Conscience et environnement

La symphonie de la vie
Le Relié, 2006
14 cm x 23 cm, 230 pages


Couverture de Conscience et environnement

Extraits de l'ouvrage

• L’impérieuse vie qui veut vivre

Je suis très souvent bouleversé par le sort que nous avons réservé aux nombreuses créatures, compagnes de notre destin et que notre espèce envahissante a rendues clandestines, comme si leurs existences n’étaient que contingentes, tout juste bonnes à assouvir nos appétits de prédateurs insatiables. Elles tendent en dépit de tout de poursuivre l’immémorial rituel dévoué à l’impérieuse vie qui veut vivre.

page(s) 14
• Conscience, intelligence, angoisse, insécurité

Force est de reconnaître que c’est avec l’avènement de notre espèce que les divisions et les fragmentations dont apparues. Le bipède porteur de conscience et d’intelligence est également héritier de l’angoisse et de l’insécurité psychiques…

page(s) 15
• L’éducation, grand enjeu pour l’avenir

La cause de la discordance étant donc de notre seul fait, il nous incombe d’en prendre acte pour orienter et organiser l’avenir sur un changement radical. Changer ou disparaître n’est pas une métaphore mais la traduction objective et réaliste de l’enjeu. L’éducation est l’un des grands enjeux pour l’avenir. Peu soucieux déjà de la nécessité absolue de laisser aux générations futures une planète viable, nous ne faisons pas grand chose pour en faire les acteurs de leur propre sauvegarde, aveuglés par des idéologies sans âme, infantiles et violentes. L’éducation se réduit trop à les conformer à ces idéologies, sans même tenir compte de l’évolution de l’histoire. En somme éduquer ne serait-ce pas avant tout rétablir la concordance entre le destin de la planète et celui des humains ? Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Mais quels enfants laisserons-nous à la planète !?

page(s) 16-17
• Terre-mère

La terre… Combien sommes-nous à comprendre cette glèbe silencieuse que nous foulons durant toute notre vie, quand nous ne sommes pas confinés dans des agglomérations hors sol qui nous la rendent encore plus étrangère ?

La terre nourricière est parmi les quatre éléments majeurs celui qui n’a pas existé dès l’origine. Il a fallu des millénaires pour que la mince couche de terre arable d’une vingtaine de centimètres à laquelle nous devons la vie puisse se constituer.

Univers silencieux d’une extrême complexité, siège d’une activité intense générée par des micro-organismes, levures, champignons, vers de terre, etc., elle est régie par une sorte d’intelligence mystérieuse et immanente. C’est dans ce monde discret que s’élaborent, comme dans un estomac, les substances qui permettront aux végétaux de se nourrir, de s’épanouir pour se reproduire, et c’est aux végétaux que les humains et les animaux doivent leur propre survie. Il est donc urgent de reconnaître que la dénomination « terre-mère » n’est pas une métaphore symbolique ou poétique, mais une évidence objective.

page(s) 18-19
• Retrouver un sens du sacré

Il nous faudra sans doute, pour changer jusqu’aux tréfonds de nos consciences, laisser nos arrogances et apprendre avec simplicité les sentiments et les gestes qui nous relient aux évidences. Retrouver un peu du sentiment de ces êtres premiers pour qui la création, les créatures et la terre étaient avant tout sacrées.

page(s) 20
• Distinguer au plus vite entre indispensable et superflu

En s’écartant de la nature comme seule garante de la continuité, [l’humanité] s’est rendue dépendante d’une énergie combustible limitée, non reproductible et préjudiciable à la sphère vivante. Il est impossible que cet ordre des choses puisse se prolonger sans conséquences négatives irréversibles pour le futur. La vulnérabilité de monde actuel nous invite à faire rapidement la distinction entre les valeurs indispensables et celles qui sont superflues.

page(s) 22
• Un double déracinement

La roue de l’histoire a tourné et la civilisation moderne est essentiellement urbaine. Elle s’est construite sur l’agglomération des individus et s’apparente étrangement à un système « hors sol » appliqué à l’humain. Celui-ci a pour conséquence un double déracinement : social, rupture d’avec le groupe auquel chacun de nous doit sa propre identité, et naturel, rupture avec la réalité vivante indispensable à la pérennité.

page(s) 25
• Le virtuel substitué au tangible

Loin de s’infléchir, de s’orienter rationnellement, la technoscience poursuit ses prestidigitations, fascinant de ses prodiges, substituant le virtuel au tangible, confisquant chaque jour un peu plus au citoyen ses pouvoirs naturels et légitimes d’être l’intendant de sa présence au monde et jusqu’à sa capacité de survie.

page(s) 26
• Un génocide par anticipation

Par rapport aux générations futures, nous assistons à une sorte de génocide par anticipation. Cette exaction est d’autant plus inadmissible que nous ne sommes pas sans solution, encore faut-il les mettre en œuvre résolument et honnêtement.

page(s) 28
• L’humus, une énergie productive

Nous nous apercevons aujourd’hui qu’il aurait été judicieux de considérer l’humus comme une énergie productive et son entretien comme un acte civique et vital. Au lieu de cela, il a été traité comme un gisement et brûlé par des pratiques inadaptées.

page(s) 28
• Une multitude de jardiniers-soignants

À côté des agrobios dont le rôle est bien défini, nous rêvons d’une multitude de jardiniers, chacun soignant, pansant, animant un fragment de la terre commune pour son bien-être propre et par conséquent celui de la communauté terrestre.

page(s) 29

Quatrième de couverture

Le pillage de la nature est représentatif d’’une civilisation qui a donné à l’’avidité humaine les pleins pouvoirs sur le « vivant » et les vivants que nous sommes. Pourtant, notre lien à la terre est si intime que rien ne peut le résilier. Notre responsabilité à l’égard de nous-mêmes et de nos semblables, inclut la responsabilité à l’égard de tout ce phénomène extraordinaire que l’on appelle la vie.

Pierre Rabhi est un sage moderne et rural : son expérience, son bon sens, sa simplicité et sa philosophie souriante en font le chantre d’un retour à de vraies valeurs.