amour

Extraits étiquetés avec : amour

  • Faire confiance et créer de l'espace pour les sentiments

    Pour votre ego, les émotions créées par vos pensées paraissent toujours légitimes et font véritablement partie de votre identité. Pour votre corps, en revanche, la colère, le ressentiment, la peur, la suffisance ou l'autodérision générés par vos pensées sont de vrais poisons chimiques. Le cerveau libère des neuropeptides dans votre sang et vos muscles se raidissent, votre tension artérielle augmente, vos glandes surrénales sécrètent du cortisol et la résistance à l'insuline est proche. Il existe un mot simple pour décrire ces symptômes : le stress. Le genre de stress qui conduit aux maladies cardiaques, au diabète, aux congestions cérébrales et probablement à certains cancers, sans parler du sentiment d'être malheureux.

    Ironiquement, alors que l'ego justifie des émotions pouvant être très destructrices, comme le ressentiment et la haine, il ne vous permet pas souvent de vous arrêter sur des sentiments expansifs, comme la joie ou l'amour, et il fuit instantanément tout sentiment menaçant, comme l'impuissance. Et pourtant, le fait de vous ouvrir aux sentiments les plus élevés et les plus bas ne vous blessera jamais autant que les émotions destructrices. En faisant de la place à ces sentiments, vous pourrez établir une relation plus saine avec des situations apparemment inextricables (conflits familiaux de toute une vie, par exemple). Vous écarterez également vos doutes sur votre propre valeur. Il est sage de se méfier de ses émotions et d'apprendre à se libérer de celles qui nous empoisonnent, tout en apprenant à faire confiance et à créer de l'espace pour les sentiments, y compris les plus sombres.

    Couverture de Plénitude, empathie & résilience
    page(s) 22-23
  • Philia ambassadrice d'agapê

    La Grèce ancienne distinguait quatre degrés d'aimer : porneia, eros, philia, agapê, soit la sexualité basse et vulgaire, le désir amoureux, l'amitié, enfin l'amour pur et universel. Ainsi, l'amitié est ce qui s'approche le plus de l'amour véritable qui est don total, patience, non-jugement. Philia n'est pas la servante d'agapê, elle en serait plutôt l'ambassadrice. Philia joue aussi le rôle d'éducatrice d'eros, lui enseignant ce qu'il ne voit pas encore, l'élevant au-dessus du désir égoïste, de la soif de sensualité, du goût de la fusion et de l'appropriation.

    L'amitié est l'annonciation de l'Amour. Et il y a plus loin d'eros à philia que de philia à agapê.

    Couverture d'Aimer d’amitié
    page(s) 29
  • Un accord parfait

    Cicéron situe l'amitié si haut dans le ciel des vertus qu'au dessus d'elle ne figure que le Bien suprême. C'est une relation pleine de délicatesse, jamais intempestive, jamais pesante : « Retrancher de l'amitié le respect, c'est la priver de sa plus belle parure. » L'amitié est une force de cohésion et aussi d'émulation, un « accord parfait ». Cicéron ne distingue dès lors pas l'amitié de l'amour, si « aimer, c'est donner gratuitement son cœur à quelqu'un, non du tout parce qu'on est dans le besoin ou qu'on en espère un profit ».

    Couverture d'Aimer d’amitié
    page(s) 23
  • Aimer quelqu’un

    Aimer quelqu’un, ce n'est pas capter tous ses sentiments, toutes ses attentions et dévotions ; c'est aimer en lui ses capacités d'amour et d'ouverture.

    Couverture d'Aimer d’amitié
    page(s) 16
  • L'enfance détient l'énigme de la douceur

    Si l'amour et la joie ont des affinités essentielles avec la douceur, est-ce parce que l'enfance en détient l'énigme ? Car la douceur a, avec l'enfance, une communauté de nature mais aussi de puissance. Elle en est la doublure secrète, là où l'imaginaire rejoint le réel dans un espace qui inclut son propre secret, nous faisant éprouver une stupeur dont on ne revient jamais entièrement.

