Le Mahāyāna repose sur le principe qu'on ne se préoccupe pas seulement de soi-même, mais que l'on considère l'autre comme plus important que soi. On met donc un accent particulier sur l'amour et sur la compassion. Ainsi, au début de toute pratique, on pense qu'on s'y engage afin de devenir capable de libérer tous les êtres de la souffrance et de pouvoir tous les établir dans un bonheur définitif. De la même manière, à la fin d'une pratique, on dédie toute la force positive qui en découle au bien de tous les êtres, afin qu'ils deviennent libres des souffrances, du karma et des émotions conflictuelles et qu'ils obtiennent ultimement l'état de bouddha.
souillure de l'esprit
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Prééminence de la compassion dans le Mahāyāna
page(s) 27Passage de l’été d’arhat à celui de bodhisattva
Le but du Hīnayāna est d'atteindre l'état d'arhat, un état dans lequel ne se produit jamais aucune pensée ni aucune émotion conflictuelle ; l'esprit demeure unifié et pacifié […]
Du point de vue du Mahayāna, on ne considère pas cet état comme définitif [… :] la conscience de l'arhat devient beaucoup plus claire et s'élève en elle la vision de la souffrance immense des êtres en même temps que la volonté de les libérer et de les établir dans la paix et le bonheur. La compassion est née.
page(s) 22L’éducation ne favorise pas l’indispensable discipline
Les enfants reçoivent [en Occident] une éducation qui, les laissant très libres de leurs choix et de leurs actes et, ne donnant pas l’habitude de la discipline, ouvre le champ à la dispersion et aux émotions conflictuelles.
page(s) 15Les émotions conflictuelles
[I]l est indispensable de comprendre […] ce qu'on entend dans le bouddhisme par le terme « émotion », c'est-à-dire « émotion conflictuelle ». Il est clair que le mot « émotion » est pris ici dans un sens différent de son acception usuelle. Ainsi, « l'émotion » que procurent un film, une poésie ou un beau paysage se situe sur un autre plan que les « émotions conflictuelles ». Inversement, certains facteurs mentaux répertoriés comme « émotions conflictuelles », comme l'aveuglement ou l'orgueil, ne sont certes pas considérés comme des « émotions » dans le langage courant. il n'existe pas, à vrai dire, d'équivalent exact en français contemporain du sanskrit kleśa ou du tibétain nyeun-mongpa. « Émotion », conflictuelle ou perturbatrice, pour les raisons que nous venons de voir, ne convient pas parfaitement ; « passion », qui dans le langage théologique classique recouvrait presque exactement la notion de kleśa bouddhiste, a pris, de nos jours, un sens très différent.
page(s) 9Être heureux
Selon les enseignements du Bouddha, la condition essentielle au bonheur est la liberté, non pas sur le plan politique, mais sur celui de l'être profond. Il s'agit de se libérer de ces constructions mentales que sont la colère, le désespoir, la jalousie et l'illusion. Le Bouddha les considérait comme des poisons qui, lorsqu'ils subsistent dans nos cœurs, rendent le bonheur impossible.
page(s) 7-8Expérimenter nos potentialités naturelles
La méditation bouddhique est une voie universelle, qui permet d'expérimenter les potentialités naturelles déposées dans la structure même de l'être humain, lorsque le mental n'est plus troublé par les imperfections auxquelles il s'identifie, à tort.
page(s) 38Une conception naïve et dangereuse de la liberté
L'idéologie démocratique propre à notre temps implique une conception naïve et dangereuse de la liberté qui nous conduit à suivre ce que nous désirons – les kleśa, en langage bouddhiste. Mais surtout, elle conduit l'homme à se penser comme « sujet », le « sujet-roi fondateur de lui-même » (Pierre Legendre), ayant à décider par lui-même ce qu'il en est du réel.
