corpus /anima /spiritus

Extraits étiquetés avec : corpus /anima /spiritus

  • Divers appellations de la réalité ultime

    Pour évoquer la « Réalité Ultime » qui est le fondement de notre conscience d'être individuelle, chacun a ses termes privilégiés et ceux qu'il rejette : Dieu, l'Absolu, l'Infini, l'Éternel, le Divin, l'Atman (avec la majuscule arbitraire) ou le Soi (éventuellement le Soi suprême), le Royaume des Cieux qui est au-dedans de nous, le Non-Né, la Nature-de-Bouddha, la vraie nature de l'esprit, l'Esprit (à rigoureusement distinguer de l'âme), l'Essence et d'autres encore.

    Couverture de La paix toujours présente
    page(s) 14
  • Un entraînement physique et mental, éclairé par l'esprit

    En pali, le terme technique bhāvanā, que l'on traduit inexactement par « méditation », serait mieux rendu par « exercice » (c'est aussi le sens de gompa en tibétain), en comprenant qu'il s'agit d'un entraînement physique et mental, éclairé par l'esprit, qui vise à développer, transformer puis dépasser le moi empirique.

    L'erreur courante, due au sens français issu de la réflexion intellectuelle, consiste à limiter l'exercice à son niveau mental et conceptuel, alors qu'il intéresse indissolublement le corps, le mental – sous tous ses aspects – et l'esprit.

    Couverture de Méditation et psychothérapie
    page(s) 50
  • Les trois yeux de la connaissance

    Ken Wilber, dans Les trois yeux de la connaissance, rappelle la formule bonaventurienne des trois yeux :

    • l'œil de chair perçoit le monde extérieur de l'espace, du temps et des objets ;
    • l'œil de raison utilise la logique, articule les faits, élabore des concepts et connaît le mental lui-même ;
    • l'œil de contemplation connaît les réalités transcendantes et les vérités salutaires qui mènent à la libération du monde phénoménal et à la réalité ultime.

    L'œil de chair, celui de l'expérience sensori-motrice, nous est commun avec les animaux.

    L'œil de raison utilise les informations qui en proviennent, mais perçoit directement les formes subtiles et les idées. Il comprend et transcende l'œil de chair, de même que le mental dirige et anime (anima) le corps. Le domaine matériel est formé et dirigé par le mental, ce que montrent son intelligibilité logico-mathématique, tout autant que les miracles, ou les effets psycho-kinétiques enregistrés par la parapsychologie.

    L'œil de contemplation, enfin, transcende l'œil de raison comme celui-ci transcendait l'œil de chair. Il connaît de façon immédiate ce qui est au-delà de la logique et des concepts, ce qui est conscience pure, lumineuse et béatifique. L'achèvement de la méditation et de l'homme se trouve dans cette contemplation de la réalité ultime, qui est aussi la réalisation de sa nature essentielle.

    Couverture de Méditation et psychothérapie
    page(s) 48-49
  • Trois niveaux d'existence

    [La] civilisation [indienne] n'accepte ni le monisme matérialiste, implicite ou explicite, cultivé dans l'Occident moderne, ni le dualisme âme-corps, souvent tragique, auquel aboutit le christianisme des derniers siècles, ni l'idéalisme angélique de certains philosophes.

    Sa vision du monde phénoménal est plurielle et hiérarchiquement intégrée. Elle distingue trois principaux niveaux d'existence : les mondes de la matière ou de la forme grossière, du mental ou de la forme subtile, et enfin de l'esprit informel.

    Couverture de Méditation et psychothérapie
    page(s) 47
  • Ne pas confondre psychothérapie et spiritualité

    Dans toutes les civilisations traditionnelles, Bouddhisme compris, le monde et l'homme ont été reconnus comme constitués par, au moins, trois niveaux : le corps, le mental et l'esprit, ce que le Christianisme primitif nommait : corpus, anima, spiritus. […] Le principe ternaire, qui génère le premier individu géométrique, le triangle, a aussi pour vertu de garantir les êtres des excès idéologiques de l'impérialisme moniste et du déchirement dualiste, par la médiation du troisième.

    La clarification de ce qui appartient aux trois niveaux et de ce que sont leurs relations, est une tâche indispensable de salubrité publique générale, mais particulièrement en matière méditative. Les types d'erreur ne manquent pas. La confusion générale, dans l'Occident contemporain, du psychique et du spirituel, dénoncée par René Guénon, en est un exemple. La négation du spirituel par Freud et la majorité de son école illustre un type de conséquence. Prendre le psychique pour le spirituel se voit fréquemment dans les mouvements occultistes ou du « New Age ». Enfin, l'angélisme, plus rare, de certains pratiquants d'une voie spirituelle, qui consiste à méconnaître ou nier l'autonomie relative des facteurs psychiques et leur nécessaire prise en compte, au bénéfice exclusif de moyens plus « nobles », peut être une cause de stagnation sur la voie, parfois de catastrophe.

    La solution juste, moyenne, est d'apprécier la situation hiérarchique des instances et d'explorer sagement les conditionnements psychiques, sources d'erreur, d'attachement et de répulsion, qui fourvoient les débutants et même les pratiquants confirmés. C'est dans le mental que résident les problèmes, même s'il faut pour les résoudre en chercher les racines jusqu'au tréfonds des vies antérieures et la solution dans ce qui est au-delà des formes, sans limites, sans début et sans fin.

    En bref, il convient de ne pas confondre psychothérapie et voie vers l'Éveil, justement parce qu'elles sont analogues et se recouvrent en partie.

    Couverture de La méditation bouddhique
    page(s) 9-10