    Couverture de Puissance de la douceur
    page(s) 14
  • Le seul amour pur, celui pour son maître

    Selon l'analogie traditionnelle de la voie spirituelle, le seul être qui nous montre réellement de l'amour est celui qui nous indique le chemin. On peut éprouver de l'affection pour ses parents, ses frères et sœurs, etc., mais ce sont quand même des relations à problèmes, puisque la névrose y est à l'œuvre. La seule relation amoureuse pure qui puisse exister est celle qu'on établit avec son maître spirituel.

    Couverture de L´entraînement de l'esprit
    page(s) 34
  • Métanoïa & épistrophè

    La métanoïa ou l'épistrophè sont deux façons de revenir de notre absence. Par le dépassement ou le silence du mental, qui « laisse être ce qui est là tel que cela est » (métanoïa), ou par l'attention, la louange, l'invocation, qui nous fait revenir de notre oubli ou de notre distraction à ce qui est là, présent (épistrophè).

    L'art d'être présent, d'être la Présence réelle de ce qui est vivant, conscient, libre et aimant, Présence réelle du « Je suis » qui est la Vie, la Lumière, la Liberté et l'Amour ; c'est le grand Art, celui de la méditation ou plus exactement celui de la « vie contemplative »

    Couverture de L'assise et la marche
    page(s) 21
  • Être entièrement là

    Une vie qui n'a pas de centre, c'est une vie qui n'a pas de sens. La paix (hésychia, pour les Grecs, shalom pour les Juifs, shanti pour les Indiens), c'est d'être entièrement là… […]

    Une assise sans cœur est une verticale d'ennui.

    Une marche sans cœur est une horizontale sans fruit.

    Le centre n'est pas un point particulier du corps, mais une ouverture, un espace dans lequel nous accueillons tout ce qui est, avec lucidité, gratitude et compassion. Se tenir là où se tient l'astre, ou l'acte immobile, l'acte pur et premier, selon Aristote, « qui fait tourner la terre, le cœur humain et les autres étoiles »… Si ce n'est pas l'Amour, ça lui ressemble…

    Couverture de L'assise et la marche
    page(s) 12
  • La joie de vivre corrélée à l'amour de soi

    Quand je souffre, l'impasse tient à ce que, dans mon fonctionnement émotionnel, je m'identifie encore à la position de l'enfant dépendant de l'autre. […]

    On peut traverser une vie entière, convaincu que les autres, la vie nous sont adverses sans réaliser que l'amour qui nous fait cruellement défaut est le nôtre. […]

    Le seul amour qui puisse nous accompagner durant toute notre vie adulte est celui que nous nous portons. Il nous préserve de la souffrance. […]

    Nous pouvons observer autour de nous ce parallélisme entre la joie de vivre et l'amour de soi, entre la souffrance et le non-amour de soi.

    Couverture de Souffrir ou aimer
    page(s) 22-23
  • Souffrance et manque d'amour

    Lorsque nous faisons l'expérience d'une souffrance forte et durable, nous incriminons habituellement l'événement déclencheur : je souffre parce que j'ai été mal traité par l'autre, parce que j'ai perdu un proche, une position, la santé, parce que j'ai échoué, etc. […]

    L'autre, la vie, pour m'infliger une chose pareille, ne m'aiment pas. Autrement dit, je me sens aimé si l'autre ou la vie répondent à mes attentions. […]

    La souffrance traduit le manque d'amour dont je suis l'objet, comme, inversement, le bonheur naît du sentiment d'être aimé par l'autre ou par l'existence qui comble mes aspirations. Ce schéma élémentaire provient en droite ligne de l'enfant qui réagit selon un mode binaire, se sentant aimé quand ses attentes sont prises en compte et interprétant le « non » et les limites comme une dureté ou une méchanceté à son égard. […]

    Tant que l'extérieur porte la cause de la souffrance, tout espoir d'amélioration en dépend.

    Couverture de Souffrir ou aimer
    page(s) 20-21
  • Thérapie versus spiritualité

    Le versant thérapeutique guérit d'avoir été mal ou pas aimé et de ses conséquences, à savoir, souffrir de ne pas s'aimer soi-même, de peiner dans l'existence et d'être dépendant des autres.

