[N]e croyons pas à l’« enfance » retrouvée – à la transparence définitivement accordée – car toujours elle est feinte. Il faut renoncer, d'une façon comme de l'autre, à cette illusion : qu'accéder à la vraie vie soit revenir à cet amont immaculé d'avant la perte et l'occultation ; ou bien atteindre enfin à l'« innocence » parce qu'on aurait désormais triomphé des forces réactives qui minaient son affirmation.
Le négatif de la non-vie ne se laisse dissiper ni dans un avant ni dans un après. La « vraie vie », dans son présent, est la vie, non pas qui ne se laisserait pas encore recouvrir, mais qu'on ne cesse de dé-couvrir, de libérer de sous son recouvrement, activement, à tout instant, en un non, dans un refus qui n'ont pas de résolution : qui ne cessent de dire non à la résignation comme à l'enlisement, à l'aliénation comme à la réification. C'est dans cette négation même – à la fois première et sans dépassement – que se déploie, s'entre-voit, de la « vraie vie ».