Pratique de la voie intérieure

Le quotidien comme exercice
Courrier du livre, 1961
14 cm x 22 cm, 120 pages


Couverture de Pratique de la voie intérieure

Extraits de l'ouvrage

• La conscience, péril et chance

La vocation de l'homme, c'est de témoigner, à sa façon, de l'Être divin. À « sa » façon, c'est-à-dire en pleine conscience et en pleine liberté.

Les fleurs, les animaux remplissent leur vocation sans conscience et par la force des choses. Seules, les conditions extérieures peuvent les empêcher de devenir ce qu'ils sont dans leur être.

L'homme, par contre, possède une conscience grâce à laquelle, en tant qu'« un moi », il se centre sur lui-même. C'est ainsi qu'il se rend plus ou moins indépendant et devient responsable de son devenir. C'est là que se trouvent à la fois sa chance et son péril, car il peut, aussi, « se manquer » lui-même.

page(s) 12
• La réussite extérieure peut faire écran

Plus l'homme s'imagine avoir réussi, par son adaptation à l'existence, à maîtriser sa vie extérieure, plus il pense ne rien avoir à se reprocher vis-à-vis du monde, et moins il peut, dans l'immédiat, comprendre la souffrance qui résulte de sa séparation d'avec l'Être authentique.

page(s) 14
• Nécessité de l'ego et nécessité de le dépasser

[L]'homme ne peut exister pratiquement que grâce à ce « moi » qui maîtrise le monde au moyen de notions fixes. Il faut donc que l'homme parvienne à développer une « manière d'être » où son « moi » reste préservé, tout en devenant perméable à l'Être qui transcende les compréhensions du « moi ». C'est alors qu'il pourra devenir un être « authentique » dans le vrai sens du terme, une Personne à travers laquelle se manifeste l'Être dans l'existence.

Atteindre cette forme de « présence » requiert un « exercice » continuel qui exige de comprendre le quotidien comme « pratique spirituelle ».

page(s) 16
• La maîtrise libère de l'ego

Plus on maîtrise la technique imposée par un travail, plus il est possible de se passer de l'attention requise, et plus il est facile de déplacer l'accent de l'extérieur vers l'intérieur. […]

C'est là que se révèle la vérité du vieux dicton japonais : « Toute chose peut acquérir une valeur religieuse, mais à la double condition d'être simple et de pouvoir être répétée. »

La maîtrise libère l'homme du joug de son « moi » qui se veut inquiet du succès. Elle lui donne la possibilité de se rendre indépendant de ce besoin d'être approuvé par le monde.

page(s) 18
• Tendance de la religion à empêcher l'expérience vivante

Chaque fois que la religion se transforme en un système de concepts ordonnés, de dogmes ou de règles, c'est-à-dire chaque fois qu'elle devient une doctrine à laquelle il s'agit de « faire croire », elle empêche l'expérience vivante de l'Être et dégrade cette expérience, la réduisant à quelque chose « qui n'est que subjectif ».

page(s) 20
• Traversée du mal-être

C'est seulement par la souffrance résultant de tout ce qui empêche la présence de l'Être que l'homme apprend à se rendre compte de ce qui est faux. Seule la souffrance le mûrit et le rend disponible pour sentir, un beau jour, son Être authentique, et pour comprendre ce vers quoi Il nous pousse.

page(s) 21
• L'être essentiel

La transformation dont il s'agit dans la méditation s'effectue selon un processus. L'identification avec le moi existentiel doit être suivie de l'identification avec l'Être essentiel.

page(s) 47
• Nécessité de l'entraînement

Tout travail, tout métier, tout art, exige un entraînement pour que « l'œuvre » réussisse. Certes, nous le savons tous et chacun de nous, à travers l'épreuve de l'existence, s'instruit et s'exerce, intégrant ses propres expériences. Cependant, on ignore le plus souvent que ceci est également valable pour la réussite de l'œuvre la plus importante de notre vie : la réalisation de notre Être.

page(s) 9

Quatrième de couverture

À la charnière entre la pensée orientale et l'ésotérisme chrétien, Dürckheim développe, au fil de ses ouvrages, sensiblement toujours la même idée : l'homme dispose d'une double personnalité, l'une inhérente à l'ego et l'autre participant de l'Être supra-individuel. Dans le prolongement de cette idée, se déduit le chemin à accomplir pour celui dont l'intention est spirituelle : il s'agit de transcender l'ego pour réaliser l'Être supra-individuel.

Pratique de la voie intérieure ne fait pas exception à la règle, insistant comme l'indique son titre, sur la simple quotidienneté comme vecteur de spiritualité. Le livre nous invite à utiliser le quotidien comme voie spirituelle. L'expérience spirituelle originale de Dürckheim nous permet de retrouver les clés fondamentales de la non-dualité sous une forme directement accessible à la mentalité occidentale.