Quatrième de couverture
Le silence peut être senti de manières très diverses. On l'éprouve comme une impression d'accalmie passagère ; ou bien on le ressent parfois lorsque le désir de sécurité du moi est satisfait, ou encore, sur le plan spirituel, comme la participation à une image de perfection. En chacun de nous existe une aspiration naturelle à toutes les formes de silence.
Cependant toutes sont des états transitoires, des instants de bonheur dans une vie qui ne cherche pas son sens profond dans une unité délivrée de tout objet, mais, au contraire, dans les rapports entre sujet et objets, dont les fluctuations poussent l'homme sans cesse en avant. Au-delà se trouve l'expérience du silence qui exprime l'unité de la Vie embrassant tout objet et son contraire.
Quand cette expérience est vraiment vécue, et non pas seulement pensée, cherchée ou pressentie, elle peut devenir le point de départ et le but d'une évolution spirituelle, une orientation de la vie, un « exercice » dont le fruit ne sera pas un état éphémère mais une possession permanente pour l'homme parvenu à maturité. Il s'agit alors d'une disposition d'esprit dans laquelle l'homme perçoit à travers toute discordance la grande harmonie, et dans laquelle il sent en toute opposition l'unité essentielle. Et, dans tout voyage hors de soi-même, il est alors celui qui est déjà rentré au foyer et qui, même s'il le quitte de nouveau, ne perd jamais de vue sa direction.
Être constamment établi dans cet état est, au Japon, ce qui importe. Avec la culture du silence, dont le centre vital est l’« exercice », posséder cet état est le but du Japonais.