tradition

Extraits étiquetés avec : tradition

  • Pas de bouddhisme, mais des bouddhistes

    La plupart [des idées reçues sur le bouddhisme] dérivent d'un parti pris fondamental, qui est aussi un acte de foi : la croyance en un bouddhisme « pur », débarrassé de toutes « superstitions », et miraculeusement transmis jusque dans l'Occident moderne à travers les siècles et les cultures. […]

    En un sens, les idées reçues qu'entretiennent les bouddhistes de tous bords sur leur tradition font partie du vécu bouddhique. Elles ont le mérite de permettre une première approche, qui se modifiera graduellement à mesure qu'on avance dans la pratique et la compréhension – car il faut bien commencer quelque part.

    Certaines idées reçues sont carrément fausses, la plupart sont partiellement vraies, mais ont le défaut d'être réductrices, en ce sens qu'elle appauvrissent la tradition.

    Couverture de Le bouddhisme
    page(s) 10-11
  • Le sens de la vie réside dans l’être et non dans l’avoir

    Si on prend la peine de dépasser les apparences pour découvrir ce dont elles sont l'expression, les similitudes entre les enseignements judaïque, védantique, bouddhique, islamique, taoïste et chrétien se révèlent de plus en plus frappantes. Chaque religion a eu ses abus, ses réformateurs, ses fidèles ignorants et superstitieux, ses maîtres, ses saints, ses sages. Au-delà des différences théologiques irréconciliables, un certain nombre de principes fondamentaux ont été reconnus partout et en tout temps. […]

    Toutes ces traditions, tous ces enseignements, toutes ces cultures étaient inspirés par une même vérité, immense de conséquences mais toute simple et qui exprime en une phrase des milliers de textes, des millénaires de civilisation, des coutumes et des codes de lois, des œuvres d'art immortelles, des sciences traditionnelles. Cette vérité, cette petite phrase, la voici : « Le sens de la vie réside dans l’être et non dans l’avoir ».

    Couverture de Les chemins de la sagesse
    page(s) 17-18
  • La tradition menacée

    [L]a tradition est menacée de deux côtés. D'une part, par le désir confus des êtres de pouvoir se détacher de tous liens, et de façon débridée donner droit à leurs constructions les plus égotiques. D'autre part, par l'institutionnalisation qui, en s'accaparant la « tradition », parfois même en la vampirisant, la pétrifie.

    Couverture de Pourquoi n’y a-t-il pas de chemin spirituel possible sans un maître
    page(s) 15
  • Le maître, simple gardien de la tradition

    Le maître bouddhiste nous met […] en rapport à ce qui fonde.

    Mais quel est, pour lui, la fondation sur laquelle il s'appuie ?

    L'unité des trois joyaux : le Bouddha comme exemple et auteur d'un chemin, son enseignement et la communauté des pratiquants qui permettent de le vivre dans l'enracinement d'une lignée.

    Cette fondation établit la possibilité même d'une parole et d'une transmission. Dès lors, enseigner ne consiste pas à inventer ou trouver des idées ou des méthodes nouvelles mais à être fidèle à la fondation. L'autorité du maître ne vient donc pas de lui, elle ne lui appartient pas. Il en est le simple gardien. Son autorité n'est pas son bon vouloir, mais son obéissance à ce qui s'appelle à lui. Il n'est qu'un anneau d'une chaîne qui vient du passé et va vers l'avenir. Il ne s'exprime pas, il transmet – ce qui n'implique nullement, au contraire même, qu'il ne soit pas ainsi proprement lui-même.

    Ce rapport à la fondation, il est possible de l'appeler « tradition ».

