Apprendre est l’essence de la vie

Lettres aux enseignants, aux parents et aux élèves
Presses du Châtelet, 2006 , traduit en 2009
14 cm x 22 cm, 320 pages
Livre de poche, 2010


Couverture de Apprendre est l’essence de la vie
Couverture poche de Apprendre est l’essence de la vie

Extraits de l'ouvrage

• Le savoir nous rend mécanique

Notre éducation consiste, pour une large part, à acquérir du savoir, ce qui nous rend de plus en plus mécaniques ; nos esprits s'enferment dans la routine, que ce soit en acquérant un savoir scientifique, philosophique, religieux, commercial ou technologique.

page(s) 23-24
• La bonté fleurit dans la liberté

La bonté ne peut fleurir que dans la liberté. La persuasion n'est pas un terrain où elle peut croître, pas plus d'ailleurs que la contrainte. Elle n'est pas non plus le fruit de la récompense. Elle n'apparaît pas tant qu'il y a la moindre trace d'imitation ou de conformisme et elle ne peut exister quand il y a la peur. La bonté se révèle dans le comportement et ce comportement émane de la sensibilité. Cette bonté s'exprime dans les actes.

page(s) 26
• Une action qui ne soit pas mécanique

Il existe une action qui n'est pas mécanique mais il vous faut la découvrir. On ne peut pas vous dire ce qu'elle est, on ne peut pas vous l'enseigner, vous ne pouvez pas l'apprendre d'après des exemples car, à ce moment, cela devient de l'imitation et du conformisme. Vous avez alors complètement perdu la liberté et il n'y a pas de bonté.

page(s) 28
• Il y a l’autre, il y a moi

La plupart des gens ne mettent pas beaucoup de sérieux dans leurs relations car chacun s'intéresse à soi-même d'abord, puis à l'autre quand cela l'arrange, le contente ou satisfait ses sens. […]

Nous ne nous dévoilons presque jamais à l'autre car nous n'avons pas pleinement conscience de nous-mêmes et ce que nous manifestons dans notre relation est possession, domination ou soumission. Il y a l’autre et il y a moi, deux entités séparées entretenant une division incessante jusqu'à la mort.

page(s) 29
• Relation entre l’enseignant et l’enseigné

Il y a la relation entre l'éducateur et l'élève. L'enseignant affirme-t-il, sciemment ou non, son sens de supériorité, se plaçant ainsi sur un piédestal et donnant à l'élève un sentiment d'infériorité, le sentiment d'être celui à qui l'on doit enseigner quelque chose ? De toute évidence, dans ce cas, il n'y a pas de relation. Cela crée, chez l'élève, de la peur, de la contrainte et de la tension, si bien que, dès sa jeunesse, il fait l'apprentissage de ce qu'est cette forme de supériorité. On lui donne le sentiment d'être inférieur et c'est ainsi que, tout au long de sa vie, il deviendra agressif ou sera continuellement soumis et servile.

Une école est un lieu de loisir où l'enseignant et l'enseigné apprennent tous les deux.

page(s) 30
• La relation requiert beaucoup d’intelligence

La relation requiert beaucoup d’intelligence. On ne l'acquiert pas en achetant un livre et on ne peut pas l'enseigner. Elle n'est pas la somme d'une grande expérience. Le savoir n'est pas l'intelligence. Le savoir peut être astucieux, brillant et utilitaire mais ce n'est pas l'intelligence. L'intelligence peut se servir du savoir. L'intelligence apparaît naturellement et facilement quand on perçoit toute la nature et la structure de la relation. C'est pourquoi il importe d'avoir du loisir afin que l'homme et la femme, le maître et l'élève puissent calmement et sérieusement parler de leur relation dans laquelle ils percevront les vraies réactions, leurs susceptibilités et les barrières qui les séparent, au lieu de les imaginer et de les déformer pour se faire plaisir mutuellement ou bien de les supprimer pour amadouer l'autre.

Tel est certainement le rôle d'une école : aider l'élève à éveiller son intelligence et à apprendre combien il est important d'établir une relation juste.

page(s) 31-32
• L’éducateur a ses propres peurs

L’éducateur, lui aussi, a ses tensions et ses peurs. Il ne sera pas capable de faire comprendre la nature de la peur si lui-même n'a pas découvert la racine de ses propres peurs. Cela ne veut pas dire qu'il doit d'abord être libéré de ses propres peurs afin d'aider l'élève à se libérer des siennes, mais, dans leur relation quotidienne, dans leurs conversations, en classe, l'enseignant montrera que lui aussi a peur, tout comme l'élève et, ainsi, il peuvent, ensemble, explorer toute la nature et la structure de la peur.

page(s) 35

Quatrième de couverture

De 1978 à 1983, Krishnamurti a adressé des lettres aux écoles qu'il a lui-même fondées en Inde, aux États-Unis et au Canada. Rassemblées ici dans leur intégralité, augmentées de dix-sept missives inédites rédigées ente 1963 et 1973, elles ne s'appuient pas sur un fondement doctrinal, mais sur la volonté qu'élèves et enseignants apprennent ensemble, aussi bien sur le monde que sur eux-mêmes.

Au fil de ces lettres, apparaissent les principaux fondements de sa philosophie : aider l'élève à éveiller son intelligence et à établir avec l'enseignant une relation juste ; ne pas penser en termes de compétition, tout en excellant dans ses études, ses actes et sa vie quotidienne ; comprendre le vrai sens du mot « responsabilité » ; savoir, enfin, « observer sans l'observateur », vrai sens de toute connaissance…

À l'heure du débat sur les méthodes d'enseignement, l'approche humaniste de Krishnamurti ouvre des pistes nouvelles.