vision claire

Extraits étiquetés avec : vision claire

  • Un matin tel qu'on ne l'avait encore jamais aperçu

    [N]os vies se mesurent, non pas tant à la capacité de supporter les malheurs qui les frappent du dehors, sur un mode stoïcien tant célébré, qu'à la capacité de garder les yeux le plus longtemps ouverts sur le négatif interne à la vie même, mais aussi activant la vie. Et ce sans compensation ni substitution, d'où vient la lucidité, pour y trouver l'appui d'une relance de la vie ou ce qui constitue la possibilité d'une seconde vie. Pour pouvoir enfin un matin, quand on tire le rideau de sa fenêtre, qu'on regarde la maison d'en face et la rue, commencer de voir se lever, du fond même de la nuit, ce que peut être un matin. Un matin « de plus », mais émergeant du monde, tout en procédant du monde, et tel qu'on ne l'avait encore jamais aperçu.

    Couverture de Une seconde vie
    page(s) 184-185
  • Lente décantation de la lucidité

    [L]a lucidité […] est conjointement résultative : j'y ai été conduit par les expériences traversées en même temps que j'y ai contribué moi-même par leur prise en compte. Tous ceux qui ont subi des expériences négatives ne sont pas pour autant devenus lucides, il y faut aussi une collaboration du sujet, acceptant de les laisser entrer dans le champ de sa réflexion. De la lucidité me vient tout ce que j'ai vécu et qui a dissout et défait peu à peu – a effrité et morcelé, fissuré et craquelé, par contrainte exercée du dehors en même temps que rectification personnellement assumée – ce qui obscurcissait ma conscience à titre de représentations de l'esprit s'interposant à mon insu et me voilant la réalité – « réalité » sortant alors de sa nébuleuse équivoque pour signifier précisément ce qui reste après ce retrait.

    Couverture de Une seconde vie
    page(s) 97-98
  • Lucidité

    La lucidité n'est pas l'intelligence, dont le propre est la compréhension. Tandis que l'intelligence, à l'instar du langage, est une faculté, et même la plus générale, qu'elle est pour une part au moins innée, qu'elle se porte sur un objet à la fois de son propre mouvement et dans l'instant, la lucidité, quant à elle, ne nous est pas donnée, elle ne fait même pas l'objet d'un entretien et d'un entraînement : elle ne s'atteint qu'à partir d'un cheminement et de façon résultative – peut-on même se communiquer, de l'un à l'autre, ce résultat ?

    La lucidité n'est pas non plus la connaissance, celle-ci relevant plus résolument d'une acquisition. Tandis que la connaissance s'étend par domaines et par disciplines, la lucidité est une capacité globale qui ne se laisse pas morceler ni ne s'enseigne. À la rapprocher également des termes qui lui sont donnés pour synonymes, il apparaît que la pénétration comme la perspicacité (la clairvoyance) supposent que l'esprit a rencontré une résistance – une opacité – et la dépasse. Elles renvoient prospectivement, l'une et l'autre, à une situation dont la difficulté est à dénouer. Leur usage requiert un point d'application, la première se prévalant plutôt de profondeur et la seconde de netteté.

    Mais la lucidité, quant à elle, est issue d'un devenir : on devient lucide par expérience ; elle s'atteint processuellement et par dégagement : de la lumière vient d'elle-même, par immanence, à partir de tout ce qu'on a vécu et traversé. Pénétration et perspicacité nomment une capacité opérationnelle de l'esprit ; lucidité, un niveau auquel a accédé la conscience. Tandis que celles-là nomment le franchissement d'un embarras se présentant à la pensée, celle-ci dit la sortie d'une indistinction par laquelle on se laissait abuser. Aussi, en signifiant qu'on émerge de la confusion dans laquelle on était demeuré dans sa vie passée, la lucidité nomme-t-elle bien la capacité d'un sujet accédant à la seconde vie.

    Ne s'acquérant pas, à proprement parler, la lucidité n'est affaire ni de méthode ni de volonté. Puis-je même désirer devenir lucide ? Je désirerais, à vrai dire, plutôt la contraire : rester dans une indistinction naïve – une confusion primitive – répondant davantage, plus immédiatement, à mes souhaits ; ne me forçant pas à voir la réalité dépouillée de ses illusions ou « comme elle est ». Alors qu'on voudrait être plus intelligent ou posséder plus de connaissances, et même avoir l'esprit plus perspicace ou pénétrant, ne craindrais-je pas, au contraire, plus de lucidité ?

    Couverture de Une seconde vie
    page(s) 95-97
  • Qu'est-ce que l'homme ?

