Par sa nature même, l'esprit n'est pas sombre, trouble ou agité. Dans sa nature essentielle, il est clair ; il est brillant, plein d'une intelligence rayonnante, ouverte, non conceptuelle et d'une tranquillité profonde.
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Extraits étiquetés avec : esprit
La nature de l’esprit
page(s) 15Trois piliers
Pour la plupart des écoles, le chemin intérieur s'appuie sur trois « piliers » traditionnellement présentés dans l'ordre suivant : l'exercice de la morale (sīla), celui du recueillement (dhyāna) et la compréhension des processus qui régissent l'existence (prajñā). Puisqu'il s'agit de réaliser un éveil, ces exercices doivent engager la totalité de l'être, corps et esprit. Même la compréhension des processus existentiels n'est pas appréhendée comme un savoir à acquérir mais comme une expérimentation directe de ces processus. [Éric Rommeluère]
page(s) 75-76Un entraînement du corps-esprit
Les traditions bouddhiques proposent un large éventail de pratiques psychosomatiques que l'on réunit généralement en Occident sous le terme de méditation. Bhavana, le terme original sanskrit pour les désigner, devrait être plus exactement traduit par « entraînement » : un entraînement qui associe habituellement une posture physique et un exercice mental. Seules quelques écoles bouddhiques d'Extrême-Orient ont délaissé la pratique formelle de la méditation au profit d'exercices de dévotion ou d'oraison. [Éric Rommeluère]
page(s) 75Trois qualités fondamentales : l’ouverture d’esprit naturelle
La troisième qualité, la bonté fondamentale, est l’ouverture d’esprit naturelle, l'infini de notre esprit aussi vaste que le ciel. Fondamentalement notre esprit est expansif, souple et curieux. Il est vierge de préjugés, pour ainsi dire. Il s'agit de l'esprit avant que nous ne nous limitions à un point de vue étroit fondé sur la crainte, un point de vue où autrui est soit un ennemi, soit un ami, soit une menace, soit un allié, soit une personne que nous aimons soit une personne que nous détestons ou qui nous laisse indifférents.
page(s) 15Le langage de l’unité
Aujourd'hui, l'image du mandala – cette figure tissée par des réseaux de liens autour d'un centre – touche nombre de gens […] Le mandala nous parle en effet la langue de l'unité – l'unité de notre corps, de nos émotions et de notre esprit, l'unité qui relie deux êtres humains qui s'aiment, l'unité qui relie la communauté de tous les êtres humains, l'unité qui nous relie à la nature.
page(s) 8Plus jamais isolé, coupé
La vraie, l'essentielle solitude – qui m'est propre et qui demeure inaliénable – renvoie en moi à ce noyau irréfragable, impérissable aussi. C'est ce qui est indestructible, souverain, inattaquable en moi. Certains disent : l'Esprit.
Lorsqu'un individu a pris contact avec ce noyau indestructible, a expérimenté cette solitude de l'Esprit, il peut ensuite vivre seul ou en couple, à la ville ou au désert. Il ne se sent plus jamais isolé, coupé.
page(s) 22Immobile comme un arbre
Ce maître [Wanshi] insistait sur la pratique de zazen immobile comme un arbre. C'est sur cette pratique que nous continuons à nous concentrer : bassin basculé en avant – genoux fermement enracinés dans le sol – colonne vertébrale étirée vers le ciel, sans bouger le corps quels que soient les phénomènes qui se manifestent mais aussi sans bouger l'esprit, sans poursuivre quoi que ce soit. Lorsque l'on pratique ainsi, l'esprit retrouve naturellement son caractère vaste, illimité.
page(s) 5Accueillir
[La] pratique qui consiste à faire bon accueil aux pensées, aux émotions et aux sensations porte le nom d'attention – traduction approximative du tibétain drenpa, « prendre conscience ». Ce dont nous prenons conscience, ce sont tous les processus subtils du corps et de l'esprit qui échappent d'ordinaire à notre attention parce que nous sommes concentrés sur la « grande image », l'aspect dominant de l'expérience qui détourne notre attention en nous submergeant ou en provoquant un désir irrépressible de prendre la fuite. Le fait d'opter pour l'attention réduit peu à peu la grande image en morceaux plus petits, plus gérables, qui apparaissent dans la conscience et en ressortent avec une incroyable rapidité.
