non-ego

Extraits étiquetés avec : non-ego

  • Vacuité, source de plénitude

    Si l'univers que nous percevons est un rêve, alors quelle est la réalité ? Qu'y a-t-il derrière le voile de la Maya, l'illusion ? Est-ce une créature monstrueuse à la Lovecraft ? Un être à quatre dimensions aux propriétés étranges ?

    Pour les bouddhistes de l'École Sautrāntika – apparue aux alentours du IIème siècle avant J-C. et qui s'opposa à la scolastique bouddhiste – la réalité est profondément discontinue. Toute perception, tout état interne ou externe, sont composés d'instants (ksana) qui se suivent les uns les autres, jaillissent et disparaissent, entrecoupés de minuscules moments de vide.

    Si nous ne voyons pas cette réalité, c'est que nous manquons d'attention, de cette « vision profonde » que donne la pratique spirituelle.

    Pris par la dynamique de l'illusion, ces instants forment une image ayant une apparence de continuité. Cette image illusoire qui se superpose à la réalité discontinue des instants, se nomme samtana (santanapāli). Samtana est le rêve qui nous illusionne.

    Robert Kientz qui pratique la méditation vipassanā auprès d'un moine bouddhiste en Birmanie, eut la révélation de cette discontinuité universelle.

    Après plusieurs semaines de pratique, son corps, son esprit, le monde entier, lui apparurent dans leur réalité. Cette réalité est une succession d'états de conscience distincts qui apparaissent, disparaissent, extrêmement rapidement, beaucoup trop rapidement pour être saisis par la conscience ordinaire. Rien n'était fixe, même son corps prenait une apparence puis une autre.

    Il n'y avait aucun « moi » stable, aucune essence permanente, aucune substance fixe. Les phénomènes surgissaient du vide et y retournaient sans but, sans raison. Il n'y avait pas de penseur, seulement des pensées qui se succédaient, pas de « moi » percevant, seulement des perceptions.

    Toute forme se révélait éphémère, fluctuante, instable, et c'était le sens le plus profond de l'impermanence dont parle le Bouddha qui n'est pas une simple théorie philosophique, mais le fruit d'une expérience précise. […]

    Ultimement l'univers est donc vacuité et ce vide qui est le réel est source de plénitude.

    Couverture de L’univers est un rêve
    page(s) 45-47
  • C’est si simple

    Je reçus ma première instruction de méditation. Je fus surpris de me trouver exposé à l'espace inconditionnel, à l'espace au-delà de la conscience commune, laquelle est toujours préoccupée par son propre ressassement. Plus de bavardages !

    Être. Simplement être.

    C’était donc si simple. Le geste du Bouddha consiste à s'asseoir pour toucher un sens d'être inconditionnel. Je m'étais en partie trompé. Suivre la voie du Bouddha est plus simple que je ne l'avais pensé et permet d'embrasser la beauté et la gravité de notre existence sans en rejeter aucune part.

    Couverture de Chögyam Trungpa
    page(s) 17
  • Dissolution du moi

    Chaque fois que nous sommes en rapport à quoi que ce soit de réel, la dissolution du moi, d'une manière plus ou moins claire et profonde, est à l'œuvre. Le chemin bouddhiste ne consiste qu'à reconnaître cette vérité, à lui donner droit et à prendre véritablement acte de son impact.

    Couverture de Introduction au tantra bouddhique
    page(s) 24
  • Un espace s’ouvre

    Lorsque nous sommes pleinement en rapport avec la situation, le sentiment de moi se distend, voire se dissout. Lorsque nous sommes avec un ami, un espace s’ouvre, l'espace même de l'amitié. Nous sommes d'autant plus proche de lui, avec lui, que nous ne sommes plus concernés par nous-même, qu'il n'y a plus cet observateur qui s'assure sans cesse que la situation lui est favorable ou non.

    Couverture de Introduction au tantra bouddhique
    page(s) 23
  • Le chemin du décentrement

    [L]e Bouddha, contrairement à nombre d'idées reçues, ne nous invite pas à méditer, replié sur nous même pour chercher une sorte de paix mièvre et sécurisante – mais à apprendre à être toujours plus ouvert, sans attente ou préconception, face à tout ce qui peut survenir. Le Bouddha nous montre le chemin de ce décentrement qui nous place dans l'ouverture de notre existence – qui est d'avance relation. Le « soi » ne se libère que là où disparaît le soi-même. Alors que le moi-même, le moi confirmé par le même, est psychologiquement saisi, le « soi » jamais ne se saisit ou se fige – toujours il est pur secret que rien ne peut réussir à profaner.

