[P]our remonter aux racines de l'altruisme, si l'on observe l'afflux de nouvelles données en éthologie qui paraissent aller en ce sens, il semble que l'humanisme soit préprogrammé dans le somatique, et que ce soit nos représentations tardives (après Descartes et ses animaux-machines, là où le Roman de Renart était plus fin) d'une inintelligence animale qui nous aient empêchés de voir que la compassion est un sentiment, et la solidarité un comportement, à l'origine naturels.
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Compassion et solidarité sont naturels
page(s) 34Un soi qui assume sa responsabilité
Le fait d’être privé de « soi » nous prive de la possibilité de parler pour de bon et d’avoir une véritable responsabilité. […]
Pour qu’il y ait une véritable altérité, il faut qu’il y ait deux « soi ». Il faut que chacune des deux personnes tienne sa place pour qu’une véritable rencontre ait lieu.
Si quelqu’un me parle, il faut que j’aie suffisamment de consistance pour l’écouter et qu’ainsi un véritable dialogue puisse avoir lieu entre nous.
Ce que l’on raconte sur ces questions est insuffisant. Nous opposons à tort égoïsme et altruisme. Or il n’y a pas d’altruisme sans un soi qui assume sa responsabilité.
page(s) 20-23Prééminence de la compassion dans le Mahāyāna
Le Mahāyāna repose sur le principe qu'on ne se préoccupe pas seulement de soi-même, mais que l'on considère l'autre comme plus important que soi. On met donc un accent particulier sur l'amour et sur la compassion. Ainsi, au début de toute pratique, on pense qu'on s'y engage afin de devenir capable de libérer tous les êtres de la souffrance et de pouvoir tous les établir dans un bonheur définitif. De la même manière, à la fin d'une pratique, on dédie toute la force positive qui en découle au bien de tous les êtres, afin qu'ils deviennent libres des souffrances, du karma et des émotions conflictuelles et qu'ils obtiennent ultimement l'état de bouddha.
page(s) 27Empathie, compassion, bonté
L'empathie est un ressenti pour (ou avec) d'autres personnes et une compréhension de leurs sentiments. Quand nous sommes témoins de la souffrance d'autrui, la compassion émane de l'empathie. Elle y ajoute le souhait de voir la souffrance prendre fin, et la volonté d'agir en ce sens. La compassion est un état plus puissant qui se situe au-delà d'une réaction d'empathie face à une situation. La bonté est l'expression de cette compassion à travers l'aide, une forme élémentaire d'altruisme. La compassion est ce qui permet à notre réaction d'empathie de se manifester sous forme de bonté.
page(s) 52Capacités innées
[N]otre capacité à faire preuve d'empathie, de compassion, de bonté et d'un comportement altruiste est innée, et non pas acquise au contact d'une société ou d'une culture. Ce n'est qu'après, à travers la socialisation, que nous commençons à faire la distinction entre ceux qui méritent notre bonté et ceux qui ne la méritent pas.
page(s) 51Une exigence de l'être
Les Anciens n'avaient pas tort, qui jugeaient l'amitié comme un sentiment aristocratique, réservé à quelques-uns, hommes de bien, hommes vertueux. Parce que l'amitié est une exigence de l'être, parce qu'elle est une élévation de l'âme, qu'elle est désintéressée, altruiste.
page(s) 11Générosité au-delà du mérite
Dāna [la générosité], en réalité, fonde la vertu d'un altruisme qui dépasse de loin l'idée de rétribution du mérite. Le don matériel ou spirituel, dans les civilisations d'Extrême-Orient qui pratiquent l'idéal d'humanité confucéen (le ren), l'esprit de non-agir taoïste (chin. wuwei), comme l'esprit de non-profit bouddhiste (jap. mushotoku), sont souvent cachés.
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