Manuel de méditation zen

Le Relié, 2012
14 cm x 22 cm, 240 pages


Couverture de Manuel de méditation zen

Extraits de l'ouvrage

• Guérir de l'avidité

Un véritable maître [est] quelqu'un qui transmet la manière juste de pratiquer et l'expérience de la pratique afin que cette pratique reste une pratique d'éveil, de libération et ne devienne pas une sorte d'exercice en vue d'obtenir quelque chose. Ceci ne ferait que nourrir l'avidité. Zazen nous guérit à la racine de ce qui cause l'avidité, c'est-à-dire le sentiment qu'il nous manque quelque chose et que l'on cherche désespérément à acquérir.

• Tout est parfaitement manifesté

L'enseignement du zen n'est pas un enseignement ésotérique visant à révéler peu à peu une vérité cachée. Tout est parfaitement manifesté, révélé ici et maintenant en nous-mêmes et en toutes choses. Le choc de la rencontre avec zazen est de réaliser cela intimement, intuitivement sans y mettre des mots, des explications.

Mais souvent, malgré cette révélation ou cette intuition, on continue à agir et à vivre comme s'il y avait autre chose d'important à atteindre. On est toujours à la poursuite d'un ailleurs, d'un au-delà comme si on croyait qu'un secret se trouve caché au fond d'un livre, d'un enseignement ou d'une pratique autre.

page(s) 11
• Pourquoi je pratique ?

Chacun devrait réfléchir sur le sens de son engagement dans la Voie : « Pourquoi je pratique ? Pour devenir plus fort, plus sage, plus concentré ? Ou bien par amour pour tous les êtres. Qu'est ce qui vient en premier ? »

page(s) 12
• La porte de la grande compassion

Parler de compassion n'est pas ce qui permet de la réaliser. Par contre, s'oublier soi-même et toute considération, devenir réellement un avec la réalité de chaque instant est la porte de la grande compassion. Cette compassion est réalisée naturellement et inconsciemment, sans y penser, sans en faire un but.

page(s) 12
• Il ne s'agit pas de croire

Il ne s'agit pas simplement de croire ce qui est enseigné, de répéter, comme un perroquet, que la Voie est parfaite, que tout est vacuité, qu'il n'y a pas d'ego, que tout est sans substance. Sans arriver à cette réalisation dans la pratique, à l'expérimenter à travers la totalité du corps et de l'esprit, cette compréhension n'est d'aucun effet.

page(s) 19
• Réaliser la sagesse intuitive

Le sens de la pratique [… c]'est de réaliser prajñā, la sagesse intuitive qui voit la réalité telle qu'elle est, et surtout de s'harmoniser avec elle de sorte qu'elle imprègne notre manière de penser, de penser et d'agir.

En outre, comme la Voie existe partout, on peut en avoir l'intuition. Aussi, certains ont des satori spontanés en contact avec la nature, car tous les phénomènes manifestent la Voie.

page(s) 19-20
• Juste être assis et ne rien faire

Si l'on explique zazen à quelqu'un qui ne pratique pas, et que l'on dit qu'il s'agit d'être simplement assis et de ne rien faire, cette pratique peut paraître très ennuyeuse, monotone, sans grand intérêt. Abordé du point de vue de notre ego, zazen est ainsi : comme une sorte de perte de temps alors que l'on pourrait faire tant de choses utiles pour notre vie.

Mais lorsque l'on s'assoit et que l'on investit vraiment dans l'assise de zazen, c'est-à-dire que l'on met toute son attention et son énergie à n'être que simplement assis sans poursuivre quoi que ce soit, sans non plus rejeter quoi que ce soit, d'un seul coup notre esprit change complètement. C'est une complète révolution par rapport à notre manière habituelle de fonctionner, toujours tournée vers des objets soit extérieurs – des actions, des choses à faire – ou même des objets intérieurs, des pensées, des sentiments, des émotions…

Ordinairement, on est toujours très occupé, mais lorsque l'on entre dans le dojo et que l'on s'assoit en zazen on n'est plus occupé que par une seule chose : être simplement assis. Et on se laisse dépouiller par zazen de toute autre préoccupation, de tout autre attachement. Et là, au lieu de s'ennuyer, on découvre une manière d'être au monde totalement nouvelle, différente. On est complètement libéré de l'attachement aux objets, aux êtres, aux choses extérieures et on réalise que l'on peut être parfaitement heureux, calme et libre, en étant juste simplement assis. Car être simplement assis veut dire que nous n'avons pas besoin d'ajouter quoi que ce soit au fait très simple, presque nu, d'être là, avec tout ce qui nous entoure, simplement un avec ce qui est. Et que cela suffit, c'est la grande libération de zazen.

Cela ne veut pas dire que nous ne ferons plus rien dans la vie que zazen mais que ce que l'on fait dans la vie, si notre vie est enracinée dans zazen, devient une sorte d'expression de ce zazen, c'est-à-dire l'expression d'une simple présence au monde, dépouillée de toute forme d'avidité et donc de choix, de rejet. Cela veut dire réaliser une très grande liberté intérieure qui permet de s'investir dans des actions et des relations, mais avec un esprit désintéressé.

page(s) 8-9

Quatrième de couverture

S'appuyant sur les enseignements de maître Dôgen, qui au XIII° siècle transmit l'esprit et la pratique du zen de la Chine au Japon, ainsi que sur son expérience d'enseignant, l'auteur nous présente ici de nouvelles traductions et des commentaires de ces textes majeurs que sont le Fukanzazengi, le Bendowa, et la Zazenshin.

La méditation est certes à la mode mais il faut savoir revenir à l'essentiel qui la fonde, le zazen – ou méditation assise – transmis depuis Bouddha. Bien plus qu'une technique de méditation, le zazen était pour Dôgen la pratique-réalisation d'un éveil parfait.