    Le versant spirituel fait découvrir ce qu'est aimer, qu'il s'agisse de soi-même, des autres ou de la vie, car seul l'amour apporte une joie durable et toujours renouvelée dans le cœur.

    Swami Prajnanpad résumait de manière lapidaire les grandes étapes de la transformation intérieure : « Moi seulement ; moi et l'autre ; l'autre et moi ; l'autre seulement. »

    Couverture de Souffrir ou aimer
    page(s) 14
  • La mauvaise relation que nous entretenons avec l'émotion

    Entre ceux qui sont coupés de leurs émotions et ceux qui, à l'opposé, sont submergés par elles, la proportion de ceux qui vivent en bonne intelligence avec celles-ci reste minoritaire. De fait, la plupart des personnes qui viennent en thérapie voient l'émotion comme une perturbatrice dont il faut se débarrasser. On peut comprendre cette représentation négative, puisque l'émotion bouleverse le cours de notre vie psychique qu'elle domine sur le moment. Elle échappe à notre volonté de contrôle et nous fragilise dans nos rapports sociaux.

    Or ce n'est pas tant l'émotion qui est fauteuse de troubles que la mauvaise relation que nous entretenons avec elle : c'est sa répression qui engendre des perturbations mentales et physiques durables. La présence des émotions et, surtout, leur circulation fluide sont donc des caractéristiques essentielles de la bonne santé psychique. Je constate que certains, ayant déjà accompli un travail thérapeutique sérieux dans d'autres cadres, savent bien analyser leurs fonctionnements et les expliquer en faisant des liens significatifs avec leur passé, mais plafonnent dans leur processus de changement. Ils restent cantonnés à un plan verbal intellectualisé et manquent d'une connexion profonde avec eux-mêmes. C'est seulement lorsqu'ils contactent simultanément la représentation mentale et le ressenti émotionnel et corporel qui lui est associé que le changement peut se produire. L'émotion ressentie dans le corps apporte la saveur d'authenticité qui suscite l'adhésion : « Oui, c'est cela qui m'a atteint, blessé et engendré telle et telle conséquence… »

    Enfin, l'émotion recèle un grand potentiel : grâce à elle nous prenons conscience de ce qui nous touche, en positif comme en négatif, et nous entrons en contact avec notre sensibilité. Elle est la voie directe et incontournable d'accès au cœur, elle est le matériau brut à transformer pour le travail intérieur, en des sentiments plus ouverts et stables comme l'amour, la joie et la sérénité.

    Couverture de Souffrir ou aimer
    page(s) 13-14
  • Si le mal-être perdure

    Chaque être humain rencontre tôt ou tard des vicissitudes dans son existence et les surmonte comme il peut. Si le mal-être, la souffrance perdurent, si les échecs dans la vie affective et professionnelle se répètent, il commence à s'interroger sur son impuissance à changer. Pourquoi souffre-t-il, pourquoi ne parvient-il pas à réaliser ses désirs ni à construire, pourquoi se trouve-t-il en proie au doute, à l'insatisfaction, au manque ? Creusant cette question avec un thérapeute, il aboutira généralement au fait qu'il s'est senti mal aimé, qu'il a connu des abus, des carences, des pertes ou des ruptures affectives. Le lien central entre ces manquements à l'amour et la souffrance apparaîtra inévitablement.

    Couverture de Souffrir ou aimer
    page(s) 11
  • L'amour est indissociable de l'admiration

    Voici l'enseignement qu'on […] peut tirer aujourd'hui [de l'amour courtois] : sans respect, sans estime réciproque, l'amour ne saurait exister, le plus bel amour et le plus durable étant indissociable de l'admiration. Un amour où l'on se sent captif ou bien humilié est mortifère et faux. (Pour les troubadours un « amour dégradant » est un barbarisme.) Enfin un amour qui ne fait pas chanter, créer apparaît comme un triste simulacre et la seule attitude noble consiste à fuir ou à briser cette néfaste relation. La fin' amor nous rappelle les vertus d'honneur et d'admiration indispensables à toute relation digne.