En fait, il est un peu étonnant de découvrir combien l'esprit est intimidé quand on lui propose d'être son ami. Les pensées et les sentiments qui semblaient si puissants et solides s'évanouissent presque aussi vite qu'ils apparaissent comme des bouffées de fumée dispersées par le vent.
page(s) 30Faire connaissance avec son esprit
En tibétain, « méditation » se dit gom, d'après une racine qui signifie « se familiariser (avec) ». Selon cette définition, on peut comprendre la méditation telle qu'elle se pratique dans la tradition bouddhiste comme une façon de faire connaissance avec son esprit, aussi simplement que l'on fait connaissance avec quelqu'un lors d'une soirée.
page(s) 26La pratique de présence attentive (śamatha)
S'exercer à faire śamatha, terme sanskrit bien traduit par « la pratique de méditation de présence attentive » (mindfulness ; en tibétain : zhi gnas), repose sur un examen de la nature de notre esprit (et, par conséquent, de l'origine des schémas habituels) qui consiste à prêter attention à ce qui apparaît moment après moment. En d'autres termes, il s'agit d'utiliser l'activité de l'esprit pour aller au-delà de l'esprit, en observant l'expérience telle qu'elle se donne avec un regard frais et interrogateur. […]
La pratique est avant toute chose fondée sur une attitude de non-agir, qui s'incarne dans le fait de s'asseoir dans une attitude digne (sur le sol ou sur une chaise). […]
Une fois installé dans cette posture de base, on suit l'injonction de suivre « simplement » ce qui se passe sans s'y engager. Étant donné que l'on ne cesse de respirer, la respiration devient un fil conducteur typique, à titre de fil attentionnel. […]
Quoi qu'il ne soit pas dit par là que l'on arrête purement et simplement de sentir, de penser et d'avoir des émotions, ces activités sont considérées comme à distance, depuis la position d'un observateur détaché, à la manière de nuages sur le fond de premier plan qu'est la respiration qui se poursuit, inspiration dans les poumons, expiration dans les narines.
Telle est la manifestation condensée de l'aptitude à laquelle s'exercer par la pratique : développer une présence attentive à ce qui survient dans l'instant présent, avec la respiration comme point de focalisation. Étant donné que toutes sortes d'expériences surgissent du sein de cet espace d'attention, nous retournons explicitement notre attention vers « l'intérieur », de l'objet de l'attention vers l'activité consciente (l'acte, le vécu) qui le vise ; nous ne nous mettons pas à examiner son contenu, son surgissement, son émergence complète, puis à nouveau son retrait à l'arrière-plan.
Étant donné que des pensées qui nous distraient, des émotions ou des sensations corporelles apparaissent sur le fond de l'attention soutenue portée à la respiration, nous sommes à même de prendre conscience de l'importance des fluctuations par rapport au centre de la focalisation. Nous réalisons que nous n'avons pas simplement suivi notre respiration, mais que nous sommes partis, que nous étions ailleurs, suivant sans but une chaîne de pensées, d'imaginations, de rêves éveillés. Aussitôt que nous remarquons ce sursaut subit par où nous nous rendons compte que nous n'avons pas suivi l'instruction, nous abandonnons simplement la distraction à elle-même et revenons à la respiration, notre objet délibéré d'attention.
page(s) 390-391S’enraciner solidement pour s’épanouir
De même que la cime de l'arbre ne s'épanouit pleinement que si celui-ci est solidement enraciné, de même l'esprit ne se développe dans sa vraie mesure que s'il ne renie pas ses racines, c'est-à-dire s'il conserve constamment en lui le sentiment de l'unité originelle de la vie, de cette unité dont la vie humaine, comme toute chose, est issue. Mais que l'homme perde le contact avec cette vie originelle par une tension exagérée vers le haut et il dérange l'équilibre de ses forces ; le Moi, imbu de son importance, lui cache la voie vers le développement de son être profond alors que sa véritable destination est de préparer et de protéger cette voie.
page(s) 16Tout est esprit
L'école Yogācāra-Vijñānavāda est avant tout caractérisée par sa position philosophique de type dit idéaliste. Pour elle, il n'y a pas réellement de monde objectif, tout réside dans l'esprit, tout est esprit. Selon cette conception, les objets du monde extérieur n'existent donc pas en tant que phénomènes séparés de la conscience, ce sont avant tout des phénomènes mentaux, leur nature est celle d'objets de connaissance. Le monde sensible ne possède aucune réalité et n'existe pas en tant que tel, seule existe sa représentation consciente, que nous hallucinons par erreur comme solide. Le monde, dans cette perspective, n'existe pas en dehors de la représentation que nous nous en faisons.
