Quand nous éveillons ainsi notre cœur, nous découvrons avec surprise qu’il est vide. Nous constatons que nous regardons l’espace. Que sommes-nous, qui sommes-nous, où est notre cœur ? Si nous regardons vraiment, nous ne verrons rien de tangible ni de solide. Bien-sûr, il se peut que nous trouvions quelque chose de très solide si nous en voulons à quelqu’un ou si nous vivons un amour possessif. Mais ce n’est pas là un cœur éveillé. Si nous cherchons le cœur éveillé, si nous creusons dans notre poitrine pour le trouver, nous n’y découvrirons rien d’autre qu’une sensation de tendresse. C’est doux et endolori, et si nous ouvrons les yeux sur le monde, nous éprouvons une immense tristesse.
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Extraits étiquetés avec : espace
Tendresse & tristesse
page(s) 47Dans l’ordinaire, quelque chose qui transcende l’ordinaire
Entre les branches des arbres, dans les sous-bois, passe un je-ne-sais-quoi d'espace et de lumière qu'on ne verrait peut-être pas si certains peintres ne l'avaient mis en évidence. Il y a dans l’ordinaire, quelque chose qui transcende l’ordinaire, la formule est de l'ancien maître de haïku Bashō.
Notre travers est de toujours situer cet au-delà du monde dans un ailleurs, là où il est dans une présence invisible.
page(s) 29-30Vacuité et réel sont un
[T]ous les dharma sont vides, car nous utilisons la notion de vacuité ou d'espace pour détruire la croyance en une réalité absolue, et nous utilisons ensuite la beauté infinie de la réalité pour détruire la notion d'un vide absolu. C'est la raison pour laquelle je préfère le mot « espace », car il pose clairement le fait que la vacuité et le réel sont un.
page(s) 26Comme le flux des nuages dans l’espace
Il suffit de se tourner « vers l'Océan de notre propre essence et développer un accord pratique avec notre propre nature » dit Yangshan. Alors « l'action et le repos de ceux qui ont atteint le Chan est comme le flux des nuages dans l'espace, sans conscience de soi, comme la pleine lune qui illumine tout. » Tout est alors le Bouddha, tout est alors le Chan.
Lorsque vous passez ce cap de compréhension, personne ne peut vous fixer dans une adhésion à quoi que ce soit. Le dogme et le concept balayés, vous êtes libres et spacieux, authentiques et simples, indépendants et créatifs. La pureté et l'impureté n'ont plus de sens. La pleine conscience ne s'oppose plus à la grâce de l'inconscience, les idées se consument comme des flocons de neige sur un fourneau brûlant.
page(s) 24Votre esprit est réellement éveillé
[L]e mot « bouddha » signifie simplement « éveillé » ou « réveillé ». Il ne se réfère pas à un personnage historique particulier, à une philosophie ou à une religion, mais à votre propre esprit. Vous savez que vous avez un esprit, mais à quoi ressemble-t-il ? Il est éveillé. Je ne veux pas dire simplement « non endormi ». Non, votre esprit est réellement éveillé, au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Il est lumineusement clair, ouvert, vaste, et déborde d'excellentes qualités : l'amour sans réserve, la compassion, et la sagesse qui voit les choses telles qu'elles sont.
page(s) 23N’acceptant ni l’espace ni le temps
Par définition, l'homme est situé dans l’espace et dans le temps et il n’accepte ni l'un ni l'autre. Dans l’espace, c'est-à-dire dans la multiplicité. Dans le temps, c'est-à-dire dans le changement.
page(s) 27Un avec ce qui ne change pas
À mon avis, un changement radical ne se produit qu'au moment où nous découvrons notre identité parfaite en tant que Conscience. À cet instant, nous ne sommes qu'Un avec ce qui ne change pas, ce qui n'a aucune caractéristique particulière, ce qui se trouve au-delà du temps, de l'espace et de la causalité.
page(s) 18Habiter son espace, c’est le parcourir
[I]l devait maintenant habiter l'espace amoureux et amical de son corps et s'y mouvoir au rythme qui lui convenait et qui conviendrait à son entourage. Ici, dans la séance, habiter l'espace amical et amoureux voulait dire s'arrêter sur chacun des proches, le regarder, l'entendre, l'approcher et peu à peu renouveler ses modes de relation avec lui, cela signifiait le faire exister par une longue attention, le laisser exister à sa manière à travers la mémoire de la multitude des sensations incorporées qui attendent d'être éveillées, ou encore faire preuve d'imagination à son égard pour qu'il puisse se déployer à sa guise. Habiter son espace, c'est donc le parcourir, s'y mouvoir, l'investir personnellement et activement pour le tisser avec des fils rénovés.
page(s) 187 (La fin de la plainte)Ni perception, ni non-perception
— Moine Siddharta Gautama, dans l'état de non-matérialité, la vacuité n'est ni l'espace vide ni ce que l'on appelle la conscience. Tout ce qui reste est encore du domaine de la perception. Or, le chemin de la libération consiste à transcender toute perception.