    Couverture de L'éternel masculin
    page(s) 212-213
  • Le malheur véritable est de ne point aimer

    Le long énamourement des troubadours, le rituel minutieux qui préside à la rencontre avec la Dame ont pour sens de mettre à l'épreuve l'amant afin de discerner sa vaillance et son endurance, mais ils ne cherchent point à l'asservir ni à le tourmenter parce que la fin' amor vit dans le « joy » et propose cette joie du cœur comme souverain bien. […]

    Le climat de l'amour n'est pas le dénuement mais l'exaltation, la liesse, la profusion de beauté, la prodigalité. L'amour courtois est inséparable de l'éclat des parures, de l'élégance des gestes, de la finesse des étoffes, de la présence des oiseaux. […]

    Aimer c'est se maintenir dans le printemps, c'est garder la fraîcheur du regard, le désir intact, c'est sentir tout son corps renouvelé, allègre et gracieux.

    Amour noble, la fin' amor élève l'homme et le rend vertueux ; elle l'exalte et le rend joyeux. Un parfait amour requiert une parfaite joie. Pour les troubadours, aimer n'est pas une douleur, une amertume, mais ainsi que le dira plus tard John Donne une « Valédiction ». Le malheur véritable est de ne point aimer. Qui ne sait sourire, danser, chanter, qui ne ressent un plaisir intense même dans l'attente ou l'absence, celui-là n'est pas un amant courtois. On ne dira jamais assez combien cette conception de l'amour est originale parce qu'elle est aussi éloignée du libertinage mondain que des peines et blessures d'un Tristan.

    Couverture de L'éternel masculin
    page(s) 211-212
  • L'amour sous le signe de la liberté

    [L]es amants courtois montraient une méfiance, voire une répugnance à l'égard du mariage et de la procréation. Pour eux l'amour vit sous le signe de la liberté et ne peut s'enfermer dans des lois sociales pas plus qu'il ne dépend d'un instinct de survie : ainsi il demeure créateur, transformateur et subversif. Et il ne peut s'incarner que sous la forme du rituel. Les troubadours nous rappellent que la rencontre entre un homme et une femme est un moment exceptionnel et qu'un visage est unique : celui qui aime ne peut être que dans l'émerveillement. Le « pur amour » ne doit pas être banalisé par le « fait » charnel, quasi obligé selon le vulgaire ; il se suffit à soi-même et n'a pas besoin de preuves, tels les enfants communément et ridiculement nommés « fruits de l'amour », mais il se nourrit de rêves, d'incantations et de musique. L'union par le haut est première : c'est l'affinité des esprits, la fusion des cœurs qui donneront aux corps une joie immense, inouïe, lorsque enfin ils s'approcheront et s'enlaceront.

    Couverture de L'éternel masculin
    page(s) 209
  • Aimer, c'est célébrer et bénir

    Demeurer dans le désir, désirer la durée, c'est l'extraordinaire défi des troubadours. Bien méprisable est l'amant qui ne sait pas attendre, qui ne sait pas se maîtriser. L'amant courtois déplace les vertus de patience et d'endurance propres au guerrier sur l'échiquier de l'amour. La prière, l'humble requête, le long désir sont au centre du service d'amour : une ascèse assurément mais qui ne lèse point, au contraire enrichit et procure de fortes joies. Les diverses épreuves imposées par la Dame au troubadour n'ont rien de cruel ni d'humiliant mais font naître chez les deux amants des degrés d'émotions subtiles, une palette sensuelle sensuelle et imaginative très vaste. Au lieu de se précipiter dans le « fait », dans l'acte charnel qui est à la portée de n'importe quel imbécile, il s'agit pour l'homme comme pour la femme de savourer toutes les nuances et l'intensité de l'avant. Cet amour idéal repousse toujours plus loin les contingences terrestres, la réalité physique. Dans la satisfaction, le désir sombre alors qu'il demeure neuf dans l'espérance et s'embellit du culte de la Dame. Parce qu'ils ne font pas qu'attendre, les troubadours chantent, créent, imaginent, ils font d'eux un immense chant d'amour – à la gloire de la femme, sans nul doute, mais surtout à la gloire de l'Amour. Pour eux, aimer, c'est célébrer et bénir ; c'est entraîner l'univers entier dans leur unique désir.

