Petit à petit en nous approchant un peu plus près du buffle, nous apprenons à supporter sa présence au lieu de l'éviter comme nous le faisons habituellement. […N]e jamais penser au buffle comme à un ennemi. Si nous le considérons ainsi, nous souhaitons nous débarrasser de lui. Heureusement, nous ne pouvons le faire, car, bien que primitif et sauvage, il est aussi l'énergie ou la force dont nous avons besoin pour le travail difficile de pacification qui le transforme.
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Extraits étiquetés avec : évitement
Ne jamais penser au buffle comme à un ennemi
page(s) 29-30L’oubli est la folie ordinaire
Pour les Grecs, la mort se définit comme le domaine de l'oubli et seul « celui qui dans l'Hadès garde la mémoire transcende la condition mortelle » [Jean-Pierre Vernant].
L'Orient décrit aussi l'oubli ou l'inattention comme la mort spirituelle. Pour le Bouddha, l'inattentif est « déjà mort ». En somme, l’oubli est la folie ordinaire. Sa fonction essentielle est de nous protéger de ce qui nous est pénible : le refoulement est le principal mécanisme de défense de la vie courante décrit par la psychanalyse. Ainsi oublions-nous nos douleurs passées et l'arrivée prévisible des conséquences imparables de nos erreurs. Nous nous maintenons dans le confort médiocre du mensonge, dans le royaume de Māra, le diable bouddhique ou de Satan, le père du mensonge (Jean, 8, 44). […]
Du point de vue du moi empirique et à court terme, l'oubli est bénéfique puisqu'il protège de la souffrance. De plus, réintégrer en soi des représentations de situations qui vont en général détériorer notre image de nous-mêmes, et affronter les affects pénibles qui y sont liés, à la fois blesse notre narcissisme et nous fait peur. De là, nos évitements à répétition, alors qu'il faut, au contraire, affronter à répétition jusqu'à ce que les affects soient déchargés et que la défense qui dit « non, je ne veux pas, ce n'est pas vrai », cède la place à la connaissance qui dit « oui, c'est ainsi ».
page(s) 46Entrer en contact
Au cœur de l'attention, réside un acquiescement qui nous dispose à entrer en rapport direct à ce qui survient.
Chercher à comprendre peut facilement être une forme d'évitement. Une manière de tout tenir à distance. La voie consiste davantage à entrer en contact. Être bouddhiste est d'une extrême simplicité : demeurer au plus près de ce qui est, sans le rejeter ou le saisir.
page(s) 24Habiter enfin le cœur de notre propre existence
Chaque fois qu'un événement surgit, y être attentif libère notre rapport à lui. Lorsque survient un moment d'irritation, ne cherchons pas à l'éviter ou à le favoriser, ni même à le comprendre. Il s'agit plutôt d'être attentif à sa manière de naître, de demeurer et de disparaître. Nous pouvons vraiment changer et habiter enfin le cœur de notre propre existence.
page(s) 23Quand nous cessons de lutter
Le chagrin, la perte et la souffrance, même la dépression et la crise spirituelle – les sombres nuits de l'âme –, ne font qu'empirer si nous essayons de les ignorer, de les nier ou de les éviter. Le parcours de guérison commence lorsque nous y faisons face et que nous apprenons comment travailler avec ces sentiments et ces sensations. C'est souvent quand nous cessons de lutter contre nos difficultés et trouvons la force d'affronter nos démons, que nous nous découvrons plus forts, plus humbles et plus posés. Survivre à nos difficultés, c'est s'initier à la fraternité de la sagesse.
La vraie tragédie, c'est lorsque, refusant de reconnaître et de respecter notre propre souffrance, nous la communiquons aux autres.
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