découvrement

Extraits étiquetés avec : découvrement

  • Illusion de l’enfance retrouvée

    [N]e croyons pas à l’« enfance » retrouvée – à la transparence définitivement accordée – car toujours elle est feinte. Il faut renoncer, d'une façon comme de l'autre, à cette illusion : qu'accéder à la vraie vie soit revenir à cet amont immaculé d'avant la perte et l'occultation ; ou bien atteindre enfin à l'« innocence » parce qu'on aurait désormais triomphé des forces réactives qui minaient son affirmation.

    Le négatif de la non-vie ne se laisse dissiper ni dans un avant ni dans un après. La « vraie vie », dans son présent, est la vie, non pas qui ne se laisserait pas encore recouvrir, mais qu'on ne cesse de dé-couvrir, de libérer de sous son recouvrement, activement, à tout instant, en un non, dans un refus qui n'ont pas de résolution : qui ne cessent de dire non à la résignation comme à l'enlisement, à l'aliénation comme à la réification. C'est dans cette négation même – à la fois première et sans dépassement – que se déploie, s'entre-voit, de la « vraie vie ».

    Couverture de De la vraie vie
    page(s) 188
  • Découverte, dé-couvrement

    Quand on en a fini avec la découverte, qu'on n'a plus rien à attendre en termes de conquête, que tout est « vu », que tout dans la vie paraît définitivement connu, débute alors le dé-couvrement. La question n'est plus ce que je pourrais vivre encore, mais ce qui m'échappe encore de ce que je vis.

    Couverture de De la vraie vie
    page(s) 180
  • Laisser les émotions mieux nous susciter

    Si l'émotion vient bien chaque fois du monde, n'est-ce pas moi, en revanche, qui décèle peu à peu, du cours même de la vie, par écart ouvert dans la vie, sa capacité de dé-couvrement ? Aussi peut-on s'essayer non plus tant à gérer ses émotions et les dominer, comme l'a voulu traditionnellement l'« ataraxie » de la sagesse, que peut-être, à l'envers, les laisser mieux – c'est-à-dire plus radicalement, le plus infiniment – nous susciter, et ce pour déréifier nos vies.

    Couverture de De la vraie vie
    page(s) 150
  • L’inouï de la vie

    Commencer effectivement d'exister (entrer dans une « seconde vie ») sera procéder précisément à ce découvrement de la vie, ou commencer d'entendre son inouï – le reste (la vie « morale ») n'étant plus, alors, que de conséquence. Se vérifie du même coup, une fois encore, la différence de l'inouï et de l'inconnu. Si l'inconnu de la vie est ce que nous en réserve l'avenir et qu'on ne connaît pas (si l'on réussira, quand on mourra…), l'inouï de la vie est cet en soi de la vie – ou la vie dans son en soi – à quoi, parce qu'on ne cesse de le réduire par assimilation, on n'accède pas.

    Mais que cette vie se trouve soudain en danger, après un accident, la maladie, quand nous l'avons « échappé belle », cette vie enlisée alors se craquelle et laisse entre-voir, de dessous son recouvrement, dans sa fissure, son inouï. Devant la mort de l'Autre, nous effleure l'inouï de la vie.

    Couverture de L'inouï
    page(s) 142
  • Décoïncidence, découvrement

    [L]'inouï commence seulement de s'entendre quand se fissure cet étalement enlisant et si lassant de l'Être : quand la présence soudain déborde, au lieu de coïncider, redevient par là saillante, d'étalée qu'elle était, soudain fait irruption et se dé-couvre.

    Couverture de L'inouï
    page(s) 140