Arne Næss

Pour une écologie joyeuse
Actes Sud, 2017
14 cm x 19 cm, 120 pages


Couverture de Arne Næss

Extraits de l'ouvrage

• Un privilège essentiel

Un privilège essentiel : grandir près de la nature pour en connaître le rythme et s’émerveiller de ses secrets sans en avoir peur.

page(s) 13
• Revoir le lien fondamental qui nous unit à la nature

Ce que [je] découvre [dans les livres de Næss] n’est pas une prétentieuse révolution des idées ni une injonction morale à changer de vie, rejetant tout de la modernité, mais une réflexion profonde et englobante, qui s’attache à revoir le lien fondamental qui nous unit à la nature – une entité dont nous faisons partie, au même titre que les autres espèces, et non une ressource inépuisable extérieure à nous. Une perspective écologiste qui pourrait sembler évidente mais qui apporte un autre point de vue que celui de nos philosophes français. Arne Næss invite chacun à découvrir son propre rapport à la nature, dans un processus d’identification et donc d’empathie, afin de fonder les bases nouvelles d’une écologie qu’il nomme « profonde »[.]

page(s) 16
• Attitude responsable et joie de vivre peuvent faire bon ménage

Même si la philosophie seule ne remplacera jamais l’action concrète et ne renversera pas la politique pour enclencher un vrai changement de cap à l’échelle mondiale, se tourner vers elles ressortit à une urgence qui a toujours existé et reste fondamentale : s’interroger soi-même et sur le monde dont on fait partie avant de se retrousser les manches, puis s’étonner sans cesse pour, un jour, s’émerveiller de nouveau. À l’heure où tout nous affole, où tout semble nous pousser à nous résigner, je perçois dans les écrits d’Arne Næss un discours qui prône qu’attitude responsable et joie de vivre peuvent faire bon ménage.

page(s) 17-18
• À l’écart de la nature, à l’écart de soi

[Très jeune, chez Arne Næss, l]e processus d’identification est enclenché et ne sera plus jamais remis en question. En nouant une relation sensible avec ce qui l’entoure, il découvre une structure plus vaste, qui l’englobe lui aussi. Il ne s’agit pas de s’oublier, en tant qu’individu, au profit d’une entité plus grande, mais de prendre activement conscience que l’on fait partie d’un tout, en l’occurrence d’un ensemble d’interactions essentielles. À l’inverse, se tenir à l’écart de l’environnement naturel reviendrait à se tenir à l’écart de soi-même.

page(s) 21
• Les émotions sont porteuses d’une grande sagesse

Le contact précoce avec la nature permet également de développer l’intelligence émotionnelle de l’enfant, une composante psychologique majeure sur laquelle Næss s’attarde souvent dans son œuvre.

À la fin de sa vie, dans son ouvrage-testament Life’s Philosophy, il déplore le fait que les émotions sont malheureusement trop négligées dans nos sociétés occidentales alors qu’elles sont pourtant porteuses d’une grande sagesse et garantes de la véritable maturité, s’inspirant une fois de plus de son maître à penser Spinoza (1632-1677) pour qui raison (ratio) et sentiments ne devaient déjà plus faire l’objet d’un dualisme hermétique.

De l’intuition surgit souvent la base d’une réflexion, et une intuition ne se laisse pas forcément analyser avec la froideur du raisonnement scientifique : elle a selon lui tout a fait le droit d’être un pur affect.

page(s) 24
• Vertus d’un contact précoce avec la nature

L’intelligence émotionnelle peut être développée grâce à un contact précoce avec la nature. Ce dernier, en plus d’enclencher le processus d’identification et de développer par conséquent le sentiment d’empathie, permet aux enfants de cerner leurs affects, qu’ils soient négatifs ou positifs, et de les prendre en compte.

