Christophe André

Portrait de Christophe André

Christophe André (né en 1956) est un psychiatre parisien qui exerce à l’hôpital Sainte-Anne, où il a été pionnier dans le recours à la méditation en psychothérapie, cette pratique s'étant avérée efficace pour prévenir les rechutes de patients souffrants de troubles anxieux et dépressifs.

Christophe André est l'auteur à succès de nombreux ouvrages grand public sur les émotions, les phobies, le stress, l'estime de soi ou la psychologie positive. Et plus récemment sur la méditation, qu'il a également contribué à populariser par des chroniques et émissions sur France Culture et France Inter.

Ces ouvrages, qui évitent délibérément tout jargon bouddhiste, sont fabuleux par l'extrême précision de la description du travail d'observation des sensations, des émotions et des pensées que constitue au quotidien la pratique méditative.

Contributions dans

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Regarder les humains avec tendresse

Comme l'écrit le poète Christian Bobin : « Quelque soit la personne que tu regardes, saches qu'elle a déjà plusieurs fois traversé l'enfer. »

Tous ces humains ont pleuré, ont connu le malheur, les trahisons, les abandons. Parmi les plus âgés, beaucoup sont malades, ont vu mourir des proches. Tous vont mourir un jour, peut-être prochain. Tous vont pleurer et trembler quand ils vont le comprendre. Comme vous, comme moi, comme nous tous, même les agaçants, même les vantards, même les bruyants. Tous ne sont que de petites choses fragiles, mortelles. Tous méritent notre tendresse et notre compassion.

page(s) Chronique n°18
• L’instant présent

Notre esprit est capable de vagabonder dans le temps, mais pas notre corps. Le corps, lui, est toujours dans le présent.

page(s) Chronique n°14
• Ne rien faire

Dans la méditation, on demande souvent aux participants de se désengager des actions et des distractions, et de ne rien faire. Ne rien faire, cela ne consiste pas à somnoler ou à rêvasser, mais à rester pleinement éveillé dans la non action. […]

[L]a non action, ce n'est pas l'inaction. C'est une pleine activité intérieure dans la non activité extérieure. C'est un plein éveil. On ne fait rien, mais on ressent tout, on voit tout, on écoute tout. Comme le dit le philosophe André Comte-Sponville en parlant de la méditation zen : « Certes il s'agit de ne rien faire, mais à fond. »

page(s) Chronique n°25
• Savourer

Nous commettons souvent cette erreur : voir ou sentir les instants de bonheur ou de beauté, mais ne pas nous y rendre présents. Ce n'est pas la même chose de noter mentalement que le ciel est beau ou bien de tout arrêter pour savourer. Car pour savourer, il faut s'arrêter pour de vrai et inviter le corps au festin, à la merveille de l'instant présent. Ressentir alors avec tout son corps, tout son souffle, toute sa personne, ce que la vie nous offre.

page(s) Chronique n°3
• Le corps et l'esprit

Le corps et l'esprit, ce n'est ni la même chose, ni deux choses séparées : ce sont deux réalités différentes mais très étroitement connectées. Avoir conscience de ces connexions peut énormément nous apprendre. C’est cela, faire l'expérience de son corps ; ce n'est pas se dire rapidement et vaguement : « Oui, oui, j'ai un corps et c'est important d'en prendre soin. » Mais c'est, aussi souvent que possible, s'arrêter et éprouver ce qui se passe juste à cet instant en nous. Se connecter à lui. L'éprouver, le ressentir délibérément, subtilement, respectueusement. Et pas seulement lorsqu'il nous fait souffrir ou jouir.

Apprendre à lire nos sensations, leur prêter attention : elles sont le tableau de bord qui témoigne de l'équilibre ou du déséquilibre de notre âme.

page(s) 46
• Méditer c'est s'arrêter

S'arrêter de faire, de remuer, de s'agiter. Se mettre un peu en retrait, se tenir à l'écart du monde.

Au début, ce qu'on éprouve semble bizarre : il y a du vide (d'action, de distraction) et du plein (tumulte des pensées et des sensations dont on prend soudainement conscience). Il y a ce qui nous manque : nos repères et des choses à faire ; et, au bout d'un moment, il y a l'apaisement qui provient de ce manque. Les choses ne se passent pas comme à « l'extérieur », où notre esprit est toujours accroché à quelque objet ou projet : agir, réfléchir sur un sujet précis, avoir son attention captée par une distraction.

