Plaidoyer pour le bonheur

NiL, 2003
14 cm x 22 cm, 360 pages


Couverture de Plaidoyer pour le bonheur

Extraits de l'ouvrage

• Jouet des pensées

De fait, une conception répandue en Occident consiste à penser qu'être libre revient à pouvoir faire tout ce qui nous passe par la tête et traduire en actes le moindre de nos caprices. Étrange conception, puisque nous devenons ainsi le jouet des pensées qui agitent notre esprit, comme les vents courbent dans toutes les directions les herbes au sommet d'un col.

page(s) 158
• Victime de ses pulsions

On peut neutraliser un dangereux coupable par tous les moyens nécessaires (y compris la violence si aucun autre moyen n'est envisageable), sans perdre de vue qu'il n'est qu'une victime de ses pulsions, ce que nous-même ne serons pas si nous parvenons à éviter la haine.

page(s) 178
• Les vagues et l'océan de l'esprit

En essayant ainsi de rester dans l'instant présent, libre de concepts, en agrandissant peu à peu l'intervalle qui sépare la disparition d'une pensée de l'apparition de la suivante, il est possible de demeurer dans un état de simplicité limpide qui, pour être libre de fabrications mentales, n'en est pas moins lucide, et qui, pour persister sans effort, n'en est pas moins vigilant.

Nous entraînant à l'observation de la source des pensées, nous réalisons que chacune d'elles surgit de cette pure conscience pour s'y dissoudre à nouveau, comme les vagues émergent de l'océan puis s'y dissolvent. Il n'est pas nécessaire d'aplatir ces vagues par la force, comme en voulant les couvrir d'un plateau de verre : elles se résorbent d'elles-mêmes. Il est en revanche salutaire de calmer le vent des conflits intérieurs qui forment ces vagues et les propagent.

page(s) 236
• Nos blessures sont vides d'existence propre

Même si nos blessures sont profondes, elles n'affectent pas la nature ultime de l'esprit car, en dépit des apparences, elles sont, elles aussi, vides d'existence propre. De ce fait, il est toujours possible de les dissoudre. Ceux qui prétendent que nos fixations sont gravées dans l'esprit comme dans la pierre n'ont simplement pas consacré suffisamment de temps à contempler la nature de l'esprit.

page(s) 246
• Les difficultés : un trésor d'énergie

Il y a là un grand enseignement : ne jamais sous-estimer le pouvoir de l'esprit, capable de cristalliser de vastes mondes de haine, de désir, d'exaltation et de tristesse.

Les troubles que l'on traverse renferment un précieux potentiel de transformation, un trésor d'énergie où l'on peut puiser à pleines mains la force vive qui rend apte à construire ce que l'indifférence ou l'apathie ne permettent pas. Et chaque difficulté peut être la brassée d'osier avec laquelle, ayant vanné le panier intérieur dont on ne se sépare plus, nous recueillons avec aisance tous les aléas de l'existence.

page(s) 248
• Qualités à cultiver pour un meilleur rapport au temps

Concrètement, pour vivre plus harmonieusement notre rapport au temps, nous devons cultiver un certain nombre de qualités.

La vigilance permet de veiller au passage du temps, de ne pas le laisser fuir sans s'en rendre compte. La motivation juste est ce qui colore le temps et lui donne sa valeur. La diligence, ce qui permet de l'utiliser à bon escient. La liberté intérieure évite qu'il ne soit monopolisé par des émotions perturbatrices.

Ainsi chaque jour, chaque heure, chaque seconde est comme une flèche qui vole vers sa cible. Le bon moment pour commencer, c'est maintenant.

page(s) 256
• Entrer dans le flux

Pour entrer dans le flux, il faut que la tâche mobilise toute notre attention et forme un défi à la hauteur de nos capacités : si elle est trop difficile, la tension s'installe, puis l'anxiété ; si elle est trop facile, on va se relâcher et vite s'ennuyer.

Dans l'expérience du flux, une résonance s'établit entre l'action, le milieu extérieur et la pensée. Dans la plupart des cas, cette fluidité est ressentie comme une expérience très satisfaisante, parfois un ravissement. Elle est à l'opposé de l'ennui et de la dépression, mais aussi de la fébrilité et de la distraction.

Il est intéressant de noter également que, tant que dure celle-ci, la conscience de soi s'estompe. Il ne reste que la vigilance du sujet qui se confond avec l'action et ne s'observe pas lui-même.

page(s) 258

Quatrième de couverture

Nous aspirons tous au bonheur, mais comment le trouver, le retenir et même le définir ? À cette question philosophique par excellence, traitée entre pessimisme et raillerie par la pensée occidentale, Matthieu Ricard apporte la réponse du bouddhisme : une réponse exigeante mais apaisante, optimiste et accessible à tous. Cesser de chercher à tout prix le bonheur à l'extérieur de nous, apprendre à regarder en nous-même mais à nous regarder un peu moins nous-même, nous familiariser avec une approche à la fois plus méditative et plus altruiste du monde…

Riche de sa double culture, de son expérience de moine, de sa fréquentation des plus grands sages, de sa connaissance des textes sacrés aussi bien que de la souffrance des hommes, l'ambassadeur le plus populaire et le plus reconnu du bouddhisme en France nous propose une réflexion passionnante sur le chemin du bonheur authentique et les moyens de l'atteindre.