Nous touchons là un point décisif. S'il incombe à chacun de répondre à la nécessité de faire qu'une société éveillée se manifeste, la compréhension actuelle erronée d'un tel impératif, perçu comme l'invitation à imposer partout et à tout propos sa volonté, est la source de la crise du monde moderne, celle qu'annonce René Guénon et que Heidegger désigne comme l'« époque des conceptions du monde » – où le monde n'est plus conçu que par rapport à soi devenu la région à laquelle échoit désormais toute mesure.
page(s) 39-40L’entraînement de l’esprit
L’entraînement de l’esprit permet non seulement de remédier aux toxines mentales, comme la haine et l'obsession, qui empoisonnent littéralement notre existence, mais aussi d'acquérir une meilleure connaissance de la façon dont l'esprit fonctionne et une perception plus juste de la réalité. C'est cette perception plus juste qui nous permet de faire face aux hauts et aux bas de la vie, non seulement sans être distraits ou brisés, mais aussi en sachant tirer d'eux un enseignement profond.
page(s) 23L’expérience de l’esprit tel qu’il est
Lorsque nous avons eu l'expérience de l'esprit tel qu’il est réellement, sous toutes les souillures mentales, nous pouvons commencer à faire apparaître par petites touches, dans notre vie quotidienne, ce calme lumineux. Ces moments privilégiés nous aident à éroder les habitudes que nous voulons éliminer et à atteindre une concentration plus profonde, qui permettra à une plus grande félicité de s'infiltrer dans nos vies. Celle-ci, à son tour, entraîne une compréhension plus profonde des habitudes négatives, ce qui les affaiblit plus encore.
page(s) 24Les facteurs perturbateurs
Nous progressons lentement vers la concentration, avant tout en affaiblissant certains facteurs perturbateurs, puis en les mettant « en suspens ». En réalité, les éléments qu'il faut affaiblir ne sont que de petites choses : la peur, l'anxiété, la colère, l'avidité, la honte, par exemple. Ce sont de simples habitudes mentales, mais elles sont si profondément gravées en nous que nous croyons qu'elles sont naturelles, qu'elles font partie de notre esprit et, d'une certaine façon, qu'elles constituent des réactions au monde justes, correctes et appropriées. Qui plus est, nous pensons qu'elles sont nous ; nous croyons qu'elles sont, d'une manière ou d'une autre, inscrites dans notre nature fondamentale et nous nous identifions à elles.
page(s) 23-24Nous avons tous le potentiel
Chacun d'entre nous a le potentiel de dissiper les voiles de l'ignorance, de se débarrasser des toxines mentales qui provoquent le malheur, de trouver la paix intérieure et d'œuvrer au bien des êtres.
page(s) IntroductionTrois principaux poisons de l'esprit
Dans les enseignements bouddhistes, on appelle cette chose confuse kleśa, mot sanscrit qui signifie poison. En ramenant le tout à sa plus simple expression, il y a trois poisons principaux : la passion, l'agression et l'ignorance. On peut en parler de différentes manières – par exemple : désir véhément, aversion et je-m'en-fichisme. Les dépendances de toutes sortes appartiennent à la catégorie du désir véhément, qui consiste à vouloir, vouloir et vouloir encore – c'est que nous devons en arriver à une sorte de solution. L'aversion inclut la violence, la rage, la haine et toutes sortes de sentiments négatifs, aussi bien que l'irritation policée. Et l'ignorance ? De nos jours, l'ignorance c'est le plus souvent la tendance à nier la réalité.
page(s) 46-47 (5 - Le poison comme remède)Le bouddhisme n'est pas philosophie, mais expérience
Pour moi, le Bouddha n'a jamais enseigné aucune philosophie. « Philosophie », dans la langue du nord de l'Inde qu'il utilisait, se disait diṭṭhi et le Bouddha condamnait tous les diṭṭhi.
Ce qu'il enseignait était sammādiṭṭhi, « le point de vue juste », ce qui signifie la réalité dont vous faites l'expérience vous-même, la vérité pour vous. Tout point de vue dont vous n'avez pas fait l'expérience, aussi vrai soit-il, est diṭṭhi : quelqu'un l'a exprimé et vous y croyez, mais il ne vous aidera en rien pour vivre une vie meilleure. Mais si vous en faites vous-même l'expérience, alors vous pouvez adopter ce point de vue et l'appliquer.
C'est cela l'enseignement du Bouddha. Il apprend à vivre en accord avec la loi de la Nature, qui est universelle. Elle vous enjoint à ne pas souiller votre esprit.
page(s) 44-45