L’art de la méditation

NiL, 2008
13 cm x 20 cm, 150 pages


Couverture de L’art de la méditation

Extraits de l'ouvrage

• Le fond lumineux de la conscience

[L]a qualité première de la conscience, qui est simplement de « connaître », n'est intrinsèquement ni bonne ni mauvaise. Si l'on regarde par-delà le flot turbulent des pensées et des émotions éphémères qui traversent notre esprit du matin au soir, on peut toujours constater la présence de cet aspect fondamental de la conscience qui rend possible et sous-tend toute perception, quelle que soit sa nature.

Le bouddhisme qualifie cet aspect connaissant de « lumineux », car il éclaire tout à la fois le monde extérieur et le monde intérieur des sensations, des émotions, des raisonnements, des souvenirs, des espoirs et des craintes en nous les faisant percevoir. Bien que cette faculté de connaître sous-tende chaque événement mental, elle n'est pas elle-même affectée par cet événement. Un rayon de lumière peut éclairer un visage haineux ou un autre souriant, un joyau aussi bien qu'un tas d'ordures, mais la lumière n'est en elle-même ni malveillante ni aimable, ni propre ni sale.

Cette constatation permet de comprendre qu'il est possible de transformer notre univers mental, le contenu de nos pensées et de nos expériences. En effet, le fond neutre et « lumineux » de la conscience nous offre l'espace nécessaire pour observer les événements mentaux au lieu d'être à leur merci, puis pour créer les conditions de leur transformation.

page(s) 15-16
• C’est toujours notre esprit qui fait l’expérience

Nous déployons beaucoup d'efforts pour améliorer les conditions extérieures de notre existence, mais en fin de compte c'est toujours notre esprit qui fait l'expérience du monde et le traduit sous forme de bien-être ou de souffrance. Si nous transformons notre façon de percevoir les choses, nous transformons la qualité de notre vie. Et ce changement résulte d'un entraînement de l'esprit que l'on appelle « méditation ».

page(s) 17
• Cultiver, se familiariser

Étymologiquement, les mots sanskrit et tibétain, traduits en français par « méditation », sont respectivement bhāvanā, qui signifie « cultiver », et gom, qui signifie « se familiariser ». Il s'agit principalement de se familiariser avec une vision claire et juste des choses, et de cultiver des qualités que nous possédons tous en nous mais qui demeurent à l'état latent aussi longtemps que nous ne faisons pas l'effort de les développer.

page(s) 17-18
• Notre richesse ignorée

Du point de vue du bouddhisme, chaque être porte en lui le potentiel de l'Éveil, aussi sûrement, disent les textes, que chaque grain de sésame est saturé d'huile. Malgré cela, nous errons dans la confusion comme des mendiants qui, pour utiliser une autre comparaison traditionnelle, sont à la fois pauvres et riches car ils ignorent qu'un trésor est enfoui sous leur cahute. Le but de la voie bouddhiste est de rentrer en possession de cette richesse ignorée, et de donner ainsi à notre vie le sens le plus profond qui soit.

page(s) 19
• Se transformer soi-même pour mieux transformer le monde

Cultiver l'amour et la compassion est un pari doublement gagnant : l'expérience montre que ce sont les sentiments qui nous font le plus de bien, et que les comportements qu'ils engendrent sont perçus par autrui comme bienfaisants.

Lorsque l'on est sincèrement concerné par le bien-être et la souffrance des autres, il devient nécessaire de penser et d'agir de façon juste et éclairée. Pour que les actes accomplis dans le but d'aider autrui aient véritablement des conséquences bénéfiques, ils doivent être guidés par la sagesse, une sagesse qui s'acquiert par la méditation. La raison d'être ultime de la méditation est de se transformer soi-même pour mieux transformer le monde, ou de devenir un être humain meilleur pour mieux servir les autres. Elle permet de donner à la vie son sens le plus noble.

page(s) 21
• L’entraînement de l’esprit

L’entraînement de l’esprit permet non seulement de remédier aux toxines mentales, comme la haine et l'obsession, qui empoisonnent littéralement notre existence, mais aussi d'acquérir une meilleure connaissance de la façon dont l'esprit fonctionne et une perception plus juste de la réalité. C'est cette perception plus juste qui nous permet de faire face aux hauts et aux bas de la vie, non seulement sans être distraits ou brisés, mais aussi en sachant tirer d'eux un enseignement profond.

page(s) 23
• L’esprit

D'après le bouddhisme, l’esprit n'est pas une entité mais un flot dynamique d'expériences, une succession d'instants de conscience. Ces expériences sont souvent marquées par la confusion et la souffrance, mais elles peuvent aussi être vécues dans un état spacieux de clarté et de liberté intérieure.

page(s) 25

Quatrième de couverture

Si l’apprentissage de la méditation est un long chemin que même les plus grands sages suivent toute leur vie durant, un exercice quotidien peut déjà transformer notre regard sur nous-mêmes et sur le monde. Tel est le propos de cet essai très accessible, à la fois guide spirituel et philosophique et initiation concrète à la pratique de la méditation.

Riche de sa double culture, de son expérience de moine, de sa connaissance des textes sacrés, de sa fréquentation des maîtres, Matthieu Ricard montre le caractère universel d’une méditation fondée sur l’amour altruiste, la compassion, le développement des qualités humaines. Et révèle les bienfaits que méditer peut apporter à chacun dans notre société ultra-individualiste et matérialiste pour découvrir et cultiver ses aspirations les plus profondes.