Le livre de la méditation et de la vie

Stock, 1995 , traduit en 1997
14 cm x 22 cm, 410 pages
Livre de poche, 1999


Couverture de Le livre de la méditation et de la vie
Couverture poche de Le livre de la méditation et de la vie

Extraits de l'ouvrage

• Que l'esprit soit suffisamment vigilant

La seule chose qui compte vraiment, c'est que l'esprit soit suffisamment vigilant – mais sans effort – pour être en perpétuel état de compréhension. Si, au lieu de comprendre, nous ne faisons qu'écouter des mots, nous repartons invariablement avec une série de concepts ou d'idées, et ainsi nous instaurons un modèle auquel nous nous efforçons ensuite de nous adapter dans notre vie quotidienne ou soi-disant spirituelle.

page(s) 11
• Écouter sans effort

Vous est-il déjà arrivé de rester là, assis dans le plus grand silence, sans que votre attention soit fixée sur rien, sans faire aucun effort de concentration, mais en ayant l'esprit très calme, vraiment silencieux ? Alors, on entend tout, n'est-ce pas ? Les bruits lointains comme les plus proches, jusqu'aux plus immédiats – ce qui signifie que l'on est vraiment attentif à tout. Votre esprit n'est plus confiné à une unique voie étroite. Si vous savez écouter ainsi, sans effort, sans contrainte, vous verrez s'opérer en vous un changement extraordinaire, un changement qui vient sans volonté délibérée, sans sollicitation ; et dans ce changement il est une grande beauté, et une immense profondeur de vision.

page(s) 15
• Se défaire des carcans

Comment écoutez-vous ? Est-ce avec vos propres projections, à travers vos ambitions, vos désirs, vos peurs, vos angoisses, est-ce en n'entendant que ce que vous voulez bien entendre, ce qui vous satisfait, vous agrée, vous rassure, allège momentanément vos souffrances ? Si vous écoutez à travers l'écran de vos désirs, alors, de toute évidence, c'est votre propre voix que vous écoutez : vous écoutez vos propres désirs.

N'y a-t-il pas une autre manière d'écouter ? N'est-il pas important de découvrir comment écouter non seulement ce qui se dit ici en ce moment même, mais toute chose : les bruits de la rue, le babillage des oiseaux, le bruit du tram, le fracas des vagues, la voix de votre époux, de votre femme, de vos amis, du bébé qui pleure ? Écouter n'a d'importance que si ce n'est pas à travers la projection de ses propres désirs que l'on écoute. Nous est-il possible d'écarter tous ces écrans à travers lesquels nous écoutons – et d'écouter vraiment ?

page(s) 16
• Écouter est une source de liberté

Est-ce écouter, lorsque c'est au prix d'un effort qu'on écoute ? Cet effort n'est-il pas en soi une distraction qui empêche d'écouter ? […]

Si vous écoutiez vraiment, en ce sens que vous seriez conscients de vos conflits et de vos contradictions, sans tenter de les faire entrer de force dans un schéma de pensée particulier, cela suffirait peut-être à les faire cesser.

page(s) 19
• S'écouter soi-même

Ici, c'est à l'écoute de vous-même, et non de l'orateur, qu'il faut vous mettre. Si vous écoutez l'orateur, il devient votre maître à penser, la voie à suivre pour pouvoir comprendre – ce qui est une horreur, une abomination, car vous aurez alors instauré la hiérarchie de l'autorité. […]

Mais si, tout en écoutant l'orateur, vous êtes simultanément à l'écoute de vous-même, alors cette écoute est source de lucidité, de sensibilité ; l'esprit puise dans cette écoute force et santé. N'étant ni en position d'obéissance ni en situation de résistance, il devient intensément vivant.

page(s) 21
• Chercheur de vérité

Si vous voulez découvrir le neuf, ne vous chargez pas du fardeau du vieux, surtout de connaissances, des connaissances d'un autre ; même s'il est très grand. Vos connaissances vous servent de protection, de sécurité : vous voulez être tout à fait sûr de participer aux expériences du Bouddha, du Christ ou de X… Mais l'homme qui ne cesse de s'abriter derrière des connaissances n'est pas un chercheur de vérité.

page(s) 23
• Découvrir la vérité, c'est la vivre

Nul ne peut accumuler la vérité. Ce qu'on accumule est toujours détruit, et se fane. La vérité ne se fane jamais, car on ne la découvre que d'instant en instant, dans chaque pensée, chaque relation, chaque mot, chaque geste, le temps d'un sourire, d'une larme. Et si vous et moi pouvons la découvrir et la vivre – et la vivre, c'est en même temps la découvrir – alors, loin de devenir des propagandistes, nous serons des êtres humains créatifs – pas des êtres parfaits, mais des êtres créatifs, et la différence est immense.

page(s) 9

Quatrième de couverture

Ce livre, c'est nous, assure Krishnamurti. Le livre de la méditation et de la vie se découpe en autant de parties qu'il y a de mois de l'année. À chaque semaine son thème et à chaque jour sa variation. Le tout tendant vers une progression. Ainsi, alors que les quatre semaines de janvier dispensent une réflexion sur la capacité à « Écouter », « Apprendre » et faire fi de « L’autorité » pour tendre à « La connaissance de soi », celles de décembre closent 365 jours de pensées par les questions de « La solitude », « La religion », « Dieu » et « La méditation ».

On retrouve tous les thèmes chers au penseur et ces questions, répétées pour mieux nous « guider » vers la compréhension du « moi » : pourquoi persistons-nous à vouloir nous connaître tels que nous désirons être et non tels que nous sommes ? pourquoi avons-nous peur de l’inconnu ? pourquoi l’attachement ? l’incertitude ? la soif de devenir ? On prend connaissance dans ce livre des acceptions qu’attribue Krishnamurti à certaines notions comme la passion, de sa volonté d’accession au point du libérateur « Je ne sais pas », de son rejet de l’analyse.

Enfin, au 365e jour, on lit ce que la méditation n’est pas : une respiration particulière, un salut au soleil. Car « méditer, c’est purger l’esprit de toute activité égocentrique ».