    Couverture de Pourquoi n’y a-t-il pas de chemin spirituel possible sans un maître
    page(s) 17
  • Vivre proprement

    Vivre proprement, c'est comme agir de façon droite, cela peut paraître moralisateur et pourtant il s'agit juste de tendre vers la cohérence, qui donne sens à une vie, dans laquelle on se disperse de moins en moins en découvrant la valeur de la paix dans son existence.

    La morale du chercheur spirituel n'a rien à voir avec la morale liée à la peur de celui qui veut être comme il faut en société. Le chercheur, au fur et à mesure qu'il gagne en maturité, aspire à une vie nette, claire, où les qualités de cœur dirigent son quotidien, il n'est plus dirigé par son seul intérêt personnel.

    Couverture de Cheminer avec la méditation
    page(s) 44
  • Écouter quelqu'un

    Écouter quelqu'un, c'est se mettre à sa place pendant qu'il parle. Se mettre à la place d'un être dont l'âme est mutilée par le malheur ou en danger imminent de l'être, c'est anéantir sa propre âme. C'est plus difficile que ne serait le suicide à un enfant heureux de vivre.

    Couverture de La personne et le sacré
    page(s) 72
  • L’absence d’identité substantielle

    [J]e ne vais m'intéresser ici qu'à un angle d'attaque du projet, à savoir la signification centrale de śūnyatā en tant qu’absence d’identité substantielle, tout autant dans les apparences du monde que dans notre identité personnelle.

    Couverture de Le cercle créateur
    page(s) 382-383
  • Un hara solidement ancré

    C'est […] dans un comportement qui ne met pas l'accent sur le moi que se manifeste le présence d'un hara solidement ancré.

    Couverture de Hara
    page(s) 24
  • Le non-moi : la bonté primordiale

    Une attitude éveillée rayonne naturellement vers l'extérieur dès que nous ne sommes plus si centrés sur nous-mêmes. Le non-moi se compare à la bonté fondamentale ou à la nature-de-bouddha, c’est notre être inconditionnel. C'est ce que nous avons toujours et ne perdons jamais vraiment.

    On peut définir l'ego ou le moi comme tout ce qui cache la bonté fondamentale. Du point de vue de l'expérience, qu'est-ce que l'ego dissimule ? Il masque l'expérience d'être simplement là, d'être complètement là où nous sommes, reliés au caractère immédiat de notre existence. L’absence d'ego est l'état d'un esprit ayant une confiance totale dans le caractère sacré du monde.

    Couverture de Quand tout s’effondre
    page(s) 92-93 (10 - Manifester de la curiosité envers son existence)
  • Faire retour

    À l'automne d'une vie, le sage épris de Tao, en Chine, fait retour. Le Daodejing ne dit-il pas : « Lorsqu'on a fait de grandes choses et obtenu de la réputation, il faut se retirer à l'écart » ? Le fonctionnaire-lettré, à l'issue d'une vie au service du pouvoir, n'aspire plus qu'à une chose, au calme et au repos.

    [idéogramme chinois] fan, « retour », est un autre nom du Tao. Se retirer au sein des montagnes et eaux, c'est cesser de se disperser dans le monde de poussières et, en accomplissant le mouvement même du Tao, faire retour à l'origine. En s'établissant dans la campagne et vivant une vie simple, l'homme de la voie épure une existence auparavant troublée par les passions. Dans le calme tout naturellement revient la transparence foncière de l'être, puis bientôt la vision de la racine, qui puise dans une absence à soi-même et y trouve l'équanimité. Pour l'adepte du bouddhisme, de l'apaisement naît la connaissance suprême et l'extinction.

    Couverture de Voyageant parmi les nuages
    page(s) 77
  • Une harmonique de notre nature profonde

    Prajñā, la sagesse bouddhique ou perfection de sapience, ainsi, d'emblée est une pierre de touche, dès le premier contact cette pénétrante est reconnue, car elle constitue une harmonique de notre nature profonde. Après, intuitivement, il suffit d'avancer, car ce que que nous avons rencontré nous l'avons reconnu comme plus vrai que nos vérités anciennes. C'est ainsi qu'imperceptiblement notre centre de gravité se déplace, et son assise se révèle une fondation inébranlable. De fait, celle-ci, car nous avons atteint une dimension métaphysique, s'est élargie, très au-delà des limites maintenant périmées de notre moi.

    Couverture de Le sourire du Bouddha
    page(s) 13
  • Un amandier en fleur qui vient à notre rencontre

    Ils marchent en projetant devant eux, à moins d'un mètre, l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes : leur âme arrogante ou craintive leur ouvre le chemin. Le saint est celui qui avance précédé par la seule idée qu'il se fait de Dieu – un amandier en fleur qui vient à notre rencontre.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 143
  • Les facettes de l'impermanence

    En fait, le terme « impermanence » comprend aussi les concepts de non-soi, de vacuité, d'interconnexion, de non-manifestation (alaksana) et d'état sans objet (apranihita).

