nihilisme

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  • Le bouddhisme perçu comme nihilisme

    [L]e néant bouddhique selon Hegel n'est pas encore, comme il le deviendra par la suite, le contraire de l'être, mais l'absolu, libre de toute détermination. Ce qui s'anéantit dans le passage à l'absolu, c'est donc l'individualité relative, conditionnée ; mais le vide qui en résulte n'est pas rien, ce n'est qu'un autre nom pour la plénitude. […]

    [À la suite des héritiers de Hegel, Eugène Burnouf, Jules Barthélémy Saint-Hilaire], on en vient à parler du Bouddha comme du « grand Christ du vide » (Edgar Quinet), et du bouddhisme comme d'une « Église du nihilisme » (Ernest Renan). […]

    Deux erreurs accréditent la thèse nihiliste : erreur quant au but, le nirvāna proprement dit, dont on interprète la nature transcendantale, située au-delà de toutes les formulations possibles, comme une simple inexistence ou annihilation ; erreur quant à la méthode dialectique de l'école du Madhyamaka (« Voie du Milieu »), qui procède par négation sans s'arrêter à la négation, et évacue toutes les notions, même celle de la vacuité. Cela signifie simplement qu'on ne peut rien dire de la réalité qui ne soit déjà une idée reçue, non que la réalité n'existe pas, en deçà ou au-delà de tout ce qu'on peut en dire.

    Couverture de Le bouddhisme
    page(s) 30-31
  • La pensée, utile mais limitée

    Au fil de ses pérégrinations, le Bienheureux aurait été amené à se démarquer de positions théistes, matérialistes, éternalistes ou nihilistes. Son propos consiste essentiellement à souligner les limites inhérentes aux opinions souvent spéculatives que l'entendement humain est toujours en mesure de réfuter. Conceptuellement, il est possible de soutenir toutes sortes de thèses et d'abstractions. Cependant conduisent-elles à la véritable paix ?

    Le propos du Bouddha n'est pas de critiquer les positions d'autrui ou de débattre avec un quelconque « adversaire ». Il n'y a pas plus d'ego à défendre que d'idéologies, de systèmes de croyance, de points de vue philosophiques. Il s'agit d'apprécier l'utilité de la pensée mais aussi de percevoir ses limites. Utilité indiscutable puisqu'elle peut soutenir la démarche spirituelle. Grâce à elle, le discernement se développe et la compréhension ouvre des perspectives plus larges à l'esprit. Cependant, au cours de son usage, elle découvre elle-même son impuissance lorsqu'elle bute devant le caractère énigmatique de la réalité.

    Couverture de Le grand livre du bouddhisme
    page(s) 498-499