    Désormais, il s'agit peut-être moins d'afficher ses étiquettes, bouddhiste ou chrétienne, que d'entrer davantage dans la question : qu'est-ce que l'homme ? Qu'en est-il de cette profondeur nommée de divers noms mais dont il importe avant tout de faire l'expérience et d'en revenir transformé, délivré des songes et de l'illusion, davantage présent à « ce qui est » ?

    Couverture de La montagne dans l’océan
    page(s) 13
  • En premier lieu, stabiliser l’esprit

    En premier lieu le méditant devra cultiver le calme continu afin de stabiliser l’esprit. Mouvant comme l'onde, en l'absence de la base du calme continu, l’esprit reste dépourvu de stabilité, et l’esprit qui n'est pas établi dans l'égalité reste incapable de connaître la réalité telle qu'elle est.

    Couverture de Les étapes de la méditation
    page(s) 42
  • Concentration

    [L]a pratique formelle de la méditation assise avec concentration sur l'objet de la méditation est importante au quotidien. Dans la tradition Theravāda, cet objet est soit le souffle (dans la méditation śamatha), soit le flux de l'apparition et de la disparition des pensées et des sensations, ou observation de soi (dans le vipassanā).

    Couverture de Bouddhisme et psychanalyse
    page(s) 29
  • Voir les choses telles qu’elles sont

    Vipassanā est le cœur de la pratique méditative bouddhique. Ce terme sanskrit signifie la « vision pénétrante » ou la « vision claire », c'est-à-dire la meilleure vision. Il s'agit à la fois d'une pratique et d'une expérience qui survient durant la pratique. […]

    Nous faisons tous l'expérience de cette vision claire et pénétrante. Elle surgit par éclats, par brèches, dans notre expérience quotidienne. C'est le cœur du bouddhisme de savoir que chacun possède une forme primordiale d'intelligence qui permet de voir les choses comme elles sont. (Alain Gaffinel)

    Couverture de 50 fiches pour comprendre le bouddhisme
    page(s) 44
  • Demeurer en paix

    Le mot « paix » peut laisser croire que, par la pratique de śamatha, il s'agit de goûter un état lénifiant, sans aspérités, sans souffrance, sans émotions fortes. Il vaut mieux entendre « paix » comme la fin de la guerre que l'on mène contre soi-même et contre ce qui est. Demeurer en paix pour voir ce qui est comme cela est. (Alain Gaffinel)

    Couverture de 50 fiches pour comprendre le bouddhisme
  • Parler/écouter versus pratiquer

    Les théologiens consacrent beaucoup d'encre, de temps et de respiration à parler de Dieu. C'est exactement ce que le Bouddha enseignait à ses disciples de ne pas faire, parce qu'il voulait qu'ils aient le temps de pratiquer śamatha (s'arrêter, se calmer), vipassanā (regarder profondément), la prise de refuge dans les Trois joyaux, les Cinq entraînements, etc.

    Couverture de Changer l’avenir
    page(s) 124
  • Prendre refuge dans la pleine conscience

    Prenez refuge dans la pleine conscience, vous verrez ainsi les choses plus clairement et vous saurez ce qu'il faut faire pour améliorer la situation. C'est une pratique très profonde. La pleine conscience amène la concentration et la concentration produit la compréhension et la sagesse. C'est le lieu le plus sûr où prendre refuge maintenant, et pas seulement à l'avenir.

    Couverture de Changer l’avenir
    page(s) 121
  • Regarder profondément

    Vous devez commencer par regarder profondément dans la nature de votre colère, de votre désespoir et de votre souffrance pour vous libérer, afin d'être disponible pour les autres.

    Couverture de Changer l’avenir
    page(s) 69
  • Les surprises du retraitant

    L'expérience de dix jours [de retraite silencieuse Vipassanā] sera sans doute source d'un certain nombre de surprises pour le débutant. La première : la méditation n'est pas de tout repos ! […] Les instructions sont de pratiquer en y consacrant tous ses efforts, et cependant sans aucune tension ; mais tant qu'on n'y parvient pas, l'exercice peut devenir frustrant ou même épuisant.