    Couverture de La respiration essentielle
    page(s) 44-45
  • La vérité dont nous pouvons tous faire l'expérience

    [L]e Bouddha nous conduit au stade où, par une compréhension issue de notre propre expérience, l'ego se dissout naturellement. Il ne s'agit pas là d'un jeu intellectuel, ni d'un jeu émotionnel, ni d'une croyance aveugle. Ce n'est pas non plus un dogme, ni un culte, ni une philosophie. C'est la vérité, la vérité dont nous pouvons tous faire l'expérience, que nous soyons chrétiens ou musulmans, hindous ou jaïns, birmans ou américains, russes ou chinois. La loi de la Nature est la loi de la Nature, elle est universelle.

    Couverture de Trois enseignements sur la méditation Vipassana
    page(s) 33
  • Lâcher prise, sans se retourner

    [Q]uand on lâche prise, sans se retourner, on découvre en fait le secret de la joie et de l'amour. L'énergie circule, sans s'épuiser en attachements ou en défenses, mais en s'exprimant de manière égale dans l'attention sans choix et la sollicitude. L'ego relâchant ses griffes, nous trouvons le bonheur dans l'insécurité et notre vie devient une méditation spontanée sur tout ce qui est.

    Couverture de La voie du non-attachement
    page(s) 11
  • La quiétude libère, mais crée du désir

    Dans la méditation connue sous le nom de śamatha se basant sur la concentration, il advient que les activités du moi se suspendent momentanément et que, par-là, le flot de l'être n'étant plus entravé par l'attachement égotique et les conflits existentiels, il se libère.

    Cet état d'extase, on voudra le voir se répéter. Au cas cependant où le désir est exaucé, il n'aidera en rien son bénéficiaire à se libérer du désir lui-même.

    Couverture de La voie du non-attachement
    page(s) 8
  • La maîtrise libère de l'ego

    Plus on maîtrise la technique imposée par un travail, plus il est possible de se passer de l'attention requise, et plus il est facile de déplacer l'accent de l'extérieur vers l'intérieur. […]

    C'est là que se révèle la vérité du vieux dicton japonais : « Toute chose peut acquérir une valeur religieuse, mais à la double condition d'être simple et de pouvoir être répétée. »

    La maîtrise libère l'homme du joug de son « moi » qui se veut inquiet du succès. Elle lui donne la possibilité de se rendre indépendant de ce besoin d'être approuvé par le monde.

    Couverture de Pratique de la voie intérieure
    page(s) 18
  • La méditation de vision pénétrante

    La famille [de méditation] de la vision pénétrante ([vipassanā]) est la mise en jeu de la dimension essentielle de l'esprit, cette vision lucide, transcendante, non duelle, de ce qui est comme c'est. Cette expression spontanée, non empêchée, de la sagesse ultime qui nous éclaire est à la fois le moyen de la libération et le témoignage de ce que la liberté est déjà là.

    La vision transcendante est l'agent de la dissolution de tous les liens et de la connaissance intégrante de tous les points de vue partiels. Seule véritable force de transformation et de libération, elle peut s'exercer même sans culture systématique de la concentration, bien que cette dernière en facilite et accélère les effets. […]

    [C]ette attention claire et ouverte réalise la connaissance juste et la transformation par la disparition des obstacles affectifs et cognitifs, que la construction historique du moi oppose à l'élargissement de la conscience. Elle effectue ce qu'on peut appeler la « désautomatisation », ou la déprogrammation des processus cognitifs figés. La désidentification d'avec ce moi – ultimement « illusoire » comme dit le bouddhisme, bien qu'il ait été temporairement nécessaire – constitue la tâche fondamentale, et redoutable, du pratiquant d'une voie spirituelle ; elle culmine dans la réintégration en Dieu, l'identité suprême, l'identification Atman-Brahman, le nirvāna, la cessation définitive de toute trace d'ignorance et d'attachement au désir et à la répulsion.

    Couverture de Méditation et psychothérapie
    page(s) 53-54
  • Un entraînement physique et mental, éclairé par l'esprit

    En pali, le terme technique bhāvanā, que l'on traduit inexactement par « méditation », serait mieux rendu par « exercice » (c'est aussi le sens de gompa en tibétain), en comprenant qu'il s'agit d'un entraînement physique et mental, éclairé par l'esprit, qui vise à développer, transformer puis dépasser le moi empirique.

    L'erreur courante, due au sens français issu de la réflexion intellectuelle, consiste à limiter l'exercice à son niveau mental et conceptuel, alors qu'il intéresse indissolublement le corps, le mental – sous tous ses aspects – et l'esprit.

    Couverture de Méditation et psychothérapie
    page(s) 50