inconscience

Extraits étiquetés avec : inconscience

  • Dissimulation de notre condition de survivant

    Aussi la vie fausse, en opposition à la vraie vie, tient-elle aussi à cela : à ce que nous ne cessons de dissimuler activement, avec toute la fébrilité voulant compenser la facticité, ce sauve-qui-peut de la survie qui est au principe même de la vie. La vie en société, par sa conformité imposée, sert à instituer ce semblant officiel – fonctionnel – permettant de masquer cette condition de survivant : à faire semblant d'être effectivement vivant, avant que le rideau tombe. De sorte que nous paraissions des vivants crédibles.

    Il est étonnant comment nous nous entendons collectivement – tacitement – à faire comme si nous ne savions pas que nous ne faisons que survivre et non pas vivre : à recouvrir de tous les oripeaux possibles cette fêlure originaire à partir de laquelle nous avons à sauver la vie de la la non-vie de la vie. « La vie est la farce à mener par tous » dit Rimbaud dans Mauvais sang. Il n'y va pas là seulement de « divertissement », mais bien d'un déguisement. Il n'y va pas là seulement de cache-« misère » (du « Grandeur et misère » pascalien) ; mais d'une mise à couvert de la vérité, du fait de la complicité exigée.

    Couverture de De la vraie vie
    page(s) 175-176
  • La nature de l’esprit : l’écoulement

    Quand l'eau stagne, elle pourrit, sent mauvais et peut causer des maladies. De même, lorsque l’esprit stagne, l'obsession, la fixation et l'aveuglement apparaissent. Tout cela crée des désordres et, pour finir, de la douleur. La nature de l'eau est de couler. La rivière coule. L'esprit aussi s’écoule naturellement, quand nous ne créons pas d'obstacles. Des contenus mentaux, des pensées, des souvenirs, des sensations apparaissent continuellement, comme des remous sur l'eau de la rivière, puis disparaissent rapidement dans le courant de l'esprit. N'essayez pas d'arrêter, de fixer ou de faire stagner le mouvement de l'esprit. Ce mouvement est la source de la créativité. Il nous est nécessaire pour créer notre vie quotidienne, jour après jour.

    Couverture de Enseignements d’un maître zen
    page(s) 20-21
  • Tant que le moi est encore là, le buffle m’emportera toujours

    Ce qui gronde en moi au moment où je suis contrarié, ou lorsque ma volonté est contrecarrée, et dont normalement je ne suis même pas conscient, voilà ce qui dans notre analogie est appelé le buffle – l'aspect sauvage de notre cœur qui est aussi le cœur humain, que nous partageons avec tous les êtres humains.

    Penser à ce buffle comme à un ennemi est la plus grande erreur que nous puissions faire. À vrai dire, au début nous voudrions nous en débarrasser. Heureusement, cela n'est pas possible, car le buffle représente cette formidable énergie de vie qui n'est pas mienne mais est la vraie nature, ainsi que la source de tous les Bouddhas et de tout ce qui existe. Il est certain que cela ne peut être appelé « mon » énergie ou « ma » force. La puissance de cette énergie excède de loin les forces que je peux mobiliser de sang-froid. Habituellement, j'en suis tout à fait inconscient ou inversement je peux craindre sa puissance.

    La tradition bouddhiste du nord déclare que « les passions sont la nature de Bouddha » et réciproquement – cette déclaration concerne l'énergie elle-même ; celle-ci éclate comme « mes » réactions, mais en l'absence du « moi » elle retourne à ce qu'elle a toujours été. […]

    Déclarer que « les passions sont la nature de Bouddha » ne signifie pas que « maintenant je peux les laisser éclater dans tous les sens, et ainsi exhiber ma Nature de Bouddha ». Tant que je la pense mienne, tant que le moi est encore là, le buffle m'emportera toujours.

    Couverture de Les dix images du buffle
    page(s) 21
  • Tendance rebelle

    Nous avons tous une tendance rebelle. Latente en général, il lui arrive parfois d'être contrainte à s'exprimer. Nourrie et guidée avec sagesse et compassion, ce peut être une force positive qui nous libère de la peur et de l'ignorance. À l'inverse, si elle se manifeste d'une façon névrotique, pleine de ressentiment, de colère et d'égocentrisme, elle risque de se transformer en une force destructrice, aussi nuisible à nous-mêmes qu'aux autres.