Dans cette apparente non-action de l'expérience méditative, on met du temps à s'habituer, à voir un peu plus clair. Comme dans le tableau. Comme lorsqu'on passe de la lumière à l'ombre. Nous sommes entrés en nous-mêmes, pour de vrai. C'était tout près de nous, mais nous n'y allions jamais. Nous traînions plutôt dehors : à notre époque de sollicitations effrénées et de connexions forcenées, notre lien à nous-mêmes reste souvent en friche. Intériorités abandonnées... [...]

On pensait, on espérait trouver le calme, le vide. On tombe souvent sur un grand bazar, du tapage, du chaos. On aspirait à la clarté, on a trouvé la confusion. Parfois, méditer nous expose à l'angoisse, à la souffrance, à ce qui nous fait souffrir et qu'on évitait en pensant à autre chose, en s'agitant ailleurs.

page(s) 14-15
• La pleine conscience

« La pleine conscience ne réagit pas à ce qu'elle voit. Elle voit, simplement, et elle comprend sans mots. »

page(s) 27 (citation d'un maître bouddhiste)
• Commencer à y voir plus clair

Nous nous sommes arrêtés, donc, nous nous sommes assis et nous avons fermé les yeux. Non pour dormir, non pour nous reposer, mais pour comprendre : comprendre ce que l'on éprouve, clarifier ce désordre, qui n'est que l'écho du monde en nous. Comprendre qu'il y a deux voies : celle de l'intelligence (intervenir, agir, malaxer la réalité avec notre volonté, notre lucidité, nos efforts) et celle de l'expérience (accueillir la réalité toute nue et la laisser nous recouvrir, nous habiter, nous imprégner, dans un mouvement de lâcher prise intensément attentif).

page(s) 16
• Le souffle est toujours là...

Toujours là, avec nous. Comme une ressource toujours disponible pour prendre conscience, pour se rattacher à l'instant présent en observant, sans chercher à les modifier, les mouvements de ma respiration, dans tout mon corps.

Le souffle c'est l'ancre de la pleine conscience qui nous aide à nous amarrer à l'instant présent. [...]

Attention de ne pas lui demander l'impossible : inutile de chercher à respirer pour ne pas ressentir (stress, angoisse, peur, tristesse, colère). Mais respirer pour ne pas se faire engloutir.

page(s) 36
• Le goût intense de l'expérience

La pleine conscience nous apprend que l'expérience est aussi importante que le savoir : lire sur la pleine conscience, ce n'est pas comme la pratiquer. Écouter un CD d'exercices de méditation pour prendre connaissance de son contenu, ce n'est pas comme faire ces exercices.

L'expérience, comme voie d'accès au réel, ne remplace pas le savoir, la raison ou l'intelligence, mais elle les complète. Et il n'y a rien de plus simple que l'expérience, il suffit de prendre le temps : il faut juste s'arrêter pour éprouver.

page(s) 28-29
• Ressentir plus que penser : la conscience immergée

Méditer en pleine conscience, ce n'est pas analyser l'instant présent, ou du moins pas comme on le croit. C'est l'éprouver, le ressentir, de tout son corps, sans mots. Ce n'est ni habituel ni confortable de se passer ainsi durablement du langage pour traverser des moments de notre vie. Et pas facile : ne pas parler, passe encore, mais ne pas penser ! Juste éprouver, se connecter. Pourtant, nous avons tous déjà fait cette expérience.

page(s) 26
• Le corps

Souvent nous faisons un mauvais usage de notre corps. Nous nous en servons comme d'un outil qui doit nous obéir. Nous ne faisons attention à lui que lorsqu'il nous fait souffrir ou qu'il nous donne du plaisir. Puis nous le négligeons. Et nous privilégions encore et toujours la pensée sur les ressentis. En méditation, on apprend à utiliser son corps de manière plus respectueuse et intelligente, en commençant par se mettre à son écoute régulièrement.

page(s) Chronique n°8
• Le bavardage des pensées

Dès que nous nous éveillons, des idées, des projets, des images, des envies envahissent notre esprit. Notre cerveau produit des pensées, comme nos poumons produisent du souffle, c'est normal. Mais nous pouvons prendre de la distance avec ces pensées, les repérer, les observer, sans y adhérer, sans les suivre ; s'apercevoir qu'elles nous ont embarqués et nous en détacher. Les laisser passer comme si, au bord d'un fleuve, nous regardions passer les flots au lieu de nous y débattre.

page(s) Chronique n°2
• La force intérieure : méditation de la montagne

Des tempêtes peuvent souffler à votre esprit, des pensées, des émotions, des inquiétudes douloureuses peuvent balayer votre conscience. Mais vous aussi vous pouvez rester là posé, centré, à respirer quoiqu'il advienne. Les nuages passeront et le ciel bleu reviendra, sur la montagne comme dans votre esprit.

page(s) Chronique n°13