Nous sommes toujours tentés […] de prendre la fuite – fuite la plus élémentaire et proprement panique – devant l'assaillement, produisant un défaillement, de l'inouï. Aussi nous retrouvons-nous d'emblée complices pour ne pas avoir à l'affronter. Soit pour ne pas avoir à la reconnaître – le déni qu'organise en grand la société, mais à quoi la vocation de l'art est de s'opposer ; soit pour trouver le plus tôt possible à le ranger – à quoi à servi l'hyper-construction de la métaphysique dans l'histoire de la pensée.
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Extraits étiquetés avec : fuite
La tentation de la fuite devant l’inouï
page(s) 110-111Le sens du chemin de la méditation
[L]e sens du chemin de la méditation : se voir tel que nous sommes. Certes, nous découvrons des aspects que nous aurions préféré ignorer : notre arrogance, nos faiblesses, notre besoin d'être sans cesse rassuré, notre angoisse… Mais, pour que leur pouvoir s'affaiblisse, il est important d'y faire face. […]
[C]es aspects ne sont pas des fautes ou des péchés, mais des habitudes mentales transitoires sur lesquelles nous pouvons travailler. […]
[C]'est justement parce qu'elle nous confronte à nos difficultés que la méditation est précieuse. Elle nous évite en effet deux écueils habituels : vouloir fuir ce que nous ressentons ou chercher à le contrôler. Deux attitudes qui ne font que nous rendre encore plus malheureux. […]
Le chagrin, la perte et la souffrance ne font qu'empirer quand nous essayons de les ignorer, de les nier ou de vouloir les contrôler. Le parcours vers la guérison commence par la rencontre avec nos difficultés. Ceux que nous prenions pour des monstres semblent alors bien moins terrifiants et nous nous découvrons plus humbles et plus confiants que nous ne le pensions.
page(s) 46-49Là où il y a peur, il n’y a pas d’amour
Ne vous contentez pas d'emmagasiner une accumulation de paroles et d'idées – lesquelles sont en réalité sans aucune valeur –, mais, par l'acte même d'écouter, d'observer les divers états de votre esprit, à la fois verbalement et non verbalement, demandez-vous tout simplement si l'esprit peut jamais être affranchi de la peur en ne l'acceptant pas, en ne la fuyant pas, en ne disant pas « Il faut que je développe en moi une résistance, le courage », mais en prenant réellement conscience de cette peur qui nous entrave. À moins d'en être libéré, on est incapable de voir clairement, profondément ; et de toute évidence, là où il y a peur, il n’y a pas d’amour.
page(s) 14Reconnaître notre propre confusion
Sans avoir l'honnêteté de reconnaître notre propre confusion, dans notre expérience la plus ordinaire, aucune possibilité d'ouverture réelle n'est possible. La spiritualité n'est pas une entreprise de fuite en avant, mais une manière de s'ancrer toujours plus radicalement au cœur de notre vie. [préface de Fabrice Midal]
page(s) 15Impossible d’éviter les situations
Mener une vie propre, cela ne veut pas dire que l'on va pouvoir éviter les problèmes, les situations auxquelles nous allons devoir faire face dans notre existence ou dans lesquelles nous nous mettons insidieusement. Avec ce travail sur le temps, nous allons pouvoir les vivre et les traverser autrement. Nous allons nous relever de nos erreurs, de nos maladresses, faire face à des imprévus, des injustices avec le vouloir du grandir et sans nous positionner en victime. Je ne pourrai pas éviter les situations dont j'ai besoin pour ce grandir, afin que ma conscience mûrisse, et que je ne reste pas au stade de recevoir des informations qui ne produiront aucune transformation[.]
page(s) 46Changer de cap
Alors que l'économie globale est dans le chaos et que l'environnement planétaire est en danger, alors que la guerre fait rage et que la souffrance augmente, il est temps que chacun de nous dans sa vie change de cap et que nous fassions notre possible pour contribuer à renverser la situation. […]
Changer de cap implique que nous nous engagions envers nous-mêmes et envers la planète – que nous nous engagions à renoncer à nos vieilles rancunes, à ne pas éviter les personnes, les situations et les émotions qui nous mettent mal à l'aise, à ne pas nous raccrocher à nos peurs, à notre étroitesse d'esprit, à notre insensibilité, à nos hésitations. Le temps est venu de manifester une confiance en notre bonté fondamentale et en celle de nos sœurs et de nos frères sur cette terre ; une confiance en notre capacité de renoncer à nos vieilles façons de rester englués et en notre capacité de faire des choix judicieux. Nous pourrions agir ainsi, ici-même et sur le champ.
page(s) 12Pourquoi est-ce si difficile de rester immobile ?
Arrêtez-vous un instant et voyez la peur comme un tyran. Cessez de courir, retournez-vous et affrontez-la. Rien de plus. Un tyran puise sa force dans votre fuite et votre angoisse. Rien qu'en cessant de fuir, vous lui coupez l'herbe sous le pied. Pourquoi est-ce si difficile de rester immobile ?
page(s) 17Ne plus nourrir la peur
La peur se nourrit de votre foi en elle. Elle a besoin que vous croyiez les histoires, les idées, les attentes catastrophiques, les hallucinations et les suggestions hypnotiques qu'elle vous fait avaler. […]
Plus vous attribuerez de pouvoir, de force et de réalité à la peur, plus elle prendra le contrôle de votre vie. Plus vous chercherez à la fuir, plus elle vous poursuivra.
page(s) 16Devenir ami avec les émotions perturbatrices
Du point de vue bouddhiste, vieux de deux mille cinq cents ans, tous les chapitres de l'histoire de l'homme auraient pu s'intituler : « L'age de l'anxiété ». L'anxiété actuelle fait partie de la condition humaine depuis des siècles. Ce malaise fondamental et les émotions perturbatrices qui en découlent provoquent généralement deux réactions opposées : soit on essaie de les fuir, soit on y succombe. Mais, l'une comme l'autre, ces deux alternatives créent souvent davantage de complications et de problèmes.
Le bouddhisme propose une troisième option : regarder directement les émotions perturbatrices afin d'y découvrir des tremplins pour la liberté. Au lieu de les repousser ou de s'y soumettre, on peut devenir ami avec les problèmes et travailler dessus jusqu'à vivre une expérience authentique et durable de la sagesse, de la confiance, de la clarté et de la joie inhérentes à la nature humaine.
page(s) 12Nous tourner vers ce qui en nous est blessé
Les moments difficiles ne sont pas seulement dus à des événements extérieurs, c'est souvent notre propre état d'esprit qui nous cause le plus de souffrance. […]
Souvent, notre stratégie initiale consiste simplement à fuir. Mais, hélas, nos problèmes nous suivent. De manière paradoxale, l'une des meilleures façons de guérir de trahisons affectives et d'abus, de préjudices, de maladies et de traumatismes, c'est de nous tourner vers ce qui en nous est blessé. […]
Il importe de nous souvenir que le parcours menant à la guérison ne consiste pas toujours – du moins pas seulement – à surmonter les difficultés dont nous faisons l'expérience ou à bien nous en remettre.Il exige parfois que nous apprenions à accepter les choses telles qu'elles sont[.]
page(s) 15-16