On vit dans la peur sans le savoir, on est environné par elle comme par une présence fantomatique, une apparition. La peur nous inquiète et nous sidère, et pourtant… pourquoi ne pas en risquer l’amitié comme on approche, de nuit, certains grands animaux ? En allant d'abord, et de nuit, à sa rencontre. Nous croyons être retenus par nos peurs, nous croyons ne pas avoir la force de les affronter, car ce serait alors les connaître, mais aussi les aimer, s'y attacher même.
Nos peurs sont le visage de notre émerveillement futur, le commencement de toute création. Elles sont les rebuts cristallisés de nos plus infimes émotions, elles courent sous nos doigts et nous les laissons filer, regrettant de ne pas les avoir gardées.
Nous faisons front contre nos peurs et, silencieusement, nous sommes retenus intérieurement par le souvenir d'espérances très anciennes. Nous vivons sous anesthésie locale, sous enveloppe de cellophane, cherchant désespérément quelle substance, quel amour pourrait nous éveiller sans crainte.