[L]e Sage ne laissera sa conduite ni s'embarrasser dans des savoirs, ni s'engluer dans des accords, ni s'enliser dans des vertus, ni s'entraver dans des succès.
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Extraits étiquetés avec : savoir
Conduite du sage
page(s) 43Le plus grand ennemi du vrai savoir
[J]e commence à croire qu'il n'est pas de plus grand ennemi du vrai savoir que de vouloir savoir à tout prix, d'apprendre.
page(s) 31J’aime ceux qui aiment
Je n'aime pas ceux qui parlent de Dieu comme d'une valeur sûre. Je n'aime pas non plus ceux qui en parlent comme d'une infirmité de l'intelligence. Je n'aime pas ceux qui savent, j’aime ceux qui aiment.
page(s) 33La relation requiert beaucoup d’intelligence
La relation requiert beaucoup d’intelligence. On ne l'acquiert pas en achetant un livre et on ne peut pas l'enseigner. Elle n'est pas la somme d'une grande expérience. Le savoir n'est pas l'intelligence. Le savoir peut être astucieux, brillant et utilitaire mais ce n'est pas l'intelligence. L'intelligence peut se servir du savoir. L'intelligence apparaît naturellement et facilement quand on perçoit toute la nature et la structure de la relation. C'est pourquoi il importe d'avoir du loisir afin que l'homme et la femme, le maître et l'élève puissent calmement et sérieusement parler de leur relation dans laquelle ils percevront les vraies réactions, leurs susceptibilités et les barrières qui les séparent, au lieu de les imaginer et de les déformer pour se faire plaisir mutuellement ou bien de les supprimer pour amadouer l'autre.
Tel est certainement le rôle d'une école : aider l'élève à éveiller son intelligence et à apprendre combien il est important d'établir une relation juste.
page(s) 31-32Le savoir nous rend mécanique
Notre éducation consiste, pour une large part, à acquérir du savoir, ce qui nous rend de plus en plus mécaniques ; nos esprits s'enferment dans la routine, que ce soit en acquérant un savoir scientifique, philosophique, religieux, commercial ou technologique.
page(s) 23-24Le fond océanique de sagesse
De même que les plus furieuses tempêtes ne perturbent pas les fonds océaniques, les catastrophes historiques et sociales ne menacent pas l'acquis profond de l'homme, ni son savoir et sa sagesse.
page(s) 11Regarder le corps du dedans
À la question « Quelle est la différence entre le savoir et la sagesse ? », le philosophe et maître zen contemporain D.T. Suzuki répond : « Le savoir regarde au-dehors ; la sagesse regarde en dedans. Mais attention, si vous regardez dedans, comme vous regardez dehors, vous faites du dedans… un dehors. » (il y aurait là un beau sujet pour le bac de philo !)
Pour comprendre l'intérêt de la Voie de la technique, il faut regarder le corps du dedans. K. Graf Durckheim, après une immersion d'une dizaine d'années dans le monde du zen, écrit : « Le corps n'est, sur le plan de la personne, ni un organisme physique détachable du sujet ni un instrument fonctionnel plus ou moins bien au service du moi profane. Il est, bien plus, le moyen spatio-temporel d'être un sujet et de devenir soi-même. Il est l'unité d'attitudes et de gestes dans lesquels l'homme se présente, s'exprime, prend forme et se réalise ou se manque. »
page(s) 19« Je suis »
Revenir sans cesse dans la simple intuition ou pressentiment :
« Je suis »
Je suis libre
de tout conditionnement,
de toute limite,
de toute mémoire,
de tout savoir,
de toute hérédité,
de tout passé,
de tout avenir.
Je suis un espace qui contient et accueille tout ce qui vit et respire :
les justes et les injustes, les grands et les petits, les pauvres et les riches.
Je suis présent,
présence réelle du Réel souverain,
je suis Cela,
l'inconditionné, l'innommable, l'impensable,
l'intangible, l'incréé, l'infinie liberté,
pur espace, pure vacuité,
je suis Cela.