— Maître, si on élimine la perception, que reste-t-il ? Qu'est-ce qui nous distingue alors d'un morceau de bois ou d'un rocher ?
— Un morceau de bois ou un rocher n'existent pas sans la présence d'une perception extérieure. Les objets inanimés sont eux-mêmes des projections de l'esprit. Vous devez atteindre un niveau de conscience dans lequel les notions de perception et de non-perception n'existent plus.
page(s) 86Paisible tel un lac
Quand il méditait, il pouvait désormais lâcher prise et ne se focalisait plus ni sur le passé, ni sur le futur. Il atteignit un stade de sérénité paisible et d'extase extrême même s'il sentait les graines de ses pensées et de l'attachement encore présentes en lui. Quelques semaines plus tard, Siddharta expérimenta un niveau encore plus élevé de méditation et ces fameuses graines disparurent à leur tour. Puis, il arriva à un stade de concentration tel que même les notions d'extase et de non-extase cessèrent d'exister. Son cœur s'apaisa tel un lac par une calme journée.
Maître Alara, impressionné par les progrès si rapides de Siddharta, lui apprit comment atteindre l'état méditatif du royaume de l'espace infini, dans lequel l'esprit ne fait plus qu'un avec l'univers. Les phénomènes visuels et matériels cessent de se produire, et l'espace est perçu comme la source illimitée de toute chose.
Siddharta suivit les instructions d'Alara et concentra toute son énergie à la réalisation de cet état qu'il atteignit en moins de trois jours. Néanmoins, il restait prisonnier de ses angoisses les plus profondes. Il retourna demander de l'aide à Alara qui lui déclara :
— Tu dois franchir l'étape suivante. Le royaume de l'espace infini est de même nature que ton propre esprit. Ce royaume n'est pas une production de ta conscience mais ta conscience elle-même. Maintenant, tu dois expérimenter le royaume de la conscience infinie.
Siddharta revint vers son lieu de méditation et connut en deux jours le royaume de la conscience infinie. Il vit que sa conscience devenait partie prenante de chaque phénomène se produisant dans l'univers. Mais ses émotions négatives et ses inquiétudes continuaient à le tourmenter. Il revint trouver maître Alara qui le regarda avec un profond respect.
— Tu approches du but suprême. Rentre dans ta hutte et médite sur la nature illusoire de tout phénomène. Tout, dans l'univers, est créé par ton propre esprit : les formes, les sons, les odeurs, le goût et la perception tactile du chaud, du froid, du dur, du doux… Ces créations de l'esprit n'existent pas de la façon dont on les conçoit habituellement. Notre conscience est comme un artiste qui matérialiserait toute sensation par une création psychique ou physique. Une fois que tu auras atteint le royaume de la non-matérialité, tu auras réussi. C'est un état dans lequel on s'aperçoit qu'aucun phénomène n'existe en dehors de notre esprit.
page(s) 79-80Être pleinement là
On pourrait dire que le fait qu'on ne nous ait pas offert un siège de cabinet confortable sur lequel nous percher est un don de Dieu. On nous a présenté au contraire une lame de rasoir en guise de siège. Impossible de se percher sur une lame de rasoir, on ne peut qu'y être, en restant attentif. La lame de rasoir est une expression de l'espace de tous les autres domaines. Il se peut que les autres endroits soient menaçants et que la lame de rasoir devienne un lieu confortable sur lequel s'asseoir, comme il se peut que les autres endroits soient accueillants et que la lame soit menaçante.
Quoi qu'il en soit, ce qui compte c'est la sensation d'être pleinement là, sans une once d'hésitation. Toute la situation devient extrêmement puissante et spacieuse, ce qui correspond à l'aspect éveillé ou transcendant du maṇḍala.
page(s) 33-34L’espace nous appartient
Même si nous nous sentons emprisonnés, obligés de faire certaines choses, nous n'en éprouvons pas moins le sentiment qu'aussi bien la décision que l'espace – la sensation d'espace, la sensation qu'il se produit quelque chose – nous appartiennent. Bien entendu, il s'agit là d'une notion très abstraite, très difficile à saisir.