    Couverture de Bouddha rebelle
    page(s) 9-10
  • Tout ou presque tout chez l’homme est inconscience

    L’homme qui était derrière vient sur le devant. On perçoit aussitôt son conformisme sans borne, sa tiédeur, et ses toutes petites audaces, sa prudence, son peu d'imprudence, la poche énorme de son ignorance, sur laquelle venait une mince pellicule de personnalité et de réflexion propre. Tout ou presque tout chez l’homme est inconscience, efforts en surface et contentement de même.

    Couverture de Connaissance par les gouffres
    page(s) 173
  • Consommer ne résout pas la solitude

    Quand vous êtes seul, vous ouvrez le réfrigérateur, vous regardez la télévision, vous lisez un magazine ou un roman ou vous prenez le téléphone pour parler à quelqu'un. Mais la consommation irréfléchie ne fait qu'empirer les choses.

    Couverture de Changer l’avenir
    page(s) 93
  • Nature insatisfaisante de la vie

    À un moment ou un autre, nous ressentons tous de l'insatisfaction dans notre vie – de l'agitation, de l'irritation, de la disharmonie, de la souffrance. […]

    Ces insatisfactions personnelles ne restent pas circonscrites à nous-mêmes ; nous partageons sans cesse notre souffrance avec les autres. L'atmosphère entourant chaque personne malheureuse se charge d'agitation, et tous ceux qui entrent dans cet environnement risquent alors de se sentir également malheureux, agités. Les tensions individuelles se combinent ainsi pour créer les tensions de la société.

    C'est le problème fondamental de la vie : sa nature insatisfaisante. Des choses que nous ne voulons pas arrivent ; des choses que nous voulons pas n'arrivent pas. Et nous ignorons comment et pourquoi fonctionne ce processus, tout comme chacun est ignorant de son propre commencement et de sa propre fin.

    Couverture de L’art de vivre
    page(s) 29-30
  • Le cœur de la confusion

    Le cœur de la confusion consiste en ce que chaque homme a une perception de soi qui lui paraît être solide et continue. Lorsque surviennent une pensée, une émotion ou un événement, quelqu'un est conscient de ce qui se passe. Vous avez conscience de lire ces mots. Cette perception de soi est en fait un phénomène transitoire et discontinu que, dans notre confusion, nous prenons pour un phénomène solide et continu. Et comme nous prenons notre vue confuse pour la réalité, nous nous efforçons de maintenir et de conforter ce soi solide. Nous tâchons de le nourrir de plaisirs et de le protéger de la douleur. L'expérience menace sans cesse de nous révéler notre caractère transitoire, aussi tentons-nous continuellement de dissimuler toute possibilité de découvrir notre condition réelle.

    Couverture de Pratique de la voie tibétaine
    page(s) 13
  • Les émotions conflictuelles

    [I]l est indispensable de comprendre […] ce qu'on entend dans le bouddhisme par le terme « émotion », c'est-à-dire « émotion conflictuelle ». Il est clair que le mot « émotion » est pris ici dans un sens différent de son acception usuelle. Ainsi, « l'émotion » que procurent un film, une poésie ou un beau paysage se situe sur un autre plan que les « émotions conflictuelles ». Inversement, certains facteurs mentaux répertoriés comme « émotions conflictuelles », comme l'aveuglement ou l'orgueil, ne sont certes pas considérés comme des « émotions » dans le langage courant. il n'existe pas, à vrai dire, d'équivalent exact en français contemporain du sanskrit kleśa ou du tibétain nyeun-mongpa. « Émotion », conflictuelle ou perturbatrice, pour les raisons que nous venons de voir, ne convient pas parfaitement ; « passion », qui dans le langage théologique classique recouvrait presque exactement la notion de kleśa bouddhiste, a pris, de nos jours, un sens très différent.

    Couverture de Bouddhisme profond
    page(s) 9
  • La stupidité fondamentale

    — Comment guérir l'être humain de sa stupidité fondamentale ?

