pulsion

Extraits étiquetés avec : pulsion

  • Douceur et valeurs du cœur

    En revenant à la manière dont la Grèce ancienne a pensé et nommé la douceur, c'est tout le rapport qu'entretient une communauté humaine au droit, à la justice, à la guerre, mais aussi aux valeurs dites du « cœur » qui apparaît. Et avec elle ce qu'on appelle l'humanisme. Pour les Grecs, la douceur est le contraire de l'hybris, de cette démesure qui s'empare de l'homme en proie à ce que nous appelons aujourd'hui ses « pulsions », mais elle n'est pas non plus la rigueur morale, non la douceur appartient d'une certaine manière aux dieux plus qu'aux hommes. Bien qu'elle soit tangible tout autant qu'intelligible, elle inclut le bien sans être le bien, la relation sans être une relation, le spirituel sans être un attribut divin et la matière dans sa pure réceptivité.

    Douceur se dit en grec de deux manières : proates, qui signifie douceur, amabilité. Dans les Épîtres, saint Paul évoque ainsi « l'esprit de douceur » nécessaire à l'établissement d'une communauté. La douceur concerne d'emblée la question de l'« être ensemble », le premier cercle du politique et de l'éthique.

    Mais la douceur se dit aussi : praüs, terme plus sensible, qui signifie débonnaire, et que la vulgate traduira en latin par : mitès (en anglais meek – pauvre et doux). Dans les Béatitudes, on trouve : « Heureux les doux car ils régneront sur le monde. » Mitès signifie pour un fruit mûr et tendre, pour une terre : la fertilité, pour un être, la douceur et la bonté.

    En latin, deux autres mots disent la douceur : suavitas, plus intellectuel ou spirituel, et dolcis, qui a donné aussi le mélodieux (pour un son), l'attractivité, la beauté (pour une chose) et le sucré (pour un aliment).

    Avec l'avènement de la chrétienté, le roi/messie attendu dans toute sa splendeur est remplacé par un enfant né dans la pauvreté et l'exil. Placer la royauté spirituelle au lieu de la plus grande vulnérabilité fut un coup de force sans précédent dans l'Histoire. Toutes les valeurs de mérite, de puissance, de valeur guerrière s'en trouvèrent bouleversées.

    Couverture de Puissance de la douceur
    page(s) 44-46
  • Paradoxale sauvagerie de la douceur

    De l’animalité, la douceur garde le secret. Une fondamentale et paradoxale sauvagerie, aussi étrangère à toute forme d'apprivoisement que l'enfance. Ne relevant pas de la seule condition humaine, elle en trace les limites. Si proche de l'animalité qu'elle s'y confond parfois, la douceur s'éprouve au point de rendre possible l'hypothèse d'un instinct qui lui serait propre. Elle serait le trait d'une « pulsion de douceur » première, de protection, de compassion – de bonté même. Un instinct au plus près de l'être, qui ne serait pas seulement affecté à la conservation de soi, mais à la relation.

    Couverture de Puissance de la douceur
    page(s) 23
  • S’emprisonner

    Chaque fois que nous sommes la proie d'un désir, d'une émotion, d'une impulsion non examinée, d'une idée ou d'une opinion, par notre façon de réagir nous nous emprisonnons nous-mêmes instantanément, de manière tout à fait concrète – qu'il s'agisse d'une habitude de repli ou de distanciation, comme dans la dépression et la tristesse, ou d'une explosion, voire d'un « kidnapping » émotionnel quand nous tombons tête la première dans l'anxiété ou la colère. Ces épisodes sont toujours accompagnés d'une contraction dans l'esprit comme dans le corps.

    Couverture de Méditer
    page(s) 25
  • Victime de ses pulsions

    On peut neutraliser un dangereux coupable par tous les moyens nécessaires (y compris la violence si aucun autre moyen n'est envisageable), sans perdre de vue qu'il n'est qu'une victime de ses pulsions, ce que nous-même ne serons pas si nous parvenons à éviter la haine.

    Couverture de Plaidoyer pour le bonheur
    page(s) 178
  • Plaisir : pulsion, récompense, compensation, compulsion

    [I]l ne sert à rien de dénigrer les plaisirs qui sont les nôtres. Il n'est en rien question d'ascétisme. Ce ne sont pas les plaisirs que nous allons remettre en question […], mais plutôt notre dépendance à eux. Nous […] passons de la récompense à la compensation et de la compensation à la compulsion. Passages qui vont sceller le sort de la pulsion de vie. La pulsion est devenue compulsion. Le plaisir est devenu prison. Étonnant retournement des choses. D'autant plus étonnant que, même le sachant, nous restons souvent enchaînés.

    Couverture de Le meilleur de soi
    page(s) 101-102