Nous n'inventons rien, nous ne recherchons pas des états psychiques extraordinaires. « Ce qui est, est », là est notre bonheur, agréable ou douloureux, peu importe.
non-discrimination
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Ce qui est, est
page(s) 28Devenir vraiment humain
L'entraînement Zen traditionnel consiste […] d'abord à devenir vraiment humain, c'est-à-dire capables d'agir, sentir, parler et penser d'une façon vraiment humaine quelles que soient les circonstances, bonnes, mauvaises ou indifférentes.
page(s) 20Un espace s’ouvre
Lorsque nous sommes pleinement en rapport avec la situation, le sentiment de moi se distend, voire se dissout. Lorsque nous sommes avec un ami, un espace s’ouvre, l'espace même de l'amitié. Nous sommes d'autant plus proche de lui, avec lui, que nous ne sommes plus concernés par nous-même, qu'il n'y a plus cet observateur qui s'assure sans cesse que la situation lui est favorable ou non.
page(s) 23Trois qualités fondamentales : l’ouverture d’esprit naturelle
La troisième qualité, la bonté fondamentale, est l’ouverture d’esprit naturelle, l'infini de notre esprit aussi vaste que le ciel. Fondamentalement notre esprit est expansif, souple et curieux. Il est vierge de préjugés, pour ainsi dire. Il s'agit de l'esprit avant que nous ne nous limitions à un point de vue étroit fondé sur la crainte, un point de vue où autrui est soit un ennemi, soit un ami, soit une menace, soit un allié, soit une personne que nous aimons soit une personne que nous détestons ou qui nous laisse indifférents.
page(s) 15Comme dans un miroir que rien ne peut obscurcir
Comme le dit Wanshi : « Tout fonctionne sans laisser de trace. Tout est reflété comme dans un miroir que rien ne peut obscurcir. » L'esprit et tous les phénomènes s'harmonisent puisqu'on pratique sans utiliser sa conscience personnelle. C'est-à-dire sans vouloir obtenir quelque chose ou rejeter quoi que ce soit, sans juger, sans discriminer, avec un esprit complètement ouvert – mushin – sans intention, sans arrière-pensées. Ainsi on peut trouver la paix de l'esprit.
page(s) 13Absence de consistance stable n’est pas absence
Qu'arrive-t-il lorsque l'aptitude à prajñā se trouve orientée en direction de l'examen de la nature de soi, notre point de départ ? Aux premiers stades de la pratique exercée de śamatha, il est tentant d'assigner la notion vague du soi à un observateur abstrait ou à un témoin, une sorte d'instance qui sait. Dans la tradition, on appelle vijñāna (en tibétain : rnam she) ce niveau d'examen, et le terme lui-même indique une telle compréhension erronée. Aussi des notions de cette sorte comme celle d'observateur divisé ne peuvent-elles fournir une réponse satisfaisante à la question de la nature de l'ego ou du soi telle que nous cherchons à l'élucider. Cela contraste avec jñāna (en tibétain : ye shes), qui signifie une conscience où une telle division n'apparaît pas. […]
Au fur et à mesure que l'examen se poursuit dans des séances répétées de śamatha, on commence à disposer de toute une série de variations concernant la nature des apparences, des moments de conscience. À partir de cette source de variations, on se met à entrevoir un point d'achèvement qui se remplit intuitivement de façon progressive. Une intuition commence à prendre forme : la nature du soi est précisément sa non-trouvabilité. Il n'y a rien à saisir qui ferait des personnes et des phénomènes ce qu'ils sont (en sanskrit : anātman ; en tibétain : bdag med gnyis). Cette expérience même d'ipséité se donne sous un nouveau jour comme n'ayant pas de consistance stable, mais comme n'étant pas pour autant de l'ordre de l'absence. C'est la même chose que de conclure, sur le plan conceptuel, que la nature du soi est śūnya, mais je préfère le présenter sous son versant manifeste, phénoménal.
La traduction habituelle de anātman est « non-soi », ou bien « vide de soi ». Cependant, on est à nouveau trop proche de la langue bouddhiste d'origine. Ma description de l'introuvabilité, contrastant avec la manière habituelle de la rendre par le terme « non-soi », s'attache à ressaisir la texture de ce niveau d'examen de śūnya. Pour le pratiquant, anātman est manifeste, vécu comme surabondant : c'est un non-savoir qui réserve une foule de surprises.
page(s) 397-398Un haut lieu d’expérimentation du vivant
J'ai fait du lieu où je me tiens un haut lieu d’expérimentation du vivant.
C'est un choix sur lequel on ne revient pas, en se disant : ce morceau-là, je le prends ; celui-là, je ne le prends pas !
page(s) 28