poésie

Extraits étiquetés avec : poésie

  • Danger de l’excès de maîtrise

    Danger de la préférence excessive accordée à la pensée communicable, montrable, détachable, utile et valeur d'échange au détriment de la pensée profonde et continuant en profondeur. Danger de sa trop constante socialisation.

    Danger surtout de l’excès de maîtrise, de la trop grande utilisation du pouvoir directeur de la pensée qui fait la bêtise particulière des « grands cerveaux studieux », qui ne connaissent plus que le penser dirigé (volontaire, objectif, calculateur) et le savoir, négligeant de laisser l'intelligence en liberté, et de rester en contact avec l'inconscient, l'inconnu, le mystère.

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 30
  • Le langage, une grande machine prétentieuse, maladroite

    Le langage paraissait une grande machine prétentieuse, maladroite qui ne faisait que tout fausser, qui d'ailleurs allait s'éloignant dans une grande distanciation, dans l'indifférence.

    Au point qu'il était tenté de s'enfermer dans un mutisme absolu.

    Dans cet état, en effet, c'est faire preuve d'intelligence que de lâcher les mots, et de bêtise que de s'y accrocher (en manquant ainsi l'occasion du dépassement).

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 28-29
  • Une pensée est énergie

    Ainsi ou autrement, se voit alors de façon spectaculaire qu'une pensée, même de découragement, est énergie, est apparition d'une certaine quantité d'énergie, qui prend place, qui prend des places successives, qui fait précipitamment ses formations, rapides, rapides, jusqu'à ce qu'après de multiples rebonds elle s'arrête, à plat, épuisée, sa vie accomplie.

    En toutes ces façons, la pensée montre une frappante et comme électrique discontinuité (au lieu de la continuité et de la liaison qui est le fait et la tendance de la phrase), et qu'à ces moments [1] au moins ce n'est pas pour rien qu'elle est liée à des neurones qui périodiquement se déchargent.

    1. Simultanément toutefois, plate-forme inattendue, détachement inouï, vient alors une conscience d'au-delà, d'un absolument au-delà, dos tourné à tout superficiel ou accidentel. Une conversion à l'ESSENCE s'est opérée, à l'Absolu.

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 26-27
  • Réfléchir, c’est être en plein montage

    Féérie de montages. Réfléchir, c’est être en plein montage. C'est là qu'on voit la nécessité d'avoir force (ou volonté), pour arriver à agir, placer, déplacer, rappeler, maintenir.

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 23
  • La nature unique du penser

    Qu'est donc qui lui apparaissait tout à l'heure d'une façon si particulièrement claire et allant de soi ?

    C'est la nature unique du penser, sa vie à part, sa naissance soudaine, son déclenchement, son indépendance qui le tient à cent coudées au-dessus du langage à quoi il ne s'associe que peu, que momentanément, que provisoirement, que malaisément. Au mieux, le précédant, le rejoignant un instant pour repartir en avant, faisant vingt fois le chemin, ou cent fois, en avant, de côté (et à côté), revenant pour repartir plus loin, libre, jamais pour longtemps mêlé à rien de verbal ou de gestuel ou d'émotionnel, jamais vraiment enfoncé dedans ou s'y confondant.

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 21
  • Voir ses pensées comme des particules

    Cet abîme d’inconscience journalière soudainement découvert, confondant et tel que je n'allais plus pouvoir jamais l'oublier, m'avertissait de la rechercher ailleurs, elle aussi omniprésente, au point que l'on pourrait presque dire que le penser est inconscient. Il l'est sans doute à 99 %. Un centième de conscient doit suffire.

    Microphénomène par excellence, le penser, ses multiples prises, ses multiples micro-opérations silencieuses de déboîtements, d'alignements, de parallélismes, de déplacements, de substitutions (avant d'aboutir à une macropensée, une pensée panoramique) échappent et doivent échapper. Elles ne peuvent se suivre qu'exceptionnellement sous le microscope d'une attention forcenée, lorsque l'esprit monstrueusement surexcité, par exemple sous l'effet de la mescaline à haute dose, son champ modifié, voit ses pensées comme des particules, apparaissant et disparaissant à des vitesses prodigieuses. Il saisit alors son « saisir », état tout à fait hors de l'ordinaire, spectacle unique, aubaine dont, toutefois, pris par d'autres merveilles et par des goûts nouveaux, par des jeux de l'esprit dont auparavant il eût été incapable, le drogué songe peu à profiter.