    Autre surprise, au commencement, les intuitions intérieures acquises par l'observation de soi ont peu de chance d'être toutes agréables et béatifiques. Notre image de nous-mêmes est généralement très sélective. En nous regardant dans un miroir, nous avons soin de prendre la pose la plus avantageuse, l'expression la plus agréable. De même, chacun possède une image mentale de soi qui fait ressortir des qualités admirables, minimise des défauts et omet totalement certains côtés de son caractère. Nous voyons l'image que nous voulons voir, non la réalité. Mais la méditation Vipassanā est une technique d'observation de la réalité sous tous les angles. Au lieu d'une image de soi soigneusement sélective, le méditant se trouve confronté à la vérité toute nue. Certains aspects seront inévitablement difficiles à accepter. […]

    Puis, autre surprise : les difficultés se dissipent. À une certain point, les méditants apprennent à faire des efforts sans effort, à maintenir une vigilance détendue, une concentration détachée. Au lieu de se débattre, ils s'absorbent dans la pratique. […] L'esprit devient calme comme un lac de montagne à l'aube, parfait miroir de son paysage, et révélant en même temps ses profondeurs à qui l'observe de plus près. Quand vient cette clarté, chaque instant est plein d'affirmation, de paix et de beauté.

    Couverture de L’art de vivre
    page(s) 22-23
  • Passage de l’été d’arhat à celui de bodhisattva

    Le but du Hīnayāna est d'atteindre l'état d'arhat, un état dans lequel ne se produit jamais aucune pensée ni aucune émotion conflictuelle ; l'esprit demeure unifié et pacifié […]

    Du point de vue du Mahayāna, on ne considère pas cet état comme définitif [… :] la conscience de l'arhat devient beaucoup plus claire et s'élève en elle la vision de la souffrance immense des êtres en même temps que la volonté de les libérer et de les établir dans la paix et le bonheur. La compassion est née.

    Couverture de Bouddhisme profond
    page(s) 22
  • Prendre conscience du bouddha en soi-même

    Il est impossible de donner naissance à l'essence des être éveillés [bodhicitta] sans pratiquer d'abord la méditation, c'est-à-dire la discipline de l'attention, appelée śamatha, et celle de la vigilance, appelée vipassanā. Et puis, il est nécessaire de s'adonner aux trois disciplines portant le nom de sīla, samādhi et prajñā de sorte que l'on sache ce qu'il faut faire et ne pas faire.

    Quand on pratique les disciplines appelées sīla, samādhi et prajñā, on commence à prendre conscience du bouddha en soi-même.

    Couverture de Le cœur du sujet
    page(s) 25
  • La sagesse est une source vivante

    Depuis le début des temps, les méditants savent qu'ils doivent utiliser leurs propres yeux et le langage de leur époque pour exprimer leur vision profonde. La sagesse est une source vivante, et non une icône à conserver dans un musée.

    Couverture de La vision profonde
    page(s) 7
  • La nature de la paix

    [I]l faut d'abord garder son calme, pour avoir une perception claire de la situation, de ce qui est, et de ce qui n'est pas ; puis il faut s'éveiller et agir avec courage. La paix n'est pas seulement l'absence de violence. Il s'agit plutôt de cultiver la compréhension, la vision profonde des choses et la compassion, alliée à l'action juste. La paix est la pratique de la vision profonde, de l'attention constante portée à nos pensées, à nos actions et à leurs conséquences. La pleine conscience est à la fois simple et profonde. Lorsque nous la cultivons au quotidien, ainsi que la compassion, nous faisons reculer la violence, jour après jour. Nous exerçons une influence positive sur notre famille, nos amis et toute la société.

    Couverture de Esprit d’amour, esprit de paix
    page(s) 12
  • Habiter l’intemporel

    Dans un monde où tout va de plus en plus vite, il est difficile d'évoquer la beauté et la richesse intemporelles de l'instant présent. Mais plus les choses s'accélèrent, plus il est important de se plonger dans l’intemporel, voire de l'habiter, afin de ne pas de couper de certaines dimensions de notre humanité qui marquent la frontière entre bonheur et tristesse, sagesse et folie, bien-être et agitation corrosive du mental, du corps et du monde. […]

    À une époque d'accélération exponentielle, il est plus important que jamais d'apprendre à habiter l’intemporel et à y puiser consolation et clairvoyance.

    Couverture de L’éveil des sens
    page(s) 23-24
  • Continuité de la pureté primordiale de l'esprit

    [L]e mot « tantra » désigne un processus ininterrompu et sans origine : la continuité de la pureté primordiale de l'esprit. Que l'esprit vive un moment de calme, une émotion vive ou un état régi par le mouvement des pensées, sa pureté naturelle n'est jamais altérée. L'état de calme correspond à la manifestation de la vacuité ; l'état régi par le mouvement des pensées correspond à la manifestation de la clarté ininterrompue. La continuité souligne également l'inséparabilité de ces deux aspects, pure vacuité et clarté essentielle.

