Vers une écologie spirituelle

Albin Michel, 2002
15 cm x 23 cm, 180 pages


Couverture de Vers une écologie spirituelle

Extraits de l'ouvrage

• N’hésite pas à planter

« Si l’heure (la fin du monde) arrive et que quelqu’un d’entre vous a une plante à la main, qu’il n’hésite pas à la planter. » [Hadîth, parole du Prophète]

page(s) 111
• Comme la perte d’êtres chers

Aussitôt après l’ouragan de décembre 1999 j’ai été très surpris de l’attitude des sinistrés devant tous ces arbres abattus : c’était comme si soudain s’était révélé en eux un sentiment qu’ils ne soupçonnaient même plus, ou plutôt une image, un archétype, celui de l’arbre tutélaire, de l’arbre protecteur. Devant ces arbres déracinés, ils semblaient voir spontanément des ancêtres, et dans leur mort comme une brutale rupture avec le passé, avec une tradition à laquelle ils étaient plus attachés qu’ils ne le croyaient. Nous avons tous ressentis une véritable douleur, comme la perte d’êtres chers. [Jacques Brosse]

page(s) 124
• Ré-enraciner les hommes

La tempête qui a dévasté nos forêts en déracinant les arbres ne signifie-t-elle pas le déracinement des hommes ? Tous les journaux parlent de la nécessaire replantation des arbres, mais aucune de celle des hommes. [Annick de Souzenelle]

page(s) 125
• Ce qu’il fait à la toile de la vie, il le fait à lui-même

« Chaque parcelle de cette Terre est sacrée pour mon peuple. Chaque feuille brillante de sapin, chaque plage de sable, chaque écharpe de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque insecte est sacré dans la mémoire de mon peuple… Tout ce qui arrive à la Terre arrive aux enfants de la Terre. L’homme n’a pas tissé la toile de la vie, il en est seulement un des fils. Ce qu’il fait à la toile, il le fait à lui-même. » [Chef Seattle, 1854]

page(s) 13
• Ce nous faisons à un fil, nous le faisons à toute la toile

« La vie est comme une toile d’araignée qui va des insectes jusqu’aux aigles dans le ciel, et ce que nous faisons à un fil, nous le faisons à toute la toile. » [Chef Red Crow, mi-XIXe]

page(s) 13
• Découverte intérieure par le contact direct avec la nature

« La voie de la découverte intérieure, pour nous, passe par le contact direct avec la nature. La spiritualité en chambre, séparée du monde vivant, je n’y crois guère. Souvent, le nombrilisme n’est pas loin. » [Andrew Beath]

page(s) 14
• La nature est un échange de dons

Les peuples qui vivent entièrement de la chasse savent que prendre la vie est un acte qui exige un esprit de gratitude et une rigoureuse attention. Ils disent : « Toute notre nourriture est faite d’âmes. » Les plantes vivent. Toute la nature est un échange de dons, et il n’est point de mort qui ne soit la nourriture de quelqu’un, ni de vie qui ne soit la mort de quelqu’un. [Gary Snyder]

page(s) 42
• Non-violence, simplicité, courage

La non-violence va forcément de pair avec une vie simple ! […] La non-violence exige plus de courage que l’agressivité. [José Bové]

page(s) 45-46
• Une civilisation d’addiction

[L]a même tragédie du défrichement des forêts, érosion des sols, épuisement des nappes phréatiques, salinisation et désertification causa l’effondrement de la plupart des grandes civilisations de l’antiquité, y compris celles de Sumer, de la Mésopotamie et de la Méso-Amérique. La civilisation urbaine ressemble à une « cavalerie bancaire » de neuf mille ans. Tant que nous pouvions emprunter sur le futur, tout semblait aller très bien. Tel un toxicomane qui mène une vie apparemment normale pourvu qu’il obtienne toujours sa prochaine dose d’héroïne, notre addiction à une quantité croissante de ressources naturelles n’est devenue un problème qu’à la fin du XXe siècle, quand les ressources planétaires essentielles à notre survie ont visiblement commencé à s’épuiser. [Michael O’Callagan]