    Couverture de Pourquoi n’y a-t-il pas de chemin spirituel possible sans un maître
    page(s) 14
  • Un nouveau véhicule

    Avec l'Occident, le bouddhisme découvre une autre façon de se penser. Une nouvelle voie du milieu émerge qui renvoie dos à dos le nomadisme spirituel et l'orthodoxie la plus traditionnelle. Ces attitudes conduisent aujourd'hui toute transmission religieuse dans une impasse. La première, tout entière portée vers le pôle du Sujet, ne permet plus à une tradition de s'incarner en un individu. Le bouddhisme se voit ainsi diffracté en une multitude de reconfigurations personnelles – à chacun son bouddhisme. La seconde, portée à l'inverse vers le pôle de la Loi, tend à l'exclusivisme. Cette nouvelle voie du milieu tâtonne et cherche encore ses repères. Le bouddhisme qui se construit sous nos yeux est bien un « nouveau véhicule », un navayāna, et non pas la simple adaptation/traduction de traditions asiatiques.

    Couverture de Le bouddhisme n’existe pas
    page(s) 39
  • La loi

    Pour qui fait le choix d'entrer en bouddhisme, le dharma, un terme essentiel qui condense en lui la loi, la norme, l'enseignement, deviendra la référence qui s'interposera désormais dans sa relation au monde. Aujourd'hui, même les discours bouddhistes apparemment les plus orthodoxes se doublent d'une reconfiguration intérieure et d'une certaine distanciation vis-à-vis de la tradition. Pour tout Occidental, cette appropriation est bien une mise à l'épreuve, celle de sa propre subjectivité. Nous sommes devenus des sujets qui revendiquons l'autonomie de nos choix, de nos actes et de nos pensées. Nous sommes devenus à nous-mêmes notre propre autorité. Pourtant l'enseignement du Bouddha ne s'est jamais présenté comme une tentative transitoire de penser le monde que nous serions conviés à notre tour à corriger ou à compléter. Pour toutes les traditions bouddhistes, « prendre refuge dans le Bouddha » a toujours supposé de reconnaître sa pleine dimension d'autorité, jusqu'à se laisser – pour reprendre une métaphore traditionnelle – submerger par son enseignement. Ce conflit d'autorité dans le cadre de la modernité, auquel non seulement le bouddhisme mais toutes les traditions religieuses sont désormais confrontés, ne peut plus être résolu par un choix exclusif : si le sujet soumet la tradition à sa loi, s'il garde ce qui lui convient et écarte ce qui le gêne, il s'empêche de se laisser submerger par le message religieux. Si à l'inverse la tradition soumet le sujet à sa loi, celui-ci ne peut que verser dans l'intégrisme et le fondamentalisme.

    Couverture de Le bouddhisme n’existe pas
    page(s) 31-32
  • Une existence qui accepte sa fragilité inhérente

    [N]ous sommes les hommes du déracinement pour lesquels aucun des repères d'une société traditionnelle ne subsiste plus.

    D'une manière certes paradoxale, Chögyam Trungpa fait ainsi jaillir la grandeur de notre temps : précisément par ce qu'il ne s'illusionne pas sur la détresse qui l'habite, il peut nous aider à faire l'épreuve d'une existence qui accepte sa fragilité inhérente sans tenter de s'en détourner. [Fabrice Midal]

    Couverture de Pour chaque moment de la vie
    page(s) 24
  • Tradition et tradition

    [Chögyam Trungpa] distingue […] de manière stricte la tradition comme l'ensemble des usages qui existent à une époque donnée – et qui ne peuvent que se transformer au fil du temps – de la Tradition comme ressource et inspiration atemporelle qu'il dépend de nous de rendre vivante.

    La première, dans notre monde, ne pouvant être spontanément vécue doit, dans un effort vain et dérisoire, être conservée comme une antiquité. La seconde est un appel sans cesse renouvelé nous demandant de lui répondre en étant qui nous sommes. Elle nous rend véritablement libre. [Fabrice Midal]

    Couverture de Pour chaque moment de la vie
    page(s) 12
  • Transmission de la sagesse

    Né au Tibet en 1939, Chögyam Trungpa est élevé dans une perspective Traditionnelle, c'est-à-dire un monde où la sagesse n'est pas une invention personnelle dépendant de notre seule subjectivité, mais un trésor reçu par une transmission fondée sur une autorité – en tant qu'instance sacrée de la légitimité. [Fabrice Midal]

    Couverture de Pour chaque moment de la vie
    page(s) 9-10