Descartes a […] considéré qu'il y avait un « intérieur » en nous (notre conscience) et un « extérieur » hors de nous (le monde et les autres). L'un est l'espace d'une certitude – « je pense donc je suis » –, le reste pourrait être une fabrication d'un « malin génie » et son existence n'est jamais vraiment aussi assurée.
À première vue, cette perspective du solipsisme choque. Comment pourrions-nous croire que seule notre existence est assurée ? Affirmer une telle perspective doit être l'œuvre de philosophes plus soucieux de spéculations que de la réalité ! Nous faisons chaque jour l'expérience du contraire – à la fois de l'existence du monde extérieur et des autres.
Voilà pourtant qui n'est pas du tout évident. Nous sommes bien plus convaincus de la vérité du solipsisme et soumis à sa perspective que nous ne le pensons. Elle décide même de la plupart de nos décisions et de nos sentiments. Elle exerce sur nous tous une séduction irrésistible.