Tant […] ont entrevu, en cours de vie, la possibilité d'une autre vie, mais s'en sont prudemment – s'épargnant, se ménageant – « économiquement » détournés, restant dans les clous de la vie connue – de l'argent, de la carrière, de la famille, de la profession et même de la religion : de tout ce qui peut rassurer et conforter. En résulte la question qui se pose, en somme, de toute vie, à toute vie, en devenant la question éthique : ai-je osé cet écart devenant décisif au point de m'aventurer hors de la vie emmurée, de la vie ennuyée, autrement dit de la non-vie, non par goût de l'anomalie, mais par ce que je pressens dès lors de la possibilité d'une autre vie, qui serait la vie vraie, dont les autres n'ont même pas idée ?
éthique
Extraits étiquetés avec : éthique
Ai-je osé cet écart hors de la non-vie ?
page(s) 35-36Nous hisser à hauteur d’inouï, une exigence éthique
[N]ous hisser à hauteur d’inouï, ne pas biaiser avec lui ou s'en détourner, ne pas le trahir, mais oser l'affronter, a d'emblée et nécessairement un effet sur la conduite, produit de soi-même, savons-nous, une exigence éthique.
D'emblée une étroitesse du point de vue intéressé, […] celle de l'ego de l'égoïsme, s'y trouve de fait abandonnée : la fermeture à l'Autre, par ce qu'on n'entend plus de lui – d'où vient ce qu'on appelle traditionnellement le « mal » – y devient impossible.
page(s) 95-96Un idéal de comportement et de civisme
Sage libéré du carcan de l'égoïsme, le Bouddha a révélé au monde un idéal de comportement et de civisme.
page(s) 160Les visages du bouddhisme qui touchent les Occidentaux
[E]n regardant les visages du bouddhisme qui touchent le cœur du plus grand nombre d'Occidentaux, on remarque deux axes principaux : d'une part, une éthique qui promeut la tolérance, la bonté, la responsabilité sociale envers les autres et d'autre part, la pratique de la méditation comme chemin de vie permettant d'advenir à sa propre humanité au milieu des situations de la vie quotidienne.
Au moment où l'avenir de la planète est particulièrement menacé par le pillage de toutes les ressources et plus largement par l'exploitation de tout ce qui est – y compris les êtres humains – le bouddhisme apporte, pour beaucoup, une réponse forte, cohérente et nécessaire.
page(s) 14Deux aspects de la vulnérabilité
La vulnérabilité n'est pas aussi effrayante que nous le croyons. Au contraire. Mais il faut distinguer deux aspects de la vulnérabilité. La première nous laisse sans la moindre ressource. Nous sommes à la merci de tout. Terrassé à la moindre bourrasque. Sans aucun appui.
La seconde, en revanche, est pure richesse. Elle témoigne de notre capacité à ne pas avoir besoin d'avoir toujours raison, à ne pas avoir besoin d'être toujours en sécurité et donc à pouvoir accueillir le vent comme la pluie. […]
Cette vulnérabilité nous garde du fanatisme qui partout s'impose. Elle pense sa propre limite. Elle accepte de ne pas tout pouvoir. De ne pas tout savoir. Elle a le visage de la pudeur qui nous accorde à l'essentiel – sans chercher à le cerner, à le capturer ou à le posséder.
Elle est ainsi le socle de toute éthique possible.
Il faut lui donner droit. Voulons-nous devenir les fonctionnaires de la dictature de l'utilité, insensibles, seulement soucieux des règlements et des usages, obsédés par le souci de n'être jamais pris en défaut, de ne prendre aucun risque, de garder toujours une contenance, ou sommes-nous prêts à accepter la vulnérabilité de notre être et la tendresse du monde ?
page(s) 10-11La douceur, une éthique redoutable
[L]a douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable. Elle ne peut se trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer. La douceur est politique. Elle ne plie pas, n'accorde aucun délai, aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s'accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l'humain. De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière.
page(s) 69Une passivité active
[La douceur] est une passivité active qui peut devenir une force de résistance symbolique prodigieuse, et à ce titre être à la fois au centre de l'éthique et du politique. Son élaboration est aussi un art de vivre qui a nécessité des millénaires. Le raffinement, certes, s'est fait dans la cruauté comme dans la douceur. Il n'est pas de culture qui n'ait développé l'une sans poursuivre l’autre.
page(s) 15-16Méditation, réflexion, éthique et dévotion
[D]ans son milieu traditionnel naturel, la méditation est toujours accompagnée d'étude et de réflexion, de mise en œuvre d'une conduite éthique et de dévotion. Elle s'associe donc des méthodes qu'on pourrait appeler cognitives, affectives et comportementales.
page(s) 63