Sylvain Tesson

Portrait de Tesson

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Seule vertu, l’acceptation

Dans une perspective naturaliste, l’homme révolté est une chose inutile. La seule vertu, sous les latitudes forestières, c’est l’acceptation.

page(s) 68
• La plus belle récompense

[L]’apparition d’une bête représente la plus belle récompense que la vie puisse offrir à l’amour de la vie[.]

page(s) 17-18
• Être heureux c’est savoir qu’on l’est

Vivre ne devrait consister qu’en ceci : prononcer sans cesse des actions de grâce pour remercier le destin du moindre bienfait. Être heureux c’est savoir qu’on l’est.

page(s) 223
• Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure

Le camion n’est plus qu’un point. Je suis seul. Les montagnes m’apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle, intense. Le pays me saute au visage. C’est fou ce que l’homme accapare l’attention de l’homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui vous rend jouissance des choses.

Il fait -33°C. Le camion s’est fondu à la brume. Le silence descend du ciel sous la forme de petits copeaux blancs. Être seul, c’est entendre le silence. Une rafale. Le grésil brouille la vue. Je pousse un hurlement. J’écarte les bras, tends mon visage au vide glacé et rentre au chaud.

J’ai atteint le débarcadère de ma vie.

Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure.

page(s) 36
• Se taire

J’avais pris dans les villes l’habitude de dégoiser à tout propos. Le plus difficile consistait à se taire.

page(s) 15
• Une profession de foi énergétique

La vie dans la cabane est une profession de foi énergétique aux antipodes du prométhéisme historique. La hache du bûcheron et le panneau solaire pourvoient lumière et chaleur. La frugalité énergétique ne pèse pas. Ni la joie de se savoir autosuffisant et le sentiment religieux d’être bénéficiaire des prodigalités du soleil. Les panneaux photovoltaïques captent l’averse de photons tombés des cieux. Le bois – qui est le fossile de la lumière solaire – libère son énergie dans le feu.

Chaque calorie tirée de la pêche ou de la cueillette, chaque photon assimilé par le corps est dépensé pour pêcher, cueillir, puiser de l’eau et couper du bois. L’homme des bois est une machine de recyclage énergétique. Le recours aux forêts est recours à soi-même. Privé de voiture, l’ermite marche. Privé de supermarché, il pêche. Privé de chaudière, son bras fende le bois. Le principe de non-délégation concerne aussi l’esprit : privé de télé, il ouvre un livre.

page(s) 254
• Consentement : amour

Les champions de l’espérance appellent « résignation » notre consentement. Ils se trompent. C’est l’amour.

page(s) 146