Arne Næss

Portrait de Næss

Sur l’auteur

Couverture de Arne Næss

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Angoisse et joie

Selon Heidegger (un autre héros du pessimisme moderne), l’angoisse n’est pas une sensation isolée ou négative. L’esprit est si complexe que l’angoisse y coexiste toujours avec la joie. Il serait par conséquent illusoire de penser que l’on peut faire l’expérience de l’angoisse sans jamais céder à celle de la joie, car l’angoisse et la joie sont intimement liées l’une à l’autre.

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• Au centre d’un monde de faits, la joie

Il se pourrait que la prétendue « réalité physique », ainsi que la qualifie la science moderne, ne soit qu’une construction abstraite de la réalité mathématique – une réalité à laquelle nous sommes totalement étrangers et dans laquelle nous ne vivons pas. Notre environnement vivant est constitué de couleurs, d’odeurs, d’objets laids ou au contraire magnifiques, et c’est une pure folie que d’y rechercher un objet entièrement dépourvu de couleur, d’odeur ou de tout autre qualité sensible. Cette problématique présente une immense importance culturelle, car elle pose la question de la réhabilitation du monde sensible tel qu’il est vécu par les êtres humains, ce monde coloré et joyeux qui tisse la trame de nos vies quotidiennes. se situe la joie dans un monde de faits ? Au centre !

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• Nécessité de stabiliser et réduire la population humaine

La stabilisation et la réduction de la population humaine prendra du temps. Il faut donc mettre en place des stratégies provisoires. Mais cela n’excuse en rien la complaisance dont nous faisons preuve actuellement ; nous devons prendre conscience de l’extrême gravité de la situation présente. Plus nous attendons, plus nous serons obligés de prendre des mesures drastiques. Tant que des changements profonds n’auront pas été réalisés, nous courons le risque d’assister à une diminution substantielle de la richesse et de la diversité de la vie : le rythme d’extinction des espèces sera dix à cent fois supérieur qu’à n’importe quelle autre période de l’histoire humaine.

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• Cette montagne, comme un être divin

Quelles qu’aient été les influences, l’expérience de l’élévation (le passage de l’obscurité à la lumière, d’un univers oppressant à un monde apparemment illimité et chaleureux) était si forte que je me laissais envahir par un vague sentiment de nostalgie pour le paysage qui se découvrait au-delà de la forêt. Il y avait dans ce paysage une promesse de liberté qui dépassait tout ce que j’avais pu imaginer dans les basses-terres. […]

Cette montagne lointaine, majestueuse, puissante, sereine et magnifique est devenue de plus en plus importante pour moi, et j’en suis venu à la considérer comme une figure paternelle, bienveillante et protectrice, et même comme un être divin. Le Hallingskarvet est devenu à mes yeux le symbole du bien qui faisait tant défaut au monde et à ma propre vie.

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• Une invitation à l’élévation

Les montagnes sont grandes, très grandes, mais elles sont également imposantes. Au plus haut point. Elles possèdent une dignité et bien des aspects qui nous en imposent.

Elles sont solides, stables, immobiles. L’un des mots désignant les montagnes en sanskrit est a-aga, qui ne s’en va pas. Pourtant, curieusement, elles sont traversées par d’innombrables mouvements. Il arrive ainsi qu’une arête soit poussée vers les hauteurs, témoignant d’un puissant mouvement ascendant. La continuité de ce mouvement est parfois interrompue par des aiguilles ou des sommités rocheuses en forme de tour, mais elle symbolise néanmoins parfaitement la tendance des montagnes à se dresser vers le ciel, parfois même vers le firmament. La ligne de crête ne témoigne pas seulement d’un mouvement ascendant, la tension qu’elle manifeste vers les hauteurs opère également comme une invitation à l’élévation.

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