    La notion de « toile » permet de comprendre que toutes nos expériences, des plus simples aux plus complexes, se déroulent dans un contexte unifié. L'univers matériel nous en fournit une image significative au travers des réseaux indivisibles de relations qui garantissent l'harmonie du monde vivant.

    Dans cette perspective, la notion de continuité est une amplification de l'interdépendance. Pour les tantra, l'interdépendance s'exprime de manière dynamique et énergétique sous la forme d'interconnexions qui révèlent l'indissociabilité des expériences habituelles et des expériences éveillées. Au niveau ultime, il n'est pas de distinction. La texture de la réalité reste inchangée dans le saṃsāra comme dans le nirvāna. Cela revient à dire que la nature de bouddha est déjà présente dans notre expérience actuelle quelque soit notre degré de confusion ou de compréhension.

    Couverture de Le grand livre du bouddhisme
    page(s) 198-199
  • Au lieu d’être dans le film, voir la bobine

    La méditation est vulgairement connue comme le pur développement de la stabilité, de l'ouverture et de l'intuition, le niveau intuitif. Mais si vous vous reliez au principe de la méditation en connexion avec le principe féminin, la pratique de la méditation est aussi considérée comme, et devient, une acquisition de la perception intelligente. La raison en est que, dans la pratique de la méditation, lorsqu'une personne commence à s'asseoir et à méditer, elle ne rentre plus dans le courant des activités, du speed, du business ou quoi que ce soit. On recule d'un pas et on y regarde de plus près : comme si, au lieu d’être dans le film, on voyait la bobine.

    La différence est que la méditation nous permet de prendre un peu de recul et d'observer ce qui se passe dans le monde.Vous n'essayez pas particulièrement de cultiver un esprit étudiant, analytique ; mais en même temps, nous apprenons à voir comment marchent les choses, sans approche particulièrement analytique mais purement d'après la perception. Puis nous acquérons de la logique. On commence à avoir de la logique et à comprendre comment marchent les choses, la façon dont ça fonctionne. On devient aussi capable de voir à travers le jeu de ce principe féminin particulier qui existe ; on commence à voir à travers les blagues qui nous ont été faites. Nous pourrions également voir que cela a été pour nous salutaire et destructeur à la fois.

    Couverture de Enseignements secrets
    page(s) 56-57
  • Vacuité, source de plénitude

    Si l'univers que nous percevons est un rêve, alors quelle est la réalité ? Qu'y a-t-il derrière le voile de la Maya, l'illusion ? Est-ce une créature monstrueuse à la Lovecraft ? Un être à quatre dimensions aux propriétés étranges ?

    Pour les bouddhistes de l'École Sautrāntika – apparue aux alentours du IIème siècle avant J-C. et qui s'opposa à la scolastique bouddhiste – la réalité est profondément discontinue. Toute perception, tout état interne ou externe, sont composés d'instants (ksana) qui se suivent les uns les autres, jaillissent et disparaissent, entrecoupés de minuscules moments de vide.

    Si nous ne voyons pas cette réalité, c'est que nous manquons d'attention, de cette « vision profonde » que donne la pratique spirituelle.

    Pris par la dynamique de l'illusion, ces instants forment une image ayant une apparence de continuité. Cette image illusoire qui se superpose à la réalité discontinue des instants, se nomme samtana (santanapāli). Samtana est le rêve qui nous illusionne.

    Robert Kientz qui pratique la méditation vipassanā auprès d'un moine bouddhiste en Birmanie, eut la révélation de cette discontinuité universelle.

    Après plusieurs semaines de pratique, son corps, son esprit, le monde entier, lui apparurent dans leur réalité. Cette réalité est une succession d'états de conscience distincts qui apparaissent, disparaissent, extrêmement rapidement, beaucoup trop rapidement pour être saisis par la conscience ordinaire. Rien n'était fixe, même son corps prenait une apparence puis une autre.

    Il n'y avait aucun « moi » stable, aucune essence permanente, aucune substance fixe. Les phénomènes surgissaient du vide et y retournaient sans but, sans raison. Il n'y avait pas de penseur, seulement des pensées qui se succédaient, pas de « moi » percevant, seulement des perceptions.

    Toute forme se révélait éphémère, fluctuante, instable, et c'était le sens le plus profond de l'impermanence dont parle le Bouddha qui n'est pas une simple théorie philosophique, mais le fruit d'une expérience précise. […]

    Ultimement l'univers est donc vacuité et ce vide qui est le réel est source de plénitude.

    Couverture de L’univers est un rêve
    page(s) 45-47