Cette énergie totale – totalement créatrice, totalement destructrice – est ce qu'on pourrait appeler l'immédiateté. L'immédiateté est le sentiment d'être en harmonie avec ce qui se passe : le passé est une fiction, l'avenir est un rêve, et la vie se déroule sur le fil d'une lame de rasoir. Elle est terriblement tranchante, cette lame, terriblement incertaine et oscillante. On tente d'établir une base, mais le sol n'est pas suffisamment solide, il est trop coupant, et on oscille entre cela et ceci.
page(s) 32-33Solitude et totalité
Si vous savez que vous êtes un être solitaire, alors vous sentez la totalité de l'espace dans lequel vous êtes seul ou solitaire. Cela revient au même, c'est tout à fait pareil. Vous ne pouvez pas vous sentir seul à moins de sentir la totalité de la situation.
page(s) 26C’est si simple
Je reçus ma première instruction de méditation. Je fus surpris de me trouver exposé à l'espace inconditionnel, à l'espace au-delà de la conscience commune, laquelle est toujours préoccupée par son propre ressassement. Plus de bavardages !
Être. Simplement être.
C’était donc si simple. Le geste du Bouddha consiste à s'asseoir pour toucher un sens d'être inconditionnel. Je m'étais en partie trompé. Suivre la voie du Bouddha est plus simple que je ne l'avais pensé et permet d'embrasser la beauté et la gravité de notre existence sans en rejeter aucune part.
page(s) 17L’esprit
D'après le bouddhisme, l’esprit n'est pas une entité mais un flot dynamique d'expériences, une succession d'instants de conscience. Ces expériences sont souvent marquées par la confusion et la souffrance, mais elles peuvent aussi être vécues dans un état spacieux de clarté et de liberté intérieure.
page(s) 25Un espace s’ouvre
Lorsque nous sommes pleinement en rapport avec la situation, le sentiment de moi se distend, voire se dissout. Lorsque nous sommes avec un ami, un espace s’ouvre, l'espace même de l'amitié. Nous sommes d'autant plus proche de lui, avec lui, que nous ne sommes plus concernés par nous-même, qu'il n'y a plus cet observateur qui s'assure sans cesse que la situation lui est favorable ou non.
page(s) 23Ralentir le flot et trouver de l’espace
Quand on commence à pratiquer la méditation, on a toutes sortes de choses qui surgissent dans l'esprit comme les brindilles charriées par le courant impétueux d'une rivière. Ces « brindilles » peuvent être des sensations physiques, des émotions, des souvenirs, des projets, et même des pensées comme celle que l'on ne peut pas méditer. Il n'y [a] donc rien de plus naturel que d'être emporté par ces choses, d'être pris, par exemple, par des questions comme celles-ci : pourquoi ne suis-je pas capable de méditer ? Quel est mon problème ? Tous les autres, dans cette salle, ont l'air de pouvoir suivre les instructions ; pourquoi ai-je, moi, tant de mal ? [Mon père] m'expliqua alors que tout ce qui me traversait l'esprit à un moment donné, c'était exactement sur cela qu'il fallait se concentrer, puisque, de toute façon, c'était là que mon attention se trouvait.
Ce serait l'acte de faire attention, m'expliqua mon père, qui peu à peu ralentirait ces flots impétueux en me permettant de trouver un peu d'espace entre ce que je regardais et la simple conscience de regarder. La pratique aidant, cet espace s'étirerait. Je cesserais progressivement de m'identifier aux pensées, aux émotions et aux sensations que j'éprouvais pour me reconnaître dans la conscience pure de l'expérience que j'en faisais.
page(s) 25-26L’espace, la clarté, le rien
Mais qu'est-ce que voir Dieu ? […C]'est « ne rien voir », ce n'est pas « voir quelque chose » ou « quelqu'un », un être ou un étant ; pour Philon et les anciens Thérapeutes, Dieu est « plus qu'être », meilleur que le Bien, au-delà de l'Un, au-delà de tout. Dieu est no-thing, « pas une chose », l'Être n'est pas « un être », c'est de l'espace, de la clarté, c'est ce qui demeure entre nous, entre tout, le Rien, no-thing, le « pas une chose », d'où naissent toutes les choses dont parle le livre de la Genèse, le Tétragramme, yod he vav he, le Nom innomable, imprononçable de l'expérience biblique.
page(s) 10Un espace d’immense liberté
J'ai touché le lieu où la priorité n'est plus ma vie mais LA vie. C'est un espace d’immense liberté.
page(s) 29« Je suis »
Revenir sans cesse dans la simple intuition ou pressentiment :
« Je suis »
Je suis libre
de tout conditionnement,
de toute limite,
de toute mémoire,
de tout savoir,
de toute hérédité,
de tout passé,
de tout avenir.
Je suis un espace qui contient et accueille tout ce qui vit et respire :
les justes et les injustes, les grands et les petits, les pauvres et les riches.
Je suis présent,
présence réelle du Réel souverain,
je suis Cela,
l'inconditionné, l'innommable, l'impensable,
l'intangible, l'incréé, l'infinie liberté,
pur espace, pure vacuité,
je suis Cela.
« Je suis ».page(s) 19