[Il s'agit] de rejoindre en soi-même ce régime de pure processivité, naturelle et spontanée, parce que libérée de tout ce que surajoute à ce cours le « point de vue advenu », prévenu, d'un moi individuel. car, pris comme est celui-ci dans le jeu du pour et du contre, dans la projection de ses tendances et de ses aversions, toute cette affectivité parasite faisant écran à la pure injonction du monde, voici que fatalement s'obscurcit en lui la réactivité naturelle relançant constamment la vie, qu'elle s'y brouille et qu'elle s'y embarasse ; l'influx vital se trouve alors entravé en ce « moi » et s'épuise.
spontanéité
Extraits étiquetés avec : spontanéité
Pure processivité, naturelle et spontanée
page(s) 45-46La post-modernité, déceptive car déracinée
[E]n laissant toute latitude à l'homme de décider ce qu'est l'homme, on en vient à passer d'un irrespect de la nature dans le contrôle de soi et de ses apparences – le tatouage, le piercing, l'ingestion de substances optimisantes – à l'eugénisme, à l'homme augmenté, au transhumanisme, à un meilleur des mondes qui est sans doute la pire des folies.
Houellebecq et [Baudoin de] Bodinat, finalement, sont des urbains qui ne voient pas comme le monde est immense, l'horizon de leurs macérations est tout petit. Ce manque de compréhension entrave le cœur, et y fait monter une bile noire. […]
[Leur pensée] est exilée des savoirs du corps propre et ne peut plus se spiritualiser. Elle se cérébralise en de vaines pensées toujours déceptives. Déceptives car déracinées et donc impropres à toute montée de sève venant de cette spontanéité qui, très précisément, dans la pensée chinoise, est l'essence sans essence (vide) de la nature, le Tao.
page(s) 17-18Non-esprit
Le Chan/Zen considère simplement que lorsque notre esprit demeure fixé sur des émotions, des impressions, des pensées, nous nous écartons automatiquement de la source de nos expériences. Le « non-esprit » ne signifie donc pas « absence de pensée », mais fonctionnement totalement libre de l'esprit en l'absence justement de toute fixation sur le flux des pensées. Nous savons très bien qu'au lieu d'être simplement présents aux choses telles qu'elles sont, et cela directement, nous sommes inattentifs. La carence d'une attention souple et fluide conduit à la perte de la spontanéité et du naturel.
Le pratiquant de kyūdō, la « voie de l'arc », connaît ce phénomène. S'il décoche la flèche sous l'emprise de la moindre intention – vouloir atteindre à tout prix la cible, par exemple, ce qui caractérise une forme de convoitise –, le geste et le souffle sont contrariés. En revanche, s'il est pleinement présent en la détente du corps et de l'esprit, libéré de lui-même, les gestes s'effectueront d'eux-mêmes comme en un jeu, dans un état qui peut être proche de la quiétude.
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