du plus fort qui nous plaçait au sommet de la hiérarchie des espèces. Au contraire, à partir du moment où il y eut une espèce et une société humaines, la nature a sélectionné certains instincts cognitifs et sociaux comme l’empathie, l’altruisme et la solidarité : elle a éliminé l’élimination des plus faibles. La capacité de les protéger, de les inclure et de leur permettre d’exister a constitué le privilège et forgé la puissance de l’espèce humaine. « Puissance de la douceur. »

Ce souci de la fragilité, c’est sur la planète tout entière qu’aujourd’hui il nous échoit de le faire porter. Car ce non-moi, cet Autre, n’est pas un étranger – il est mon proche, mon horizon, mon entour et mon attachement. Il est aussi la source vive de notre chant, car l’humain sait répondre à la prodigalité de l’univers par la générosité du geste esthétique, il peut faire (poiésis) quelque chose de la beauté du monde quand il laisse son regard se déployer dans l’ouvert.

Montagnes, hautes solitudes où je me sens pourtant reliée comme jamais, montagnes dont la splendeur s’impose et dont l’immensité fait taire mes habitudes perceptives : enfin je vois vraiment, mon esprit fait silence et j’ai le sentiment de saisir le réel lui-même dans sa forme jaillissante, avant toute configuration par le langage. Alors, j’entre dans l’émerveillement, verticale, vivante, joyeuse.

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• Plus large que l’ego

La montagne éveille un sentiment de l’existence plus large que l’ego étroit, une perception de la continuité du tissu du monde dans lequel nous sommes insérés, et de sa beauté.

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