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 11-12
  • Les mécanismes bien plus que les idées

    Je voudrais dévoiler le « normal », le méconnu, l'insoupçonné, l'incroyable, l'énorme normal. L'anormal me l'a fait connaître. Ce qui se passe, le nombre prodigieux d'opérations que dans l'heure la plus détendue, le plus ordinaire des hommes accomplit, ne s'en doutant guère, n'y prêtant attention aucune, travail de routine, dont le rendement seul l'intéresse et non ses mécanismes pourtant merveilleux, bien plus que ses idées, à quoi il tient tant, si médiocres souvent, communes, indignes de l'appareil hors ligne qui les découvre et les manie.

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 9
  • La vérité est ineffable et intransmissible

    L'hôte, l'ermite, est celui qui sait que la vérité est ineffable et intransmissible. Sa réponse, c'est la cabane au simple loquet de bois, laissée vide, c'est l'absence. Ici bouddhisme et taoïsme utilisent le même mot : [idéogramme chinois] kong, le vide. Le visiteur confronté au vide se retrouve seul avec lui-même, frustré ou mélancolique. C'est alors pour lui, s'il en a la sagesse, la chance de comprendre par lui-même.

    Appuyé au tronc d'un pin, le visiteur, depuis les hauteurs, contemple le monde de poussières d'où il est venu. Le poète, cependant, pour ne pas troubler la pureté de l'atmosphère des cimes, ne parle qu'à demi-mot ou même ne dit rien. Il sait qu'on ne peut pas montrer l'esprit-bouddha ou le tao en montrant quelque chose. Et pourtant, par la magie de son art poétique, c'est ce qu'il fait.

    Couverture de Voyageant parmi les nuages
    page(s) 51
  • Vers la complétude (saisie et dessaisies)

    On reçoit
    on reçoit
    on a l'enchantement de recevoir
    de secrètement sans fin
    L'impalpable recevoir

    JOUR DE NAISSANCE DE L'ILLIMITATION

    Un autre Monde m'accepte
    m'agrée
    m'absorbe
    m'absout

    Armistice des passions

    Des bancs de clarté
    souterrainement
    souverainement

    L'émanation d'exister
    l'agrandissement d'exister
    le promontoire, l'impétuosité d'exister

    Je suis à l'arrivée de la plénitude
    L'instant est plus que l'être
    L'être est plus que les êtres
    et tous les êtres sont infinis

    J'assiste à l'invasion qui est une évasion

    Temps mobile
    à plusieurs étages
    ascendants, panoramiques

    Un invisible véhicule m'emporte

    Résonance
    Résonance de toutes parts
    Présences
    J'entends des mots qui prophétisent
    à haute voix

    Parcours
    Parcours sur un fil

    La lenteur de la conscience
    lutte contre la vitesse d'inconscience

    Démis des sens
    Pris par l'essence

    Une conscience en cercle
    sur ma conscience
    se pose
    se superpose

    J'existe en double

    Entre les lignes de l'Univers
    un microbe est pris

    Éboulements
    éboulements indéterminés

    Visionnaire par extension
    par limpidité
    par surcroît

    Les mots relus dans les flammes
    et la relégation s'étendent
    s'étendent
    vastes, sacrés, solennels
    en lumières violentes
    en bourgeonnements

    Infini
    Infini qui n'intimide plus

    Je lis
    Je vois
    je parcours l'évangile des cieux ouverts

    Lumière
    Je viens
    J'habite la lumière

    Souleveuses impuissances

    Accès à Tout

    … à s'y méprendre

    Miséricorde par ondulations
    Miracles dans un miracle

    Ondes me propagent
    indéfiniment me prolongent

    Mosaïques
    du plus petit
    de plus en plus petit
    du plus humble
    du plus subdivisé

