[L]’émotion peut être cet effet de réel traversant soudainement la vie, faisant défaillir malgré nous notre mode précédent – semblant – de vie et ressurgir, par contrecoup, de sous son recouvrement, ce qui s'y était perdu en non-vie. L’émotion fait réaffleurer, dans son ébranlement, la possibilité d'une autre vie. Car le propre d'une émotion est qu'elle est née précisément de la rencontre, au stade où celle-ci ne s'est pas encore laissé assimiler et intégrer. À la vue d'un sourire, d'un visage, d'un paysage, au son d'une voix… ou face au mort, au moment où on lui ferme les yeux. Ou devant Notre-Dame de Paris en feu.
Par le sursaut qu'elle produit, elle fait entrevoir, ne serait-ce que dans un éclair, du sein même de la vie, ce qu'on a oublié – perdu de vue – de la vie : la vie ne pourrait-elle pas être tout autre que ce que j'en ai rétréci, me restant de ce fait celée et privée de son inouï ?