Regards sur l’Abhidharma

Yiga Tcheu Dzinn, 1981
14 cm x 19 cm, 90 pages


Couverture de Regards sur l’Abhidharma

Extraits de l'ouvrage

• Associer intellect et intuition

Certaines personnes se sentent portées à travailler à un niveau purement intuitif ou émotionnel, d'autres pensent que cette approche n'est pas assez fondamentale et veulent travailler au niveau intellectuel ou théorique. Je ne dirais pas que ces deux principes s'opposent, mais plutôt que ce sont deux voies d'accès au sujet. Ce que nous essayons de faire ici, c'est de ne négliger ni l'intellect ni l'intuition mais de les associer. Une véritable compréhension des enseignements doit participer à la fois de l'intelligence et du cœur.

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• La méditation dans la vie quotidienne

Dans la perspective bouddhique, on s'intéresse d'abord bien plus à traiter des questions de la vie quotidienne qu'à se servir de la méditation seulement pour atteindre l'illumination.

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• Toute expérience peut soit nous enferrer, soit nous libérer

L'Abhidharma traite des cinq skandha. Les skandha représentent la structure constante de la psychologie humaine ainsi que le modèle de son évolution et de l'évolution du monde. Les skandha se rapportent aussi à des blocages de natures différentes : spirituelle, matérielle, émotionnelle. Si l'on comprend les cinq skandha, on voit qu'une fois que nous sommes branchés sur le cœur même de l'égoïté, alors tout – n'importe quelle expérience ou inspiration – peut produire une aggravation du blocage ou une occasion de nous libérer.

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• Au début, vous imaginez méditer

[A]u début, décider de s'essayer à la méditation, c'est croire que l'on sait de quoi il retourne. Et même lorsque vous débutez dans la pratique, vous ne méditez pas réellement, vous imaginez seulement que vous le faites. Au départ tout cela repose donc sur la confusion, et cette confusion est acceptée comme partie du sentier. Puisque la situation est très ouverte et non organisée, c'est comme si vous vous lanciez dans un territoire inconnu. Beaucoup trouvent cela très effrayant.

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• La spiritualité dévoyée comme moyen de se rassurer

Le grand problème est que les enseignements spirituels ont été utilisés comme des moyens pour se rassurer soi-même, pour assurer, dans les termes du moi, une plus grande stabilité. C'est le point de départ, inévitable. On ne peut l'ignorer ni l'écarter. Nous devons commencer par les erreurs, ce qui est toujours un problème. La peur et le besoin de sécurité rendent l'acceptation de la spontanéité très difficile. Comme il est dit dans le Dharmapada : « Celui qui se sait ignorant, en vérité celui-là est un sage ».

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• Les projections du moi sont sans substance

Le moi arrive à maintenir son identité au moyen de ses projections. Lorsque nous sommes capables de regarder ces projections comme étant non substantielles, le moi devient lui aussi transparent.

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• Les huit consciences

D'après l'abhidharma, le moi est composé, sous l'un de ses aspects, des huit sortes de consciences. Il y a les consciences propres aux six sens (l'esprit comme faculté de penser est considéré comme sixième sens). Il y a en outre une septième conscience qui a la nature de l'ignorance, de l'obscurité et de la confusion. Cet esprit voilé est la structure d'ensemble qui traverse les consciences des six sens. Chaque conscience sensorielle est tributaire de cette obscurité qui empêche de savoir exactement ce que l'on fait. La septième conscience se caractérise par une absence de précision. Elle est très aveugle.

La huitième conscience est ce que l'on pourrait appeler la base commune ou la base inconsciente de tout cela. C'est ce terrain qui rend possible le fonctionnement des sept autres consciences. […] C'est une sorte de niveau fondamental secondaire où la confusion existe déjà : et c'est cette confusion qui fournit les conditions pour que les sept autres consciences puissent opérer.

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