    — Cette stupidité fondamentale, dont l'orgueil est le centre, n'est-elle pas le péché originel dont parle le christianisme ?

    — Bien entendu. Je suis convaincu que c'est ce que le christianisme nomme le péché originel et le bouddhisme l'ignorance. C'est l'inflation de l'ego, avec ses préjugés, son aveuglement. L'homme se croit être le centre du monde. Il s'imagine exister par lui-même de façon autonome, en ayant le droit de faire ce qui plaît à son ego.

    Couverture de Itinéraire d’un bouddhiste occidental
    page(s) 23
  • Nous refusons d’être présents

    [N]ous refusons d’être présents, parce que nous projetons sans cesse – séduits, entraînés, obnubilés ou effrayés – dans le futur et le passé, emportés par le flux des événements et la météo de nos réactions et de notre torpeur, occupés, pour ne pas dire obsédés, par ce que nous qualifions souvent inconsidérément d'« urgent », tout en perdant de vue ce qui est réellement important, suprêmement important, si ce n'est vital pour notre bien-être, notre équilibre mental, voire notre survie.

    Couverture de L’éveil des sens
    page(s) 24
  • Notre vie devient réelle

    Nous pouvons nous laisser passivement emporter par des forces et des habitudes que nous nous obstinons à ne pas examiner et qui nous emprisonnent dans des rêves déformants et des cauchemars potentiels, ou nous impliquer dans notre vie en nous éveillant à elle et en participant pleinement à son déploiement, que nous « aimions » ou non ce qui survient à tout moment. Ce n'est que lorsque nous nous éveillons que notre vie devient réelle et que la possibilité de nous libérer de nos illusions, de nos maladies et de nos souffrances individuelles et collectives s'offre à nous.

    Couverture de L’éveil des sens
    page(s) 18
  • Un paysage encore plus vaste

    Finalement, le terme « Mahāyāna » ressemble à une forme d'hyperbole traduisant l'impression très vive que les apprentis ont ressenti le jour où ils ont réalisé que la voie était plus immense qu'ils ne le soupçonnaient. Comme si d'un coup ils découvraient un paysage encore plus vaste et un horizon plus étendu. Dans le même temps, ils ont vu qu'un plus grand nombre d'êtres pourraient se lancer dans une aventure spirituelle qui les conduirait encore plus loin.

    Un second point s'avère également capital. La tradition des Anciens met l'accent sur la maîtrise de soi et la discipline, estimant que l'obstacle majeur au nirvāna est le désir. Le Mahāyāna, et en particulier le Madhyamaka, insistent sur l'ignorance et, de ce fait, privilégient la compréhension comme instrument d'éveil.

    Couverture de Le grand livre du bouddhisme
    page(s) 182
  • La bodhicitta

    Le mot sanskrit bodhicitta est souvent traduit par « esprit d'éveil » et évoque un intense désir de soulager la souffrance. Au niveau relatif, la bodhicitta se manifeste sous forme d'aspiration. De façon plus précise, c'est une aspiration du fond du cœur à se libérer de la douleur de l'ignorance et des schémas habituels afin d'être capable d'aider les autres à faire de même. Ce désir d'apaiser la souffrance d'autrui est le point essentiel. On commence par ses proches en faisant le souhait d'aider ceux que nous connaissons et aimons, mais l'aspiration sous-jacente est universelle et englobe tout le monde. La bodhicitta est une sorte de « mission impossible » : le désir de mettre fin à la souffrance de tous les êtres, y compris ceux que l'on n'a jamais rencontrés et ceux que l'on déteste.

    Couverture de Il n’y a plus de temps à perdre
    page(s) 11
  • Il y a l’autre, il y a moi

    La plupart des gens ne mettent pas beaucoup de sérieux dans leurs relations car chacun s'intéresse à soi-même d'abord, puis à l'autre quand cela l'arrange, le contente ou satisfait ses sens. […]

    Nous ne nous dévoilons presque jamais à l'autre car nous n'avons pas pleinement conscience de nous-mêmes et ce que nous manifestons dans notre relation est possession, domination ou soumission. Il y a l’autre et il y a moi, deux entités séparées entretenant une division incessante jusqu'à la mort.