« Je suis ».page(s) 19Partant de l'ici le plus concret
Un koan est parfois donné à un méditant pour l'aider à ne rien saisir, à abandonner le souci de tout contrôler et de tout maîtriser. Pour ouvrir le ciel de son esprit. La seule réponse est celle qui, partant de l'ici le plus concret, donne à entendre de façon immédiate ce qu'est le fait d'être humain. À force de savoir beaucoup de choses, on oublie parfois l'essentiel.
page(s) 10Être questionnant
Comme il est merveilleux de poser des questions ! En vieillissant, on finit par se faire prendre par tout ce qu'on sait, par tout ce qu'on croit savoir et qu'on entend dire. La méditation a beaucoup à voir avec ce retour à l'expérience de ne pas savoir, d'être questionnant et appelé ainsi au renouveau.
page(s) 7La pensée empêche de se projeter dans l'inconnu
Le savoir est important mais ce savoir – qui est le connu – empêche l'esprit d'aller au-delà du présent et du passé. La pensée ne peut fonctionner que dans le champ du connu car, même si elle croit se projeter dans l'inconnu, elle le fait suivant son conditionnement, sa connaissance du connu. Et l'on observe ce phénomène partout dans le monde – l'idéal, l'avenir, ce qui devrait être, ce qui est tenu d'arriver selon le passé, le conditionnement, l'éducation, le milieu. Et la pensée est également à l'origine de notre comportement, de la vulgarité, de la grossièreté, de la brutalité, de la violence dans les relations, etc.
page(s) 53Cesser de chercher un refuge
La concentration amène le savoir ou les pouvoirs, mais non la vision intuitive, laquelle ne peut être « sollicitée » ; elle se lève spontanément dès lors que la vigilance passive a transpercé les voiles de l'ignorance de part en part. Lorsque l'esprit conditionné accepte de renoncer à ses accumulations et, que sans mobile aucun il parvient à l'Inconditionné, il cesse de chercher un refuge et s'ouvre au flot de la vision intuitive, renouvelant son contenu d'instant en instant.
page(s) 10Le corps que j'ai versus le corps que je suis
Les maîtres zen, comme Spinoza et quelques philosophes occidentaux, réfutent la dualité corps-esprit.
Que dit Spinoza ? « Si nous opposons ce qu'on appelle le corps à ce qu'on appelle l'esprit, c'est parce que nous n'avons pas une connaissance suffisante du corps ! »
Est-ce encore vrai à notre époque alors que le « savoir » sur le corps s'étend jusqu'à la génétique ? Spinoza n'envisage pas les savoirs mais la connaissance, par la personne elle-même, du fonctionnement de son propre corps.
Grâce à son expérience des exercices qu'il a pratiqués au Japon,Graf Dürckheim est passé de la notion du corps que l'homme « a » à l'expérience du corps que l'homme « est ».
page(s) 21Déposer son ballot
Avant de pouvoir seulement approcher le coussin et entamer la grande activité de la méditation assise, nous devons nous défaire de notre désordre habituel et des supports auxquels nous nous accrochons à longueur de journée. Nous rejetons l'idée selon laquelle plus on a, mieux c'est ; ou encore, plus nous en savons, plus nous sommes intelligent, occupé et frénétique, plus nous accomplissons de choses. Dans le zendo, on dépose son ballot.
page(s) 40Le goût intense de l'expérience
La pleine conscience nous apprend que l'expérience est aussi importante que le savoir : lire sur la pleine conscience, ce n'est pas comme la pratiquer. Écouter un CD d'exercices de méditation pour prendre connaissance de son contenu, ce n'est pas comme faire ces exercices.
L'expérience, comme voie d'accès au réel, ne remplace pas le savoir, la raison ou l'intelligence, mais elle les complète. Et il n'y a rien de plus simple que l'expérience, il suffit de prendre le temps : il faut juste s'arrêter pour éprouver.
page(s) 28-29