    Colloïde

    Des moments crient
    Trompettes assurément longues

    L'édifice plie
    j'avais des jambes autrefois
    La main aussi se détache

    Des mots interviennent
    pour me traverser

    Je saute d'une clairvoyance
    dans une autre clairvoyance

    L'ouïe comblée
    C'était il y a trente ans
    C'est maintenant
    Carillon rétrospectif

    Une plante m'écoute

    Facettes en faucilles
    qui me mettent en frissons

    Tremblement au-dedans des éléments

    Mon cœur voudrait prendre le large

    L'or de l'ininterruption s'amasse

    Afflux
    Afflux des unifiants
    Affluence
    l'Un enfin
    en foule
    resté seul, incluant tout
    l'Un
    Spacieux
    sanctifiant
    espacement au point culminant
    au point de béatitude

    Rédemption
    Le monde entre en vibration
    avec le sentiment de l'Indicible

    Le solide, le dur, le construit
    est troublé par le léger, l'impalpable

    L'Impérissable déplace, dément le mortel
    Le Sublime éponge, dévaste le commun
    Le Sublime hors du sanctuaire

    Oscillant dans l'immense
    l'écho
    où réside l'être
    au-delà de l'être

    Calme

    Recherche
    Une comparaison fouille pour moi

    J'avance

    pour la continuation
    pour la perpétuation

    Des portes font le guet

    De forts rideaux de pression

    Progression d'abandons
    À nouveau la cohérence se desserre
    Circonstanciel devient centre
    À contretemps un trou noir…
    la poitrine se détache
    De beaucoup à nouveau me déleste

    Plus d'occupant
    Carcasse en feuilles mortes
    Dans combien de temps la résurgence ?

    Une pensée fait une fugue
    Significations décollées

    Les brisures prennent la route

    Orienté autrement
    grelottant au chaud

    Le lieu de la compréhension
    ne rejoint plus les lieux de l'excitation

    Des impressions d'intentions étrangères

    Vibrations
    Vibrations-fouets

    Un son vient de l'ombre
    aussitôt forme une sphère
    une grange
    un groupe
    une armada
    un univers d'Univers

    dégrisé
    totalement dégrisé de l'habituel
    contredit contredisant contradictoire
    lié délié
    étouffé éclatant
    proclamé oblitéré
    en brèche nulle part
    unique cent mille
    perdu
    partout

    je ne lutte plus
    je m'amalgame

    L'infini est une région
    S'y diriger

    Cela en quoi le mal se manifeste
    Cela en quoi le bien se manifeste…

    D'un coup
    un voile fait des milliers de voiles
    de l'opacité,
    de l'opposition des créatures
    est écarté

    Bivouac en plein ciel

    Sources
    Plus de demain
    Plus de missions

    Je n'ai pas d'origine
    Je ne me rappelle plus mes épaules
    Où donc le dispositif pour vouloir ?
    après un long voyage

    Rien
    seulement Rien
    « Rien » s'élève du naufrage

    Plus grand qu'un temple
    plus dur qu'un dieu

    « Rien » suffit
    frappant le reste d'insignifiance
    d'une inouïe, invraisemblable
    pacifiante insignifiance
    Bénédiction pour le « Rien »
    pour l'éternité
    « Rien »
    réjouissant le cœur
    distribué à tous

    La table vit de moi
    je vis d'elle
    Est-ce tellement différent ?
    Existe-t-il quoi que ce soit
    de totalement différent
    manteau table tissu tilleul
    colline sanglier
    différents seulement
    parce que semblables

    Par-dessus tout
    effaçant tout
    Unité
    Totalement
    Tous les êtres
    le règne de l'existence commun à tous
    Magnifique !

