La plupart du temps, Ryokan est seul. Il sait que la montagne se gravit en solitaire. Gravir la montagne pour finalement s'y fondre. Il n'y a aucun effort à faire, c'est un abandon de chaque instant, mais néanmoins particulièrement difficile. Être présent à soi-même avec une attention extrême, voilà ce qu'il nous faut vivre pleinement, pense-t-il.
art de vivre
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Un abandon de chaque instant
page(s) 54-55Vivre et laisser vivre
Ryokan est aujourd'hui reconnu et vénéré au Japon autant que saint François d'Assise en Europe. Tous deux vécurent de pauvreté, de mendicité, de solitude et de recueillement, suscitant le dédain ou le respect des personnes qui les croisaient. Les oiseaux venaient près d'eux, se posaient sur leurs épaules et leur parlaient comme à des amis. Ils étaient poètes, épris de véritable beauté. Laisser passer les nuages, les averses, le soleil, la neige et les différentes saisons ; en faire un credo. Pour ces deux êtres épris de vérité, il ne peut y avoir d'autre amour que de vivre et laisser vivre.
page(s) 7-8Nos difficultés font partie de la pratique
[C]e que mon maître proposait en premier lieu [, c'était] une manière de vivre, un chemin d'éveil, d'attention, de soumission et d'engagement, travail de toute une vie. Il offrait un bonheur qui n'était pas tributaire des circonstances transitoires du monde mais qui découlait du processus conscient et difficile de notre propre transformation intérieure.
En entrant au monastère, j'avais espéré laisser derrière moi la souffrance de ma vie familiale et les difficultés liées au monde mais, à l'évidence, elles m'avaient suivi. Il me fallut plusieurs années pour comprendre que ces difficultés faisaient partie de ma pratique.
page(s) 19La place du choix
[La place du choix, c]'est la place neutre et bienveillante, à partir de laquelle on peut tout recevoir de ce qui se passe en soi, autant les craintes du personnage que les élans créateurs venus de l'individualité profonde. C'est un poste d'observation et de présence à soi. C'est là que l'on se souvient selon quels idéaux on veut vivre et que l'on comprend la nature des freins qui nous ralentissent. […]
En réalité, [la place du choix est celle] du disciple de la vie, celui qui observe, qui évalue et qui tire des conclusions sans jugement et sans culpabilité. Pour cela, il s'agit de se donner le droit de mener une expérience avec soi, comme si vous étiez un laboratoire ou une œuvre à compléter. [La place du choix] est celle du laborantin, celle de l'artiste de la vie.
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