Satish Kumar

Portrait de Kumar

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Autant de coups que nous portons contre nous-mêmes

Le mot « nature » est dérivé du mot « naissance » : « natal », « natif », « nativité » et « nature » partagent la même étymologie. Tout ce qui naît et meurt appartient à la nature. Or, l’homme naît et meurt, lui aussi. Il ne forme donc qu’un avec la nature. Aussi les blessures qu’il lui inflige sont-elles autant de coups que nous portons contre nous-mêmes.

page(s) 24
• C’est l’économie qui est au service de l’écologie

Partout, l’homme livre bataille, sans s’apercevoir qu’il n’a rien à y gagner : même victorieux, il finirait du côté des perdants, seul sur une terre dévastée.

Pourtant, cette guerre se poursuit, basée sur la conviction que la nature a pour seule fonction d’alimenter le moteur de l’économie. Une conviction totalement erronée : en fait, c’est l’économie qui est au service de l’écologie, non l’inverse.

page(s) 23
• Réveillons l’artiste en nous

Chaque fois que nous renonçons à n’être qu’un consommateur et un acheteur pour fabriquer nous-mêmes un bel objet, nous réveillons l’artiste en nous.

page(s) 51
• Aimer, c’est soigner, protéger et préserver

En nous immergeant dans la nature, nous développons notre capacité à éprouver de l’empathie et de l’amour pour elle. Or, aimer, c’est soigner, protéger et préserver.

Une grande partie du mouvement écologiste actuel est hanté par la crainte d’une catastrophe. L’éventualité de la fin du monde éveille les consciences – mais est-ce une bonne motivation ? Certainement pas. Difficile de bâtir un avenir durable sur la peur ! L’amour et le sentiment de révérence que nous inspire la nature me semblent plus à même de guider les hommes sur la voie de la cohérence, de l’harmonie et de la pérennité.

page(s) 28
• Nourrissons en retour la société

Nous sommes constamment nourris par la société. Nourrissons-la en retour en contribuant au développement de la culture et de la civilisation ; veillons à ce que chaque enfant de la grande famille des hommes mange à sa faim, à ce que chaque malade soit soigné, à ce qu’aucune communauté ne soit ravagée par la guerre, la torture ou l’exploitation.

page(s) 35
• Apprendre non pas sur mais de la nature

La civilisation moderne, résolument anthropocentriste, nous a habitués à apprendre un tas de choses sur la nature […]. Lorsque nous lisons des ouvrages sur la nature, elle devient un objet d’étude et d’exploitation. Cette attitude conduit certains scientifiques, comme l’ingénieur britannique Francis Thomas Bacon, à juger qu’il appartient à l’homme de « voler les secrets de la nature ». Lorsque nous apprenons de la nature, en revanche, nous établissons une relation privilégiée avec elle. Et nous observons les mystères des processus naturels avec humilité et révérence.

page(s) 27-28
• Domination absolue de l’espèce humaine

Convaincus que l’espèce humaine est supérieure à toutes les autres, ils ont asservi animaux, forêts, fleuves et océans, qu’ils exploitent pour satisfaire leurs besoins vitaux et assouvir leurs désirs les plus cupides. Appelée « spécisme », cette vision du monde se caractérise par la domination absolue de l’espèce humaine sur toutes les autres. Arrogante et anthropocentriste, cette domination a signé la fin des relations de respect, de réciprocité, de révérence et de spiritualité qu’entretenaient les hommes avec la nature.

page(s) 22-23
• Les trois dimensions de la paix

En Inde, nous avons coutume de répéter le mot « paix » à trois reprises : shanti, shanti, shanti. Pourquoi ? Parce que la paix doit se déployer dans trois dimensions pour être complète : il est essentiel de faire la paix avec soi-même, avec les autres et avec la nature.

page(s) 37
• Qu’avons nous fait du temps ?

Autrefois, quand la croissance économique était encore faible et les conquêtes matérielles limitées, les hommes avaient le temps de bâtir de splendides églises dans chaque petite ville d’Europe. Où trouvaient-ils la patience et l’énergie nécessaires ? Aujourd’hui, nous courons sans cesse après le temps, et le préfabriqué nous paraît bien plus pratique. Qu’avons nous fait du temps ? Où s’en est-il allé ?

page(s) 43
• Seuls les plus doux et les plus humbles

[À] ceux qui leur parlent de paix et d’unité, ils répondent : « Vous êtes bien trop naïfs ! Trop idéalistes ! Vos idées sont simplistes. Apprenez à regarder la réalité en face. » Il me semble au contraire que l’heure est venue de donner la parole aux rêveurs, aux naïfs et aux idéalistes. Aujourd’hui, seuls les plus doux et les plus humbles d’entre nous, dépourvus de pouvoir militaire et de puissance économique, peuvent apporter la paix sur terre.

page(s) 42
• La nature est divine, sacrée et généreuse

Nous devrions exercer notre regard afin de percevoir le divin sous toutes ses formes, dans tout ce que nous voyons.

La nature est divine, sacrée et généreuse. En se renouvelant constamment, en mourant pour renaître, la vie opère un sacrifice permanent qui permet de nourrir l’ensemble des habitants de la planète.

page(s) 25-26
• Coupés de la nature

L’écologie profonde consiste à accorder une valeur intrinsèque à toute forme de vie, aussi infime soit-elle. Le brin d’herbe, le ver de terre, l’insecte et même le moustique ont le droit de vivre. Il en va de même pour les arbres, les rivières, les oiseaux et les poissons, qu’ils soient utiles ou non.

Une telle pensée ne peut émerger qu’à l’issue d’un contact intense et rapproché avec les éléments, avec la faune et la flore. Or, notre mode de vie nous a coupés de la nature : nous n’avons pratiquement plus de contacts avec elle.

page(s) 24
• L’éco est un lieu de rencontres

[L]a planète entière n’est-elle pas notre « maison », constituée par les 8,7 millions d’espèces différentes qui se partagent sa surface ? Dans cette optique, nous formons une seule et même famille, et toutes les espèces sont sœurs. La maison – ou l’« éco » – est un lieu de rencontres, tandis que le « je », en tant qu’entité individuelle – ou ego  –, est un état caractérisé par la séparation, l’isolement et la rupture avec autrui.

page(s) 30
• Art et dévotion dans toute tâche

Nous vivons pour payer nos factures : y a-t-il pire manière de gâcher sa vie ? Donner un cours, cultiver la terre, faire la cuisine, rédiger un rapport, fabriquer une chaise ou une chaussure peuvent et devraient toujours être une forme d’art doublé d’un acte de dévotion.

page(s) 40
• Connaître, exprimer et pratiquer l’harmonie universelle

[S]i la connaissance de l’harmonie universelle est une science, alors l’expression et la communication de l’harmonie est un art, et la pratique quotidienne de l’harmonie une religion. Dans cette optique, la science, l’art et la religion n’entrent pas en conflit : leurs pratiques se complètent dans une quête d’harmonie.

page(s) 28
• La paix intérieure, chemin de la paix dans le monde

Libérons-nous des peurs qui nous hantent et cherchons à atteindre une forme de paix intérieure : nous aurons alors accompli le premier pas vers la paix dans le monde. Car la paix ne se limite pas à l’absence de guerre : c’est avant tout une manière de vivre.

Outre la paix avec soi-même, il me paraît essentiel de faire la paix avec la nature. […] Réunir les préoccupations « vertes » (green) et la lutte pour la paix (peace) relève à mes yeux d’une logique imparable.

page(s) 39