    Couverture de Apprendre est l’essence de la vie
    page(s) 29
  • Nous nous cachons

    Le tantra nous révèle, de façon intimidante, la manière dont nous passons une grande part de notre vie sans rien voir et sans rien sentir de la profondeur de ce que nous éprouvons – nous cachant derrière des idées, des références, des doctrines.

    Couverture de Introduction au tantra bouddhique
    page(s) 12-13
  • Attention au souffle, aux sensations, aux perceptions, aux pensées

    La prise de conscience, même d'un simple phénomène physiologique comme celui de la respiration, crée à la fois un retour à soi et une rupture dans les fonctionnements mentaux habituels. La pratique de l'attention peut ensuite s'élargir et consister à noter toutes les pensées, les sensations, les perceptions qui surgissent d'instant en instant. L'attention décompose de cette façon l'ensemble des processus et des opérations mentales et permet de ne plus en être le jouet. Vivre en pleine conscience apparaît comme le moyen le plus sûr de se défaire des liens de l'ignorance qui n'est finalement, dans le bouddhisme, qu'une forme d'inconscience. [Éric Rommeluère]

    Couverture de Vingt clés pour comprendre le bouddhisme
    page(s) 77
  • Trois niveaux du mal-être

    Ce qui est non satisfaisant (dukkha) peut-être considéré selon trois niveaux. Le premier concerne la vue habituelle négative des états de l'existence : la naissance (le traumatisme de la sortie du ventre de la mère, par exemple), la vieillesse, la maladie, la mort. Le deuxième parle de la difficulté de la relation aux êtres et aux choses (être uni à ce que l'on n'aime pas, être séparé de ce que l'on aime, ne pas avoir ce que l'on désire). Le troisième s'applique à une explication des éléments de toute expérience humaine (marqué par l'activité de saisie, de rejet ou d'aveuglement). [Thierry-Marie Courau]

    Couverture de Vingt clés pour comprendre le bouddhisme
    page(s) 26
  • Quand nous cessons de lutter

    Le chagrin, la perte et la souffrance, même la dépression et la crise spirituelle – les sombres nuits de l'âme –, ne font qu'empirer si nous essayons de les ignorer, de les nier ou de les éviter. Le parcours de guérison commence lorsque nous y faisons face et que nous apprenons comment travailler avec ces sentiments et ces sensations. C'est souvent quand nous cessons de lutter contre nos difficultés et trouvons la force d'affronter nos démons, que nous nous découvrons plus forts, plus humbles et plus posés. Survivre à nos difficultés, c'est s'initier à la fraternité de la sagesse.

    La vraie tragédie, c'est lorsque, refusant de reconnaître et de respecter notre propre souffrance, nous la communiquons aux autres.

    Couverture de Une lueur dans l’obscurité
    page(s) 19-20
  • Voir ses pensées comme des particules

    Cet abîme d’inconscience journalière soudainement découvert, confondant et tel que je n'allais plus pouvoir jamais l'oublier, m'avertissait de la rechercher ailleurs, elle aussi omniprésente, au point que l'on pourrait presque dire que le penser est inconscient. Il l'est sans doute à 99 %. Un centième de conscient doit suffire.

    Microphénomène par excellence, le penser, ses multiples prises, ses multiples micro-opérations silencieuses de déboîtements, d'alignements, de parallélismes, de déplacements, de substitutions (avant d'aboutir à une macropensée, une pensée panoramique) échappent et doivent échapper. Elles ne peuvent se suivre qu'exceptionnellement sous le microscope d'une attention forcenée, lorsque l'esprit monstrueusement surexcité, par exemple sous l'effet de la mescaline à haute dose, son champ modifié, voit ses pensées comme des particules, apparaissant et disparaissant à des vitesses prodigieuses. Il saisit alors son « saisir », état tout à fait hors de l'ordinaire, spectacle unique, aubaine dont, toutefois, pris par d'autres merveilles et par des goûts nouveaux, par des jeux de l'esprit dont auparavant il eût été incapable, le drogué songe peu à profiter.

    Couverture de Les grandes épreuves de l’esprit
    page(s) 11-12