page(s) 49-51
• Auto-destruction

La simple réalité biologique veut que toute espèce qui détruit son environnement finisse par se détruire elle-même. [Michael O’Callagan]

page(s) 51
• Imprévisibilité de la vie

L’imprévisibilité est ce qui caractérise la vie. [Gilles Clément]

page(s) 63
• S’adapter au fur et à mesure, en improvisant

Nous avons injecté trop de paramètres variables dans nos scénarios pour que le cerveau humain puisse faire autre chose que s’adapter au fur et à mesure, en improvisant beaucoup. Les humains s’imaginent toujours qu’ils vont pouvoir planifier – qu’ils soient technocrates libéraux ou technocrates socialistes, ils sont technocrates.

Mais ce n’est pas du tout en rapport avec la réalité planétaire et biologique, qui se transforme tous les jours. Et là, c’est le jardinier en moi qui parle, parce qu’un jardinier sait que chaque matin, il lui faut aller voir sa planche de poireaux pour constater qu’il s’y est passé pendant la nuit des choses imprévues, auxquelles il va falloir s’adapter. [Gilles Clément]

page(s) 64-65
• Science sans conscience

Les deux derniers siècles, voués à la technique et à la science, nous ont doté, pour le meilleur et pour le pire, d’instruments d’une efficacité sans précédent, sans que nos pulsions de violence et de prédation aient été surmontées par une évolution positive de notre conscience. [Pierre Rabhi]

page(s) 74
• Bouddhiste, donc nécessairement écologiste

« Aussi nombreux que soient les êtres, je fais le vœu de les faire tous parvenir à la délivrance. », tel est le premier des quatre grands vœux que prononcent les moines zen. […]

Tel est pour nous l’exercice de la compassion, qui est d’abord identification à autrui, non-reconnaissance, dit maître Dōgen, du mien et du tien. Pour s’identifier, encore faut-il exactement connaître l’autre. Autrement dit, compassion et connaissance ne peuvent aller l’une sans l’autre. Un maître a dit : « Sagesse sans compassion n’engendre que l’orgueil, mais, sans sagesse, la compassion est aveugle. » Ce qui signifie qu’il faut connaître la nature pour la respecter et l’aimer. Un vrai bouddhiste est de toute nécessité un écologiste. [Jacques Brosse]

page(s) 87-88
• Bouddhisme et écologie partagent l’interdépendance

Si je me suis tourné vers le bouddhisme, c’est un peu, pas seulement bien sûr, à cause de cela : son respect absolu de la vie, de toute vie, sa condamnation de toute violence à l’égard de qui que ce soit. Ce principe éthique s’appuie sur l’interdépendance, la solidarité de tous les êtres et l’interdépendance est, je souligne, un concept majeur en écologie. [Jacques Brosse]

page(s) 89
• Génie de saint François d’Assise

L’exemple de saint François d’Assise a de toute évidence une portée universelle, non seulement dans sa merveilleuse louange cosmique du Cantique des créatures, mais aussi dans son comportement de « frère universel », dans sa joie de vivre et sa douceur évangélique. Nous devrions y ajouter un esprit d’inventivité dans le domaine de l’écologie, qui relève de la créativité qui incombe à notre responsabilité fondamentale d’intendants-gérants de la création. [Monseigneur René Coste]

page(s) 98

Revue Question de n°127

Contributions de

Marc de Smedt, Jean-Marie Pelt, François Mazure, Marilyn Schiltz, Patrice van Eersel, Eugen Drewermann, Gary Snyder, José Bové, Michael O'Callaghan, Gilles Clément, Pierre Rabhi, Thierry Thouvenot, Jacques Brosse, Mgr René Costes, Jean-Marc Prieur, Haïm Korsia, Abdelkrim Bekri, Jikiti Buinaima, Théodore Monod, Annick de Souzenelle, Jacques Lacarrière, Vincent Borel, André Comte-Sponville, Albert Jacquard