    La grande flaque de l'intelligence
    étendue sur le monde
    inerte
    apaisée
    sans compétition
    sans griffes
    sans ambition

    en voie de rencontre
    embrassant embrassé
    Monde

    Perdus les outils
    retrouvée la semence

    Le comble
    le comble m'appelle
    seulement le comble

    Universels bras qui tiennent tout enlacé

    Univers donné
    donné par dépouillement

    Ablation
    Oblation
    union dans le tréfonds

    Attirance
    Porté à une puissance plus haute
    à une puissance
    invraisemblablement haute

    Séparé de la séparation
    je vis dans un immense ensemble
    inondé de vibrations

    la poitrine aux cent portes ouvertes

    Une flotille d'embarcations part de nous
    part de tous

    Dans le dénuement est conféré l'aigu
    le plane, le grand, le grandiose
    l'agilité, l'unicité, l'étendue
    l'énormité, la libéralité

    Instruit invisiblement

    Un lieu est donné
    quand tous les lieux sont retirés

    À personne
    pour nulle chose
    on ne pourrait plus porter envie

    Tourbillons endormis
    le joyau reste

    Saisie, dessaisies

    Flux
    Afflux
    Affluente attirance

    Brouillage des signaux

    Vagues de vertige
    sur les pentes de dévalement
    Les révélateurs !

    Envahissante
    Bousculante
    félicité qui veut toute la place
    élémentaire
    éliminatrice

    Fini le parcours des prétextes
    La flèche part dès qu'il y a oubli

    Le privilège de vivre
    inouï
    dilaté

    vacant
    suspendu dans le temps

    L'Arbre de la Science

    Omniscience en toutes les consciences
    percevant le perpétuel…

    Couverture de Œuvres complètes III
    page(s) 744-752
  • Le « Tout » peut arriver

    L'être sans résistance, sans accident, sans se laisser devenir accidenté, s'étend nappe, sa volonté en hibernation.

    Les étendues les plus considérables, les moins semblables à l'homme lui conviennent le mieux alors. À nouveau, tout est possible. Le « sans forme », le « Tout » peut arriver.

    Couverture de Œuvres complètes III
    page(s) 537, Les rêves vigiles (Façons d'endormi, façons d'éveillé)
  • Trop d'activité

    Trop d'activité. Activité quand il n'en faudrait pas, quand il n'en faudrait plus. Il y a un certain temps pour la tension, un certain temps pour l'abandon. Savoir y revenir, y revenir cent fois.

    Couverture de Œuvres complètes III
    page(s) 537, Les rêves vigiles (Façons d'endormi, façons d'éveillé)
  • Arrimés au réel

    L'époustouflante vertu contemplative des tout-petits : ils sont arrimés au réel. Rien pour eux de négligeable.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 62
  • La seule réponse au désastre

    La seule réponse au désastre est de le contempler et de tirer une joie éternelle de cette contemplation.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 182
  • La vie n'attend que nos yeux

    La vie n'attend que nos yeux pour connaître son sacre.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 179
  • La densité de l'émerveillement de vivre

    J'emmène parfois une trousse de commis voyageur aux enfers, j'y passe une nuit ou une minute puis je reviens, mais je connais bien ce lieu qui donne sa densité à l'émerveillement de vivre.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 178
  • Chercher en tout l'innocence

    Il faut chercher en tout l'innocence – on finira par l'y trouver.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 162
  • Pour que la mort ne trouve plus notre porte

    Dans ce rêve une jeune aristocrate posait son pied joliment chaussé sur la première marche d'un échafaud. Je lui disais connaître un moyen pour empêcher la mort proche de la saisir : tous nos malheurs venant de ce qu'une part de notre âme errait dans le passé tandis que l'autre titubait dans l'avenir, il suffirait d'habiter l'instant présent dans sa plénitude pour que la mort ne trouve plus notre porte – la profonde conscience d'être vivants nous rendant éternels.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 160
  • La formule de l'esprit

    Ne pas chercher son intérêt mais l'intérêt de ce qu'on voit est la formule de l'esprit.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 158
  • La stupéfaction enjouée de vivre

    La plupart des sautillements d'un moineau n'ont pas d'autre cause que sa stupéfaction enjouée de vivre. Dans leur quête inlassable de nourriture les bêtes connaissent des grâces contemplatives. Négligeant le besoin qui les anime, leur rêverie sans image leur ouvre le royaume des cieux.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 158
  • Quelques secondes, pas plus

    Nous avons quelques secondes pour devenir des saints ou des diables, pas plus.

    Couverture de Les ruines du ciel
    page(s) 152