    Les troubadours vivent désir comme illuminant et ils n'ont de cesse de le perfectionner. « Et d'amour naît chasteté », cette courte phrase de Guilhem Montanhagol à laissé perplexes beaucoup de commentateurs parce qu'ils ne connaissent plus le prix du long désir. Quand un troubadour s'éprend sincèrement d'une Dame, il n'a pas envie de « coucher avec » n'importe qui mais de dormir, oui surtout dormir auprès de l'unique aimée. La qualité de son amour se mesure à l'impossibilité de se dilapider ailleurs et aussi à la joie d'attendre dans la ferveur.

    Couverture de L'éternel masculin
    page(s) 208
  • Noble puissance du cœur

    Le dévot d'amour est d'abord un vaillant. Car l'amour se mérite et il exige courage, grandeur, prouesse. Il est inséparable du respect et de l'admiration. […]

    L'amour n'est pas un dû mais une élection et une exigence : aussi à son égard doit-on se montrer totalement loyal, fidèle, extrêmement délicat et sans cesse habité du désir de se perfectionner. […]

    Cet amour « aristocratique » est donc inaccessible aux lâches, aux pusillanimes, à tous ceux qui veulent une satisfaction assurée. […]

    Jusqu'au XVIIème siècle le cœur évoque une noble puissance, ensuite il suggère le sentiment, le romanesque : la rêverie s'est substituée à l'énergie prodigieuse que revendiquaient troubadours et chevaliers.

    Couverture de L'éternel masculin
    page(s) 206
  • L'amour vaut bien qu'on lui consacre sa vie entière

    Lorsqu'un homme aime une femme, même sans réciprocité, lorsqu'une femme aime un homme, même sans réponse, le Ciel se pose en vérité sur la Terre. La sublime joie d'aimer entraîne la perfection morale, le raffinement des manières, la délicatesse des sentiments. C'est une fièvre et c'est une élégance, c'est une fierté insigne et une humble douceur. C'est attendre en brûlant, c'est combattre en chantant. C'est s'ouvrir aux merveilles de l'univers et frémir devant le mystère. L'amour vaut bien qu'on lui consacre sa vie entière puisqu'il est la source de tous les biens et nous confère éternité. Ainsi sentaient les troubadours qui avec leurs poèmes énamourèrent les contrées d'Oc à l'aube du XIIème siècle et font battre aujourd'hui encore quelques nobles cœurs.

    Si l'Amour est créateur par excellence, la « fin' amor » est une de ses plus fabuleuses inventions et elle demeure l'honneur de l'Occident. Car l'amour courtois fraie une voie neuve et originale entre la conception héroïque de l'Antiquité et la conception chrétienne prônée par l'Église officielle : pour les guerriers antiques l'amour est ennemi de la vaillance, il engourdit la volonté et tue l'énergie ; quant aux chrétiens, ils ne trouvent justification de cet amour suspect que par la procréation, après l'avoir muselé dans le mariage. L'amour courtois, lui, s'affirme dès le départ comme une vertu et une bravoure, une finesse d'intelligence et une approche des réalités divines.

    Couverture de L'éternel masculin
    page(s) 204
  • Mortels et héros

    L'amour « insatisfait » n'est point synonyme d'amour malheureux. C'est toute la différence qui sépare la jouissance de l'espérance, et le rassasiement (si profane) du désir demeurant désir (si sacré !). C'est le fossé qui sépare les mortels, vivant en société et cherchant satisfaction ou gratification, y compris dans leurs histoires amoureuses, des héros, le plus souvent solitaires, qui aiment aimer et sont portés par cet ardent désir aux confins du monde et d'eux-mêmes. Les premiers veulent acquérir, réussir, les seconds vivent dans la quête et pour eux les mots de succès, d'échec n'ont aucun sens [à propos de Tristan & Iseut].

    Couverture de L'éternel masculin
    page(s) 195