Ces lieux sauvages, la montagne mais aussi les falaises des rivières, les causses et les pics karstiques, depuis aussi longtemps qu'on s'en souvienne, ont toujours attiré les ermites, les sorciers, les poètes et les peintres, tous hommes épris d'une dimension du réel visible aux seuls yeux des Immortels. Sur les crêtes des chaînes rocheuses, entre les nuages, l'épine dorsale du dragon se devine ; en présence des formes énergétiques du paysage, l'esprit s'unit au souffle primordial.
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Dans la sauvageté, l'esprit s'unit au souffle primordial
page(s) 72La vérité est ineffable et intransmissible
L'hôte, l'ermite, est celui qui sait que la vérité est ineffable et intransmissible. Sa réponse, c'est la cabane au simple loquet de bois, laissée vide, c'est l'absence. Ici bouddhisme et taoïsme utilisent le même mot : [idéogramme chinois] kong, le vide. Le visiteur confronté au vide se retrouve seul avec lui-même, frustré ou mélancolique. C'est alors pour lui, s'il en a la sagesse, la chance de comprendre par lui-même.
Appuyé au tronc d'un pin, le visiteur, depuis les hauteurs, contemple le monde de poussières d'où il est venu. Le poète, cependant, pour ne pas troubler la pureté de l'atmosphère des cimes, ne parle qu'à demi-mot ou même ne dit rien. Il sait qu'on ne peut pas montrer l'esprit-bouddha ou le tao en montrant quelque chose. Et pourtant, par la magie de son art poétique, c'est ce qu'il fait.
page(s) 51L'homme montagne
Le monde des cimes est un monde de pureté, ce dont témoigne la pureté de l'eau, la claire lumière qui toujours existe au dessus des nuages.
L'ermite, [idéogramme chinois], celui qui s'abrite et se cache dans l'érème, la nature sauvage, la montagne, est une figure de l'Immortel [idéogramme chinois], caractère composé des radicaux de l'homme et de la montagne. L'ermite est une figure du maître, de celui qui sait.
page(s) 50La fraîcheur du moment présent
L'ermite médite constamment sur le fait que la mort est certaine, mais que son heure est imprévisible. Qui sait, de la mort ou du lendemain, qui viendra le premier ? Lorsqu'il allume le feu le matin, il se demande s'il sera encore là le lendemain pour en allumer un autre. Lorsqu'il expire l'air de ses poumons, il se considère fortuné de pouvoir inspirer à nouveau. Conscient de l'impermanence des choses, il pratique avec assiduité.
Ainsi, le temps qui passe ne se dilue pas dans une distraction confuse et n'est pas noyé dans le flot des émotions perturbatrices : chaque instant vaut son pesant d'or et rapproche le pratiquant de la nature ultime des choses. La fraîcheur du moment présent nourrit le cœur du méditant de qualités bienfaisantes.
page(s) IntroductionMotivation de l'ermite
En dehors de la manne spirituelle qu'il en retire, en quoi [un ermite] peut-il contribuer au bien de la société humaine ?
Pour répondre […], il convient de considérer la motivation de l'ermite. Le déclic initial est généralement provoqué par un sentiment de lassitude et d'insatisfaction à l'égard des préoccupations ordinaires de la vie quotidienne : le gain et la perte, le plaisir et le déplaisir, la louange et la critique. Il ne s'agit pas pour l'ermite de renoncer à tout ce qui est bon dans l'existence, mais aux causes de la souffrance qui sont enfouies dans son propre esprit : l'agressivité, la confusion, l'avidité, l'arrogance et la jalousie.
page(s) Introduction