Lorsque nous arrivons à réellement penser cette perspective, l'illusion que nous avons d'un monde objectif devient apparente, nous comprenons que le monde extérieur n'existe que dans notre esprit. Ce qui nous avait paru comme un support stable se dérobe, nous avons alors une certaine notion de la vacuité des phénomènes, condition de l'éveil.
page(s) 17Apprivoiser puis entraîner l'esprit
La discipline du Hīnayāna consiste essentiellement à apprivoiser l'esprit. Lorsqu'on travaille sur les différentes formes d'inattention, on devient graduellement consciencieux, précis et disciplinés. […]
Dans le Mahāyāna, on parle plus d'entraîner l'esprit. C'est le prochain pas. L'esprit est déjà apprivoisé, on peut donc l'entraîner.
page(s) 28Regarder en toute simplicité qui nous sommes
La solitude calme permet de regarder honnêtement et sans agressivité notre propre esprit. Nous pouvons progressivement laisser tomber nos idéaux à propos de celui que nous devrions être, ou de celui que nous croyons vouloir être, ou de celui que nous croyons que les autres croient que nous voulons ou devrions être. Nous y renonçons et nous regardons, en toute simplicité, avec compassion et humour celui que nous sommes. Alors la solitude n'est plus une menace ni un chagrin ni une punition.
page(s) 88-89 (9 - Six sortes de solitude)Comme un lac de montagne sans rides
Le bien-être de l'esprit est comme un lac de montagne sans rides. Quand le lac n'a aucune ride, on peut tout y voir.
page(s) 60 (6 - Éviter de nuire)Esprit agité et esprit clair
En tibétain, il y a plusieurs mots pour désigner l'esprit, mais il y en a deux qui sont particulièrement utiles : sem et rigpa. Sem c'est ce dont nous faisons l’expérience sous forme de pensées discursives, ce flot de bavardage qui renforce constamment l'image de nous-mêmes. Rigpa signifie littéralement « intelligence » ou « clarté ». [...] Chaque fois que nous arrêtons de nous parler à nous-mêmes, rigpa est constamment là.
page(s) 49 (5 - Il n'est jamais trop tard)Dans la sauvageté, l'esprit s'unit au souffle primordial
Ces lieux sauvages, la montagne mais aussi les falaises des rivières, les causses et les pics karstiques, depuis aussi longtemps qu'on s'en souvienne, ont toujours attiré les ermites, les sorciers, les poètes et les peintres, tous hommes épris d'une dimension du réel visible aux seuls yeux des Immortels. Sur les crêtes des chaînes rocheuses, entre les nuages, l'épine dorsale du dragon se devine ; en présence des formes énergétiques du paysage, l'esprit s'unit au souffle primordial.
page(s) 72Notre nature intacte et originelle
Le bouddhisme indien, assez indifférent à la nature, au contact de la sensibilité taoïste, en Chine, devient doctrine de l'immanent, aussi la représentation picturale peut-elle devenir l'expression de l'expérience intime de la siccité (ou ainsité, traduction du sanskrit tathatā), vraie nature silencieuse et immuable de toutes choses qui n'apparaît dans l'esprit du sage que lorsque – en son plus intime – il a fait place au silence. Dans ce silence, miroir originel et équanime de l'esprit, la branche de pin se reflète comme à la surface limpide de l'eau glacée des montagnes. Dans cette eau immobile où se mire la branche du pin, les nuages – que rien ne retient – à leur gré défilent librement. […]
Joie intime de la paix retrouvée en un fond des montagnes qui est aussi un fond de nous-mêmes, notre nature intacte et originelle.
page(s) 55-56Le geste qui rassemble le corps, l'esprit et l'espace
[C]'est ce mouvement du corps qui est esprit et de l'environnement qui est corps, c'est ce mouvement qui se dessine dans un geste. Le geste n'est pas ajouté à la situation, il en est le signe. Le geste n'est pas isolé, il fait signe. Il abolit le langage parce qu'il le porte à son comble. […]
Les mots, en effet, ne peuvent pas ne pas fragmenter le parcours des choses et des êtres et donc le freiner ou l'arrêter. Seules la musique et la danse. Seul le geste qui déjà rassemble le corps, l'esprit et l'espace peut signifier à d'autres signes, puis à tous les signes à la fois. C'est cela sentir partout à la fois.
page(s) 344-345 (Il suffit d'un geste)Une préparation à la danse dans votre vie
Mais oui, c'est tout entier que vous avez été impliqué. Une sorte de gymnastique totale, une préparation à la danse dans votre vie. La souplesse, la légèreté, la liberté, c'est dans votre esprit comme corps dans votre corps comme esprit que vous les avez ressenties.
page(s) 335 (Il suffit d'un geste)