page(s) 26
• Une vie plus agréable

Une vie plus agréable se traduit pour [Næss], entre autres, par la simplicité des moyens (l’abondance matérielle ne procure pas plus de bonheur), un contact actif avec la nature sauvage (mise à distance du milieu urbain trop stressant), un travail qui rend heureux et dont on n’est pas esclave (il a refusé toute sa vie de s’enfermer dans un bureau), une ouverture d’esprit sans cesse stimulée et, enfin, la prise en compte des émotions dans tous les aspects de la vie (décisions professionnelles, vie affective, relations amicales, etc.).

page(s) 27
• Un calme contemplatif et attentif

Dans Life’s Philosophy, Arne Næss […] développe le concept de « devenir actif », qui, bien plus que les simples mouvements du corps et productions de l’esprit que l’on nomme « activité », désigne plutôt « l’expérience de la nature qui nous engage intégralement comme être humain » et est caractérisé, au contraire de l’activité au sens propre, par un calme contemplatif et attentif.

page(s) 27
• Modifier la nature sauvage, se modifier soi-même

Une fois le processus d’identification active et émotionnelle avec la nature sauvage enclenché, il devient difficile d’envisager de modifier cette dernière sans avoir l’impression de se modifier soi-même.

page(s) 28
• Une qualité humaine essentielle : la modestie

En pratiquant l’alpinisme, Arne Næss comprend qu’il fait l’apprentissage d’une qualité humaine essentielle : la modestie. […] Lors de ses expéditions ou simples randonnées, Arne se rapproche souvent des montagnards, trouvant refuge chez eux et apprenant un peu plus à leur contact ce qui fait la vie en altitude. Il les fréquente avec le plus grand respect et se rend compte que ces hommes et ces femmes forment un tout indivisible avec la montagne où ils sont nés.

page(s) 30
• Faire corps avec le sublime qui nous entoure et rester attentif

Parce qu’elles sont imposantes, sans âge et qu’elles se dressent vers le ciel dans un mouvement ascendant, on prête aux montagnes, dans de nombreuses cultures, toutes sortes de caractéristiques spirituelles et mythologiques impliquant l’élévation du corps et de l’âme. Arne Næss ne nie pas cela, […] mais il en fait plutôt le lieu d’une tension calme, où austérité et dureté ne sont pas des marques de violence ni de conflit, mais plutôt une invitation à faire corps avec le sublime de ce qui nous entoure et à rester attentif.

page(s) 32
• Accorder plus d’attention au local

Sur le plan politique, Næss souhaiterait l’émergence d’une politique écologique responsable qui prenne en compte ces relations : à l’échelle de la société, cela impliquerait d’accorder plus d’attention aux petites communautés comme étant les parties constitutives essentielles d’un tout. Autrement dit, prendre réellement conscience des relations qui lient les parties dans le grand tout permettrait de mieux comprendre les interactions entre le local et la global, et ainsi de lutter plus efficacement contre la centralisation et, même, contre la libéralisation du marché.

page(s) 34

Quatrième de couverture

Cet ouvrage est un essai libre sur la vie et l’œuvre d’Arne Næss, philosophe norvégien, écologiste engagé et alpiniste de renom.

Dans les années 1970, Næss développe un « mouvement » écologique – plutôt qu’une philosophie – très personnel : une « écosophie », c’est-à-dire un lien à l’écosphère et à la nature, cette entité dont nous faisons partie au même titre que les autres espèces, et non une ressource inépuisable extérieure à nous. Il s’attache donc à adopter une attitude particulière vis-à-vis de l’environnement et à vivre en harmonie avec la nature.

Au-delà de sa pensée philosophique, des ouvrages théoriques et des concepts qu’il développe, Næss invite chacun à découvrir son propre rapport à la nature, dans un processus d’identification – et donc d’empathie –, afin de fonder les bases nouvelles d’une écologie qu’il nomme « profonde ».

Jamais dogmatique ni extrémiste, l’œuvre de Næss incite au contraire le lecteur à mettre en œuvre sa propre « écosophie », créative et tolérante, à s’inventer une vie plus écologique sans bouleverser complètement ses habitudes, voire en améliorant sa qualité de vie.

Une perspective écologiste qui pourrait sembler évidente, une nouvelle voie pour le développement personnel, sans école de pensée.