Réparons le monde

Humains, animaux, nature
Rivages, 2020
11 cm x 17 cm, 280 pages


Couverture de Réparons le monde

Extraits de l'ouvrage

• Apprendre à habiter la Terre

[Une] manière dont on peut apprendre à habiter la Terre et à cohabiter avec les autres en sortant de la logique destructrice qui nous conduit à la dévastation de la planète et à une crise sociale et politique majeure.

page(s) 11
• Le monde est abîmé et sa cohérence n’apparaît plus

[La réparation du monde] n’implique pas que, pour reconstruire ce qui a été détruit, nous cherchions à rétablir une unité soi-disant originaire. Il ne fait pas non plus référence à une vérité surplombante qui serait censée procurer une harmonie parfaite et abolir la misère. Parler de réparation suggère que le monde est abîmé et que sa cohérence n’apparaît plus. Tout y est organisé en dépit du bon sens, et les êtres sont divisés entre eux et à l’intérieur d’eux-mêmes.

page(s) 11
• Retrouver les morceaux éclatés de lumière

[R]éparer le monde revient à partir des choses elles-mêmes pour leur redonner du sens et examiner la situation présente avec minutie pour voir comment nous pouvons nous mettre sur une bonne trajectoire.

Comme dans la tradition kabbalistique telle qu’elle a été interprétée par Isaac Louria, le concept de réparation du monde (tikkun olam) signifie que c’est à partir des étincelles de lumières répandues çà et là dans l’univers, dans les âmes des humains, dans les animaux, la nature et les objets, que nous pouvons reconstituer les vases (kelim) qui se sont brisés immédiatement après la création. Ces vases, qui ont recueilli et réfléchi la lumière divine, n’ont pas supporté son intensité. Lorsqu’ils se sont cassés, ils ont été précipités dans l’espace et ont été recouverts d’une coquille dissimulant ces parcelles de lumière. Notre responsabilité est de retrouver ces morceaux éclatés pour y chercher la vérité qui nous est accessible seulement de manière fragmentaire.

page(s) 12-13
• Transmettre et renouveler

Le monde commun, qui inclut l’ensemble des générations et le patrimoine naturel et culturel que nous avons reçu en héritage et qu’il nous appartient de transmettre et de renouveler, apparaît alors comme l’horizon de nos actions.

Cette perspective aide à trouver le courage nécessaire aux efforts quotidiens qui contribuent à la réparation du monde, mais ressemblent à de petits pas, à des avancées constantes, mais peu spectaculaires.

page(s) 14
• L’espérance, le désespoir surmonté

L’espérance n’est pas l’optimisme, qui se nourrit d’illusions visant à nous rassurer à bon compte ; elle est « le désespoir surmonté », comme le dit Georges Bernanos [dans La liberté pour quoi faire ?]

page(s) 14
• Complet remaniement de nos manières

[U]n autre modèle de développement est possible. Il exige un remaniement complet de nos représentations, de la manière dont nous pensons la place de l’humain dans la nature et dont nous interagissons avec les autres, y compris avec les animaux. C’est pourquoi réparer le monde n’est pas rêver au grand soir, mais préparer l’avenir.

page(s) 15
• Des repères pour reconstruire

Si tout s’effondre sous l’effet de crises multiples, écologiques, sociales, géopolitiques, si les pouvoirs en place sont réduits à l’impuissance, que des guerres éclatent sous l’impulsion de dirigeants en proie à la démesure, il faudra bien que les individus qui devront reconstruire le monde aient des repères. Ils devront savoir comment réorienter l’économie, faire évoluer les modes de production et de consommation, réorganiser le travail et les échanges, et accompagner les changements culturels pouvant revitaliser la démocratie et donner naissance à une nouvelle gouvernementalité. Ils devront avoir confiance en eux, en leur intelligence et leur créativité, afin d’affirmer leurs capacités d’agir et de coopérer, au lieu d’être séduits par des récits simplificateurs les dressant les uns contre les autres.

page(s) 15-16
• Le vœu de préserver la vie et les vivants

Car la réparation est aussi un besoin. Elle est toutefois moins le besoin de croire en l’avenir que le vœu de préserver la vie et les vivants. Ce vœu s’ancre dans la conscience de la fragilité des choses humaines et dans le devoir d’être fidèle à la mémoire de ceux qui ont disparu en maintenant le lien entre les générations et entre les vivants et les morts.

page(s) 17
• Maltraitance animale, reflet de ce que nous sommes devenus

Les violences infligées aux animaux ne soulèvent pas seulement des problèmes moraux soulignant notre cruauté ou notre inhumanité dans nos rapports aux autres vivants. Il s’agit aussi d’injustices : nous nous octroyons une souveraineté absolue sur des êtres sensibles dont les besoins éthologiques et la subjectivité devraient limiter notre droit de les exploiter comme bon nous semble.

La maltraitance animale est même le reflet de ce que nous sommes devenus au fil des siècles. En effet, nous avons accepté de nous soumettre à un ordre économiste du monde qui subordonne toutes les sphères d’activité au diktat du profit et ne tient pas compte du sens des activités et de la valeur des êtres impliqués.

page(s) 19-20
• Nos stratégies psychologiques de défense

Nous utilisons des stratégies psychologiques de défense comme le déni, le clivage, la rationalisation, afin de nous protéger des sentiments négatifs que la maltraitance animale et la dégradation de la planète suscitent en nous.

page(s) 20

Quatrième de couverture

Notre capacité à relever le défi climatique et à promouvoir plus de justice envers les autres, y compris envers les animaux, suppose un remaniement profond de nos représentations sur la place de l’humain dans la nature. Prendre au sérieux notre vulnérabilité et notre dépendance à l’égard des écosystèmes permet de saisir que notre habitation de la Terre est toujours une cohabitation avec les autres. Ainsi, l’écologie, la cause animale et le respect dû aux personnes vulnérables sont indissociables, et la conscience du lien qui nous unit aux autres vivants fait naître en nous le désir de réparer le monde.